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Citations sur Aristote au Mont Saint-Michel : Les racines grecques .. (13)

En matière de science historique, où comptent les faits et les sources, les opinions politiques ont un poids plus important qu'en philosophie : si Heidegger peut être à la fois un grand philosophe et proche des nazis, Sigrid Hunke ne pouvait être une bonne historienne. Animée par une violente hostilité envers le judéo-christianisme, qu'elle accusait d'avoir empoisonné l'Occident, elle a vu dans l'Islam son antithèse absolue, alliant énergie martiale et raffinement civilisationnel. Dès lors, son livre devenait un ouvrage politique et non plus scientifique.

Après la guerre, Sigrid Hunke vécut à Bonn et se fit mondialement connaître par son œuvre au titre éclatant. Elle fut alors admise au Conseil supérieur des affaires islamiques du Caire. Tout au long de sa vie, S. Hunke rejeta l'influence du chrisrianisme, jugé artfrefmd (« étranger à l'espèce allemande») et oriental. Dans la ligne de la pensée national-socialiste, elle prônait le retour aux valeurs de la Germanie païenne et à une identité européenne, à laquelle elle associait l'islam. Cette amie d'Himmler, demeure, par ses écrits, une figure de proue d'une certaine extrême gauche.
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A son origine se trouvent en effet les engagements politiques de Sigrid Hunke, qui adhéra au NSDAP (le Parti national-socialiste allemand) le 1er mai 1937 et fut membre active de la section berlinoise de l'Association national-socialiste des étudiants (Nationalsozialistischer Stiidentenhmd) dès 1938. Elle suivit à la Humboldt-Université de Berlin les cours de Ludwig Ferdinand Clauss, théoricien racialiste influent et soutint une thèse sous sa direction en 1941, consacrée à l'influence de modèles étrangers sur l'« homme allemand» («Herkunft und Wirkung fremder Vorbilder auf den deutschen Menschen»).

A partir de 1940-1941, sa sœur Waltraud et elle participèrent activement aux activités de la Germanistischen Wissenschafteinsatz de la SS et S. Hunke obtint une bourse de l'institut Ahnenerbe («Héritage des ancêtres»), fondé le 1er juillet 1935 par H. Himmler et W. Darré, et placé sous le patronage des SS et du ministère de l'Agriculture. Bientôt membre de cet institut et collaboratrice de sa revue Germanien, elle entretint d'amicales relations avec H. Himmler qui la mit en contact avec le grand mufti de Jérusalem, Al-Husseini, admirateur des nazis. L'Ahnenerbe se voulait un institut scientifique voué, entre autres, à la perpétuation de l'Allemagne éternelle, celle que concevait l'idéologie national-socialiste.
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L'orientaliste allemande Sigrid Hunke (1913-1999) s'est rendue célèbre par un ouvrage paru en France en 1960, "Le soleil d'Allah brille sur l'Occident", où elle avance la thèse d'un monde occidental corrompu par le judéo-chrisdanisme et qui ne doit sa science, sa civilisation et son art de vivre qu'au monde arabo-musulman. En particulier, rien du Moyen Age chrétien ne trouvait grâce à ses yeux, s'il n'avait une origine arabe ou musulmane, réelle ou - le plus souvent - supposée par elle. S. Hunke avait d'ailleurs tendance à fondre les éléments arabes et les éléments musulmans, et à attribuer ainsi à l'islam ce qui venait des arabes chrériens, des sabéens ou des juifs. Livre touffu, rempli d'exemples mais avare en références précises, Le soleil d'Allah... défend la thèse d'un Islam civilisateur, pionnier, au génie exceptionnel, auquel l'Occident devrait tout, philosophie, mathématiques, science expérimentale, tolérance religieuse, etc.

