AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782020965415
277 pages
Seuil (06/03/2008)
4.4/5   25 notes
Résumé :
On considère généralement que l'Occident a découvert le savoir grec au Moyen Âge, grâce aux traductions arabes. Sylvain Gouguenheim bat en brèche une telle idée en montrant que l'Europe a toujours maintenu ses contacts avec le monde grec.

Le Mont-Saint-Michel, notamment, constitue le centre d'un actif travail de traduction des textes d'Aristote en particulier, dès le XIIe siècle.

On découvre dans le même temps que, de l'autre côté de ... >Voir plus
Que lire après Aristote au Mont Saint-Michel : Les racines grecques de l'Europe chrétienneVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
Ayant emprunté à un ami ce livre devenu introuvable, j'ai lu avec intérêt la thèse de Sylvain Gouguenheim qui démontre comment la culture grecque a survécu aux grandes invasions, à la chute de l'empire romain d'occident, aux conquêtes arabes du haut moyen âge et valorise le rôle des émigrés orientaux, notamment syriens, qui ont emporté dans leurs bagages l'héritage antique et l'ont transmis à l'Europe. Ces réfugiés étaient chrétiens, juifs ou incroyants et nullement convertis à l'Islam.

Cette migration compléta les échanges, jamais interrompus, avec l'empire romain d'orient où le melting pot byzantin reste un phare de la pensée jusqu'à sa chute en 1453 qui date la fin du moyen-âge.
Par ailleurs, en occident, les moines du Mont Saint Michel, dont Jacques de Venise, traduisent en latin l'oeuvre d'Aristote au XII siècle et ces travaux qui ont survécu aux révolutions et aux guerres sont archivés et consultables en notre XXI siècle.

Ces faits prouvent que le monde arabe eut un rôle minime et postérieur dans la transmission des connaissances antiques en mathématiques, médecine, philosophie, et science. L'auteur rappelle que le mode de pensée islamique est un filtre qui génère indifférence ou rejet du raisonnement abstrait et s'interroge sur la perméabilité d'une civilisation à l'autre car TRADUIRE n'est pas seulement un problème linguistique, c'est un défi plus élaboré qui suppose que les concepts et les principes soient compris et partagés à l'unisson (pensons par exemple à la condition féminine).

Alors d'où vient la légende que le soleil d'Allah illumine l'occident ? En partie du National Socialisme comme le prouve (en Annexe 1) l'auteur en dévoilant le CV de Sigrid Hunke, formée par Himmler avant d'être admise au conseil des affaires islamiques du Caire d'où elle a propagé ses thèses.

L'Europe médiévale, malgré les invasions et les pillages, n'est nullement un « âge sombre », mais une période où la culture antique a semé les germes de la Renaissance permettant ainsi de développer progressivement la civilisation née à Athènes, Byzance, Jérusalem et Rome.
C'est le mérite de Sylvain Gouguenheim de souligner la valeur de cet héritage et de rendre hommage aux humbles passeurs que furent les moines, notamment ceux du Mont Saint Michel.
Commenter  J’apprécie          819
Un ouvrage remarquable parce qu'il met excellemment en lumière les cadres de transmissions de l'héritage grec et surtout parce qu'il met en évidence l'importance cruciale de l'apport grec direct au développement intellectuel de l'Europe , qu'il convient de ne pas occulter ....
L'apport du monde islamo-arabe au moyen-âge européen , repose sur la conservation des textes grecs , dont une grande partie furent conservés par le monde arabo musulman , ce que toute personne un peu au fait du sujet sait ...
Par monde musulman médiéval il faut entendre d'éminents auteurs musulmans mais également d'autres , juifs et chrétiens …
Le monde musulman a aussi mis en relation des aires culturelles aux contacts assez sporadiques auparavant et c'est ainsi que le réservoir de l'Inde déverse vers l'ouest ( vers nous ) ses trésors notamment en mathématiques et en musique.
La péninsule ibérique et l'islam d'al Andalous a marqué La musique européenne en profondeur , alors que les travaux de Suzanne Haïk Ventura , montre à toute oreille attentive que l'héritage musical antique , liturgie juive et musique païenne était très vivace et qu'il n'y a pas de césure tranchée entre l'antiquité et le haut moyen-âge pour l'évolution de la musique savante , en fait comme aujourd'hui il y a eu influences et confluences , entre Inde , orient gréco-romain , monde arabo-musulman occident chrétien … .

