Sais-tu bien ce qui nous force à vivre comme des pauvres sous la pluie? Je sais, moi, je découvre. J'étais aveugle. Enfin je vois. La peur, elle seule frérot, la peur à l'haleine puante, la peur et ses finasseries de vieille putain au cul lourd, la peur qui fait de toi un mendiant en hiver au moindre cri d'oiseau dans une église vide.
Regarde-moi. La peur, je m'en défais. Je m'en lave et m'en déshabille. Je la dépose. Je l'écrase. Je la foule à grands coups d'orteils. Je l'émiette, je la dépiaute. Et maintenant, je me redresse.
Les hommes partent au loin chercher je ne sais quoi, conquérir Dieu, faire la guerre. Et nous, qu'attendons-nous, là, comme des mendiantes? Tu le sais? Moi, je sais. Un amant chaud comme un manteau, un gaillard, un roc, un amour. Et certes, nous savons nous battre. Mais nos batailles à nous ne sont pas pour l'honneur, ni pour le roi d'ici, ni pour celui du Ciel, elles sont pour préserver le feu, le feu d'espoir, là, dans le creux. S'il s'éteint, nous mourons aussi.
Les femmes sont semblables aux racines de l'arbre et les hommes aux branches feuillues.Elles sont obscures et nourricières,ils sont fiers et désordonnés.Elles savent les secrets humides de la terre,ils connaissent l'espace et la force du vent.Les unes sont profondes et les autres sont hauts.Ils ne peuvent donc ni s'entendre,ni se quitter sans dépérir.
Si tu veux découvrir la vie dans sa plaisante nudité,oublie ce que le monde estime inoubliable et demeure attentif à ce qu'il croit léger.Tu m'en diras des nouvelles.
Le secret nous est essentiel, qu'il soit du haut ou du bas-fond. Sans lui, point de racines au jardin du dedans, ni de parfum à nos roses obscures.
La vraie confiance est sans objet.Elle se nourrit d'étonnement.
Le malheur n'est fatal que s'il est accepté.
Les êtres impalpables ont du sang virtuel dans leurs veines absentes.
On n’entend presque pas les anges d’ordinaire, et encore faut-il avoir l’oreille fine pour percevoir le sens de ce qu’ils sèment en nous. Cela nous parvient comme un chant aussi lointain que désirable. Il nous fait envie. On écoute. Voilà tous nos sens à l’affût. On s’imagine alors qu’une vérité rare vient de poindre au tréfonds obscur de notre esprit. On se hâte, on s’approche d’elle, on tente de l’apprivoiser. En vérité on l’alourdit. Les mots l’abîment, l’affadissent. On s’obstine, on cherche, on explique. On a tort, il faudrait chanter. Alors on met des phrases au monde, des à-peu-près, faute de mieux, mais la musique a fui comme un parfum qui passe.
L'ennui avec la tentation,dit un maigrichon gris au visage pointu, c'est qu'on ne sait jamais clairement qui nous tente.Parfois on croit que c'est le diable alors qu'en vérité c'est Dieu qui mieux que nous connait nos routes.