On ne peut pas juger un individu par rapport à la moyenne de son groupe.
Toutes les sciences ont contribué à mettre en doute l'idée suivant laquelle l'homme aurait une importance cosmique. L'astronomie a montré que nous occupons une petite planète, à la frontière d'une galaxie de taille moyenne, parmi des millions d'autres. La biologie nous a retiré notre statut d'exception aux lois de la nature, créée à l'image de Dieu. La géologie, elle, nous a donné l'immensité du temps et nous a appris que notre espèce n'en avait occupé qu'une part dérisoire.
Le foisonnement de la nature fait ma joie et je laisse les chimères de la certitude aux politiciens et aux prédicateurs.
Les faits ne « parlent pas d'eux-mêmes » ; ils sont interprétés à la lumière de la théorie. La pensée créatrice, dans les sciences autant que dans les arts, est le moteur du changement.
Il est certain que la science n'est pas exempte de tout reproche. Nous avons persécuté les dissidents, instauré un catéchisme et essayé d'exercer notre autorité dans le domaine de la morale, où elle ne peut se justifier. Pourtant, sans la science et le rationalisme, maintenus dans leur domaine, jamais les problèmes qui se posent à nous ne pourront être résolus.
Ma défense de Darwin n'est ni nouvelle, ni sensationnelle, ni même profonde. Je me contente d'affirmer que Darwin avait raison de considérer la sélection naturelle et la sélection artificielle en élevage comme analogues. Dans le cas de la sélection artificielle, le désir de l'éleveur représente, pour une population donnée, un changement d'environnement. Dans ce nouvel environnement, certaines caractéristiques sont" supérieures " à priori: elles se perpétuent et se propagent par la volonté de notre éleveur, mais il s'agit là de la conséquence de leur aptitude, non de la définition de celle-ci. Dans la nature, l'évolution darwinienne se produit également en réaction à un changement d'environnement.
Venons-en au problème central. Certaines caractéristiques morphologiques, physiologiques et psychologiques sont supérieures à priori dans des environnements nouveaux. Ces caractéristiques confèrent l'aptitude à la survie à ceux qui les présentent parce qu'elles sont adéquates à leur fonction, et non pas parce que ceux qui les présentent tendent à être plus nombreux dans les populations.
Dans leur ensemble, les théories évolutionnistes du XIXe siècle étaient plus adaptées aux idées religieuses de Fitzroy. On croyait généralement à l’existence de tendances innées à la perfection, ce qui posait beaucoup moins de problèmes à la hiérarchie religieuse que la conception entièrement mécanique de Darwin.
Le problème de l'extinction fut le premier champ de bataille important de la paléontologie moderne. En Amérique, Thomas Jefferson soutint la conception traditionnelle, cependant qu'en France, Cuvier établissait, grâce à l'élan d'Irlande, l'extinction des espèces. En 1812, Cuvier résolut deux problèmes fondamentaux. Par une description anatomique très précise, il démontra que l'élan irlandais ne ressemblait à aucun animal connu et, en le remplaçant parmi les fossiles de mammifères sans contrepartie moderne, il prouva que l'extinction avait bien eu lieu, jetant ainsi les bases de la chronologie géologique.
Qui sait vraiment ce que mesure le QI ? Il permet de prévoir le « succès » scolaire, mais ce succès résulte-t-il de l’intelligence ou de l’aptitude à assimiler les valeurs favorites des classes dominantes ?
La nature est si complexe et si variée que tout ce qui est possible peut arriver. Il ne faut pas chercher dans la nature une solution claire, définitive et globale aux problèmes de la vie.