Cependant , le plus gros des textes qui conduisirent aux prémices de la renaissance vinrent directement de Byzance , l'orient grec qui fut debout et chrétien jusque le XV e siècle ne doit passer à la trappe ..
Et il ne faut pas sous-estimer le barrage que furent Pyrénées , penchez-vous sur le premier effort de connaissance de l'islam avec la réfutation de cette « hérésie » par l'ordre de Cluny qui montre la faible profondeur des contacts orient/occident tout en établissant en même temps la tangibilité d'un réel effort documentaire.

Les croisades furent un choc qui ne déboucha pas sur des échanges culturels ( ou autres ) profitables et je dirais que la principale conséquence des croisades en occident fut les : confitures et c'est tout !
Même si le royaume normand de Sicile fit un incontestable effort d'appropriation des textes antiques retraduits.
Et aussi , évidemment , ce fut le début d'un élan de reconquête par l'occident chrétien d'espaces géographiques perdus , avec la conscience aigüe qu'il s'agissait d'une reconquête de territoires historiquement européens .
On peut lister pertinemment , les apports techniques et civilisationels de l'orient arabe à la civilisation européenne ...
Cependant deux points sont à prendre en compte

Avant d'être arabo musulman , l'orient fut gréco romain et la civilisation islamique fut principalement le conservatoire de cette civilisation romaine d'orient , pour résumer pensons à Aristote par exemple ... Un autre exemple spectaculaire ,on pensent par exemple aux coupoles en architecture et on les associes par nature à la civilisation arabo-islamique et pourtant ce n'est vraiment que la coupole de l'édifice à plan centré , très en vogue au bas empire romain ( en orient comme en occident , mais surtout en orient ) ...

La pensée en contexte islamique fut donc entre autre et pas seulement , le conservatoire de la philosophie , des techniques , et des sciences antiques , romaines ( latines et grecques ) . Elle partagea d'ailleurs ce privilège avec « Byzance » d'ailleurs .
Ce qui fut le trait le plus spécifiquement « musulman « dans la grande aventure de la civilisation de cette époque , ce fut la fantastique liaison médiatrice que cette aire géographique accomplit en mettant en liaison , l'inde et le bassin méditerranéen et beaucoup d'apports catalogués comme arabo musulmans furent d'ailleurs en fait originaires d'inde ( voire de perse pour ce qui est des dualismes philosophico-religieux ) , le 0 etc. ......
Il ne s'agit absolument pas de remettre en cause la véritable splendeur de l'orient musulman médiéval mais il ne faut pas occulter la survivance splendide de Byzance et il suffit de se balader dans la très belle ville d'Istanbul , pour mesurer l'ampleur de la Byzance des grecs ..
Enfin ne minimisons pas ce que l'occident latin a conservé en fond propre de l'antiquité gréco-latine .

Le contact eut lieu en divers points :
- dans la péninsule ibérique ( dès le VIIIème siècle ) ou les mondes juif et mozarabe , contribuèrent beaucoup aux divers transvasements ...
-dans le royaume normand de Sicile sous la relative contrainte ..
Cependant cet apport ne fut qu'une piqure de rappel , car sa portée fut assez faible au final ( bien que pas et non négligeable évidement , surtout au plan théologique ) ...

Le véritable bouleversement « de profundis « ne vint pas directement du monde arabo musulman ..
L'effondrement de l'empire romain d'orient ( disons 1472 pour faire simple ) , causa un exode massif de textes , de sciences , de textes techniques , de textes philosophiques ...
C'est cet exode « grec « , et son caractère massif , avec des personnels nombreux en rapport avec cette littérature , qui vint véritablement et littéralement jeter les fondations de la renaissance ...
Commenter  J’apprécie          4417


Aristote au mont Saint-Michel est d'abord un livre martyr. Martyr parce qu'il a été, à sa sortie, vilipendé et frappé de l'anathème « islamophobe », tandis qu'il ne recèle aucune injure à l'endroit de l'Islam. Pourquoi un tel déchaînement ? Parce que l'auteur, Sylvain Gouguenheim, remettait en cause la doxa anachronique, à savoir que l'Occident chrétien devrait presque tout à l'Islam. Ce à quoi répond l'auteur : « Que les musulmans aient volontairement transmis ce savoir antique aux chrétiens est une vue de l'esprit. » Pour s'en convaincre, il suffit de mettre en miroir l'évolution du monde chrétien et du monde islamique et de voir où est allé l'héritage antique.