L'ouvrage mériterait d'être étudié page par page tant il déforme les faits, ment par omission, extrapole sans justifications et recourt au besoin à la tradition ésotérique. Mais il a été, et continue d'être, comme le montre une rapide enquête menée sur Internet, un livre de référence qui façonne l'air du temps. Cet ouvrage, qui exalte la supériorité de l'islam sur le christianisme, est dû à une intellectuelle nazie.
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"Il n’est pas aisé ni anodin, de passer du grec à l’arabe – que ce soit ou non par l’intermédiaire du syriaque-, puis de l’arabe au latin. Quel texte philosophique, quel raisonnement scientifique peuvent sortir indemnes de telles transformations répétées où, non seulement le vocabualire, mais la pensée, exprimée par la syntaxe, basculent d’un système indo-européen à un système sémitique avant de faire retour à l’origine."
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"Le livre en chrétienté est comme l’eau, comme le sang : il irrigue la vie de l’âme." Monique Dosdat
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Révélation chrétienne et logos grec:
"La révélation chrétienne est celle du Verbe incarné. Elle est présentée dans des textes qui racontent des histoires (Ancien comme Nouveau Testament). De cette importance du discours et du récit, de la Parole et de l'Esprit, naît la nécessité de comprendre et pas seulement d'obéir ou de croire. La révélation est à déchiffrer et l'esprit est à distinguer de la lettre. C'est de cette structure intellectuelle propre à la foi chrétienne, où se combinent les héritages d'Athènes et de Jérusalem, que naît peu à peu le savoir européen. Celui-ci s'est constitué à partir d'une recherche consciente de ses origines grecques. Le christianisme, dès le Ve siècle, avait repris le contenu de la science antique: de religion, il était devenu ainsi un système global de compréhension du monde. Ce savoir,quasiment disparu du monde latin au VIe siècle, fut progressivement réintroduit grâce à une quête volontaire et opiniâtre. L'existence de l'Europe d'une tradition scolaire en assura la diffusion au sein des élites non seulement lettrées mais aussi politiques et juridiques.

(...)"Les racines culturelles de l'Europe plongeraient ainsi, pour simplifier, dans la culture grecque, le droit romain et la Bible; celles de l'Islam sont le Coran, la Sira, les hadiths et le droit qui en découle. Les arbres, les branches, et les fruits qui en sortirent furent à l'image de ces racines. Dark ages ? Telle était l'interrogation que nous posions au seuil de cet essai. A son terme, il me paraît clair que l'idée d'âges sombres ne convient pas à la période médiévale."p.200-201



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Jacques de Venise, un grand passeur:
Jacques de Venise est le chaînon manquant dans l'histoire du passage de la philosophie aristotélicienne du monde grec au monde latin. L'homme mériterait de figurer en lettres capitales dans les manuels d'histoire culturelle. Si les philosophes ont reconnu son importance, grâce aux travaux de L. Minio-Paluello, les historiens ne lui consacrent guère d'attention. Or, grâce à son labeur, les plus grandes figures du monde occidental ont eu accès aux textes d'Aristote, par le biais de traductions élaborées directement à partir du texte grec, en un temps où l'on n'avait pas encore entamé à Tolède les traductions à partir des versions arabes.p.106/107
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Pendant plus de trois siècles, du VIIe au Xe siècle, la 'science arabo-musulmane' du Dar al-Islam fut donc en réalité une science grecque par son contenu et son inspiration, syriaque puis arabe par sa langue. La conclusion est claire : l'Orient musulman doit presque tout à l'Orient chrétien. Et c'est cette dette que l'on passe souvent sous silence de nos jours, tant dans le monde musulman que dans le monde occidental. (p. 101)
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"Nous, musulmans, nous savons de science certaine que l’examen par la démonstration n’entraînera nulle contradiction avec les enseignements apportés par le Texte révélé, car la vérité ne peut être contraire à la vérité, mais s’accorde avec elle et témoigne en sa faveur.".
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La culture écrite suppose la maîtrise impeccable du latin, et donc son apprentissage. La formation est assurée dans les écoles monastiques, à partir de textes religieux ; peu à peu la grammaire devient une discipline à part entière, qui assure la compréhension de la langue écrite, habitue l'esprit à débusquer les erreurs et à suivre des règles logiques. La diffusion d'une culture écrite fut enfin assurée par la création d'une nouvelle écriture, acte culturel de première importance : la minuscule dite 'caroline'. Cette écriture plus lisible, plus facile à tracer, aux lettres bien identifiées ... (et sert encore dans l'imprimerie) (p. 59)
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