Ce mythe d'un Islam des Lumières qui nous aurait transmis le savoir antique, je le savais, pour ma part, faux depuis longtemps mais sans avoir lu cet excellent essai, devenu une rareté dispendieuse et que j'ai pu me procurer grâce à Emmaüs, à un prix très raisonnable, pour tout vous avouer !

Hélas, depuis quelques décennies déjà, le réel est devenu ce que les minorités hurlantes décrètent qu'il est, au mépris de tout démarche scientifique. Ainsi, prétendre – suivant une réalité naturelle intangible – qu'on naît fille ou garçon est devenu un crime de nos jours. Il en est de même avec l'Islam, sacralisé au nom d'une repentance européenne à l'égard de son passé et qui, au regard de l'Histoire, n'a pas lieu d'être : toutes les grandes civilisations, sans exception, furent à l'occasion criminelles, l'Islam ne dérogeant d'ailleurs pas à la règle, qui prit abondamment sa part ! Certaines civilisations n'ont donc pas à s'en excuser plus que d'autres, quitte à mentir sur elles-mêmes.


Pourtant, la réalité existe bel et bien, et ce ne sont pas les détracteurs de ce livre – dont Jacques le Goff, l'immense médiéviste, s'est défié à l'époque, lors de ce qu'on l'on appelé « l'affaire Gouguenheim » – qui pourront y changer quelque chose : « le christianisme était par ailleurs nourri, imbibé, dès ses origines, de culture grecque. »

Et l'auteur de nous mettre en garde contre la réécriture de l'Histoire : « Refuser certaines racines aboutit aussi à faire table rase d'une série de traits spécifiques d'une culture ou d'une civilisation, ce qui peut conduire à y substituer d'autres éléments, pourtant extérieurs à cette culture. »

Surtout, à défaut d'une transmission directe et généreuse, « l'Islam a d'abord transmis la culture grecque à l'Occident en provoquant l'exil de ceux qui refusaient sa domination. Mais cette fuite n'aurait guère eu de conséquences si les Grecs de Byzance n'avaient pris le relais de la culture antique et si les élites occidentales ne s'y étaient pas intéressées. Les émetteurs rencontrèrent leurs récepteurs ».

L'Europe n'avait ainsi pas rompu ses liens avec l'Antiquité après la chute de l'Empire romain d'Occident (en 476). D'autant que des chrétiens vivaient encore en Orient, notamment dans l'Empire byzantin. Et : « Grâce aux chrétiens d'Orient ou aux liens entretenus avec Byzance, via la Sicile, l'Italie du sud ou l'exarchat [circonscription administrative de l'Empire byzantin], le monde latin a conservé ou retrouvé une partie du savoir des Anciens. »

Dans ce monde latin, existait le scriptorium très prolifique du mont Saint-Michel, où officia un certain Jacques de Venise, dont les traductions à partir du grec – et quoique discutables car trop littérales, nous dit l'auteur – connurent un très grand succès. Preuve que l'Occident chrétien connaissait le savoir antique.

C'est donc avec une méticulosité savante que Sylvain Gouguenheim démonte les idées reçues sur la présupposée ignorance de l'Occident chrétien médiéval avant sa « rencontre » avec l'Islam. Prenons par exemple la médecine : « L'Occident n'a pas attendu les croisades pour la découvrir mais en reprit connaissance dès le VIe siècle. » C'est-à-dire un siècle avant la naissance de l'Islam.

L'auteur énonce aussi des faits dérangeants pour les tenants d'une chrétienté médiévale ignare et d'un islam sublime, dont celui-ci : « L'écriture arabe, dite “coufiqueˮ, fut elle-même forgée par des missionnaires chrétiens au VIe siècle. » Des chrétiens qui, tout comme des Juifs, furent de prestigieux savants dans le monde musulman. S'agissant des savants musulmans proprement dits, convaincus que l'arabe était une langue sacrée, ayant révélé le Coran, ils ne prirent pas la peine d'apprendre le grec.

Quant à l'influence de la philosophie grecque sur le monde musulman, les prétentions sont ici revues à la baisse, montrant qu'en Islam « l'hellénisation demeura un phénomène intellectuel sans prise sur les mentalités collectives attachées à la foi, ni sur les structures politiques, sociales ou juridiques ». Car le Coran est révélé et donc incréé, qu'il contient tout ce que le fidèle a besoin de savoir, il n'a pas besoin d'apports extérieurs.

Enfin, Sylvain Gouguenheim frappe là où ça fait mal en exhumant une douteuse historienne des religions, Sigrind Hunke, ayant fait l'apologie de l'islam au détriment du christianisme, ce dernier hérité du judaïsme qu'elle ne pouvait que détester en sa qualité d'ancienne membre du parti nazi et proche d'Heinrich Himmler, lequel l'intronisa dans l'Ahnenerbe, cette officine pseudo-scientifique délirante prétendant prouver la supériorité de la race germanique. Encore une qui put passer à travers le filet aux très larges mailles de la dénazification et commettre plus tard un livre – le Soleil d'Allah brille sur l'Occident – où elle décidait cette fois que l'Islam était supérieur. le grand Mufti de Jérusalem, Mohammed Amin al-Husseini, reçu par Hitler en personne, n'aurait pas dit le contraire.

En refermant Aristote au mont saint-Michel, ce livre maudit par les instances progressistes – à la manière d'un Robespierre qui proposait le progrès au tranchant de la guillotine ! –, je me dis que la France sombre peu à peu dans un totalitarisme insidieux qui, un jour prochain, fera condamner pénalement quiconque osera avouer son amour pour sa culture, essentiellement d'ascendance gréco-romaine et judéo-chrétienne. Triste Nation qui se déteste à ce point…

Commenter  J’apprécie          52
Une démystification solidement argumentée par un spécialiste officiel (et Sylvain Gouguenheim a payé au prix fort d'avoir combattu le politiquement correct pour imposer la vérité historique: on ne brave pas impunément la propagande idéologique!) Onze ans qu'il est en ma possession. C'est presque un motif de fierté d'avoir été l'un des premiers à le lire.
Commenter  J’apprécie          160
Si il est une dette, le monde Occidental l'a doit en tout premier lieu à l'Empire Romain d'Orient, la deuxième Rome, Byzance-Constantinople ! Un jour l'Orient musulman se penchera sur sa dette envers l'Orient chrétien et se posera la question du pourquoi.

Le défi : Pendant un moment politique sensible, écrire un ouvrage à l'attention de la communauté des historiens et un livre de vulgarisation portant sur la période peu approfondie des VIIème au XIIIème siècles avec comme thème la communication des savoirs entre l'Islam et la Chrétienté avec leurs impacts sur les deux civilisations.

La manière : Loin de rechercher un affrontement, Sylvain Gouguenheim apporte des clefs de lecture avec les données de l'époque permettant à l'honnête homme de nourrir sa réflexion. La lecture du livre rendra le monde plus compliqué et c'est très bien comme ça ! Ce vrai travail intellectuel a été l'objet d'une vindicte de la part du petit monde intello-médiatique. le débat en trois documents : Synthèse solide par Gil Mihaely. Alain Finkielkraut défend la liberté de recherche et entretien avec l'auteur sur l'Express.fr.

La thèse politiquement correcte : le Moyen Age est une période noire pendant laquelle l'Islam a développé les sciences et la philosophie en une époque appelée l'Islam des Lumières. de plus les musulmans ont traduits les textes grecs et les ont apportés à l'Europe.

La question qui dérange : Si nous sommes si assurés de l'intégration du logos des Grecs dans le monde abbasside. Quelles répercussions cette disputatio a-t-elle eu dans la religion musulmane, dans la société musulmane et chez les lettrés de langue arabe toutes langues confondues ? A partir de la réponse, l'Occident pourra accepter de se poser la question d'une dette. le débat est lancé…

Le savoir médiéval a ceci de différent avec le savoir moderne qu'il n'est partagé que par une poignée d'individus, quelques dizaines d'hommes par siècle au sein de population de plusieurs dizaines de millions d'individus. Peu de gens savent lire aussi Internet est relativement peu utilisé.

Définissons la Science voulez-vous?
L'Islam des Lumières. Tous Arabes et Musulmans ?
Les circuits de transmission seront étudiés de près

Suite sur mon site
Lien : http://quidhodieagisti.kazeo..
Commenter  J’apprécie          114

Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
En matière de science historique, où comptent les faits et les sources, les opinions politiques ont un poids plus important qu'en philosophie : si Heidegger peut être à la fois un grand philosophe et proche des nazis, Sigrid Hunke ne pouvait être une bonne historienne. Animée par une violente hostilité envers le judéo-christianisme, qu'elle accusait d'avoir empoisonné l'Occident, elle a vu dans l'Islam son antithèse absolue, alliant énergie martiale et raffinement civilisationnel. Dès lors, son livre devenait un ouvrage politique et non plus scientifique.

Après la guerre, Sigrid Hunke vécut à Bonn et se fit mondialement connaître par son œuvre au titre éclatant. Elle fut alors admise au Conseil supérieur des affaires islamiques du Caire. Tout au long de sa vie, S. Hunke rejeta l'influence du chrisrianisme, jugé artfrefmd (« étranger à l'espèce allemande») et oriental. Dans la ligne de la pensée national-socialiste, elle prônait le retour aux valeurs de la Germanie païenne et à une identité européenne, à laquelle elle associait l'islam. Cette amie d'Himmler, demeure, par ses écrits, une figure de proue d'une certaine extrême gauche.
Commenter  J’apprécie          251
A son origine se trouvent en effet les engagements politiques de Sigrid Hunke, qui adhéra au NSDAP (le Parti nadonal-socialiste allemand) le 1er mai 1937 et fut membre active de la section berlinoise de l'Association national-socialiste des étudiants (Nationalsozialistischer Stiidentenhmd) dès 1938. Elle suivit à la Humboldt-Université de Berlin les cours de Ludwig Ferdinand Clauss, théoricien racialiste influent et soutint une thèse sous sa direction en 1941, consacrée à l'influence de modèles étrangers sur l'« homme allemand» («Herkunft und Wirkung fremder Vorbilder auf den deutschen Menschen»).

A partir de 1940-1941, sa sœur Waltraud et elle participèrent activement aux activités de la Germanistischen Wissenschafteinsatz de la SS et S. Hunke obtint une bourse de l'institut Ahnenerbe («Héritage des ancêtres»), fondé le 1er juillet 1935 par H. Himmler et W. Darré, et placé sous le patronage des SS et du ministère de l'Agriculture. Bientôt membre de cet institut et collaboratrice de sa revue Germanien, elle entretint d'amicales relations avec H. Himmler qui la mit en contact avec le grand mufti de Jérusalem, Al-Husseini, admirateur des nazis. L'Ahnenerbe se voulait un institut scientifique voué, entre autres, à la perpétuation de l'Allemagne éternelle, celle que concevait l'idéologie national-socialiste.
Commenter  J’apprécie          190
L'orientaliste allemande Sigrid Hunke (1913-1999) s'est rendue célèbre par un ouvrage paru en France en 1960, "Le soleil d'Allah brille sur l'Occident", où elle avance la thèse d'un monde occidental corrompu par le judéo-chrisdanisme et qui ne doit sa science, sa civilisation et son art de vivre qu'au monde arabo-musulman. En particulier, rien du Moyen Age chrétien ne trouvait grâce à ses yeux, s'il n'avait une origine arabe ou musulmane, réelle ou - le plus souvent - supposée par elle. S. Hunke avait d'ailleurs tendance à fondre les éléments arabes et les éléments musulmans, et à attribuer ainsi à l'islam ce qui venait des arabes chrériens, des sabéens ou des juifs. Livre touffu, rempli d'exemples mais avare en références précises, Le soleil d'Allah... défend la thèse d'un Islam civilisateur, pionnier, au génie exceptionnel, auquel l'Occident devrait tout, philosophie, mathématiques, science expérimentale, tolérance religieuse, etc.

L'ouvrage mériterait d'être étudié page par page tant il déforme les faits, ment par omission, extrapole sans justifications et recourt au besoin à la tradition ésotérique. Mais il a été, et continue d'être, comme le montre une rapide enquête menée sur Internet, un livre de référence qui façonne l'air du temps. Cet ouvrage, qui exalte la supériorité de l'islam sur le christianisme, est dû à une intellectuelle nazie.
Commenter  J’apprécie          180
Révélation chrétienne et logos grec:
"La révélation chrétienne est celle du Verbe incarné. Elle est présentée dans des textes qui racontent des histoires (Ancien comme Nouveau Testament). De cette importance du discours et du récit, de la Parole et de l'Esprit, naît la nécessité de comprendre et pas seulement d'obéir ou de croire. La révélation est à déchiffrer et l'esprit est à distinguer de la lettre. C'est de cette structure intellectuelle propre à la foi chrétienne, où se combinent les héritages d'Athènes et de Jérusalem, que naît peu à peu le savoir européen. Celui-ci s'est constitué à partir d'une recherche consciente de ses origines grecques. Le christianisme, dès le Ve siècle, avait repris le contenu de la science antique: de religion, il était devenu ainsi un système global de compréhension du monde. Ce savoir,quasiment disparu du monde latin au VIe siècle, fut progressivement réintroduit grâce à une quête volontaire et opiniâtre. L'existence de l'Europe d'une tradition scolaire en assura la diffusion au sein des élites non seulement lettrées mais aussi politiques et juridiques.

(...)"Les racines culturelles de l'Europe plongeraient ainsi, pour simplifier, dans la culture grecque, le droit romain et la Bible; celles de l'Islam sont le Coran, la Sira, les hadiths et le droit qui en découle. Les arbres, les branches, et les fruits qui en sortirent furent à l'image de ces racines. Dark ages ? Telle était l'interrogation que nous posions au seuil de cet essai. A son terme, il me paraît clair que l'idée d'âges sombres ne convient pas à la période médiévale."p.200-201



Commenter  J’apprécie          30
"Il n’est pas aisé ni anodin, de passer du grec à l’arabe – que ce soit ou non par l’intermédiaire du syriaque-, puis de l’arabe au latin. Quel texte philosophique, quel raisonnement scientifique peuvent sortir indemnes de telles transformations répétées où, non seulement le vocabualire, mais la pensée, exprimée par la syntaxe, basculent d’un système indo-européen à un système sémitique avant de faire retour à l’origine."
Commenter  J’apprécie          100

Videos de Sylvain Gouguenheim (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Sylvain Gouguenheim
Quel fut le rôle de l'empire byzantin dans l'essor culturel de l'Europe latine à l'époque de l'art roman ? C'est à Byzance, en effet, que fut recopiée la quasi-intégralité des œuvres de l'Antiquité grecque. Et c'est dans la cité impériale que la culture antique continua pendant des siècles à servir de socle à l'enseignement scolaire, la paideia παιδεία certes réservée à une élite. Ce bagage byzantin fut transmis aux cours royales et aux abbayes de l'Europe à l'époque romane. On rencontre ainsi les influences artistiques byzantines à travers toute l'Europe des Xe-XIIe siècles, dans les vallées de la Meuse ou du Rhône, en Allemagne, jusque dans les royaumes scandinaves. De nombreux textes antiques furent alors traduits en latin puis commentés. Les routes et les intermédiaires humains par lesquels cette transmission s'est effectuée montrent un couloir de circulation reliant la Sicile, l'Italie du Sud, la vallée du Rhône, la cour de Champagne, les abbayes d'Île-de-France et de Normandie, le monde rhénan... C'est toute l'influence byzantine sur le monde latin, visible dans les fresques et les enluminures, dans la transmission d'ouvrages, d'abord religieux, puis savants que retrace dans cet essai magistral Sylvain Gouguenheim.
+ Lire la suite
Dans la catégorie : Moyen-AgeVoir plus
>Histoire de l'Europe>Histoire générale de l'Europe>Moyen-Age (63)
autres livres classés : histoireVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (94) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3179 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..