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EAN : 9782253038191
383 pages
Le Livre de Poche (30/11/-1)
4.19/5   77 notes
Résumé :
Une collection d'histoires pour relater la grande aventure de l'évolution des espèces, ou Darwin expliqué par l'exemple. Quand l'extraordinaire et le merveilleux côtoient le quotidien. Livre d'initiation, Le Pouce du panda est aussi une formidable réflexion sur les mécanismes du vivant.
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Voici le second opus des réflexions sur l'histoire naturelle de Stephen Jay Gould qui en compte dix.

Je pense sans nostalgie excessive ou catastrophisme que c'est le meilleur, à la fois scientifiquement lumineux, drôle, insolite et bien écrit et que...
... malheureusement, il n'est plus édité ! Les autres sont au Seuil dans la collection Point sciences et celui-ci, incompréhensiblement, était paru dans la collection biblio du livre de poche.

Au delà du chapitre qui donne son nom au livre et qui est savoureux, je vous conseille un magnifique et déconcertant chapitre sur l'évolution de Mickey, oui, le Mickey de Disney, qui devient peu à peu néoténique comme beaucoup de personnages de BD ou encore le Bibendum de Michelin.

Il y est comme toujours question d'évolution et de son caractère non déterministe (le grand combat de l'auteur, plus grand spécialiste de l'évolution au XXème siècle). Il y est aussi question d'histoire des sciences et de mille autres petits aspects culturels ou insolites, tous racontés de la façon
fascinante et drôle qui caractérise la plume multicolore de Gould. Un vrai Diamant ce Gould ! (excusez-moi, un calembour foireux, dès le matin, ça ne se refuse pas !)

Je l'ai acheté trois fois, prêté trois fois et à chaque fois il a tellement plu qu'on ne me l'a jamais rendu et me voilà maintenant privée de ce livre exceptionnel. Mesdames et Messieurs les éditeurs, faites quelque chose. (Pssst ! S'il vous plait, rééditez-le, mais ce n'est que mon avis, alors, Pouce ! ça ne compte pas.)
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Ce recueil d'essai du biologiste décédé en 2002 a été publié pour la première fois en 1982. Il regroupe diverses publications échelonnées au cours du temps. Il a été réédité en 2014 aux Éditions du Seuil.

Tous les articles traitent de la théorie de l'évolution et de la construction des théories scientifiques. Ils permettent de mieux comprendre certains aspects de la théorie darwinienne mais aussi la façon dont les théories se construisent. Je ne vais pas parler des 31 articles mais de ceux qui m'ont paru le plus intéressant ou m'ont appris le plus, en fonction de ma modeste culture en ce domaine.

Le titre "le pouce du panda" est celui du premier essai de l'ouvrage : le pouce du panda est , selon l'auteur, une des meilleure illustration possible de la validité de la théorie de l'évolution et de sa portée. le "pouce" du panda, qui lui sert à manger si habilement les tiges de bambous, n'est en réalité pas un pouce (le véritable pouce du panda existe mais n'est pas utilisé pour l'alimentation) mais une excroissance osseuse préexistante à laquelle les mécanismes de l'évolution ont conféré cet usage, non prévisible a priori. La nature ne produit pas, par le biais de l'évolution, une solution idéale qui se développerait pour résoudre un problème d'adaptation mais utilise ce dont elle dispose pour rechercher des solutions artisanales. Elle produit des bizarreries dont certaines sont fécondes, et non pas des outils parfaitement adaptés dont l'objectif est préalable à l'apparition.


L'article consacré au lamarckisme est dans le même esprit : SJG explique que les mutations se produisent au hasard, que certaines sont "sans suite" et d'autres s'avèrent utiles en fonction des évolutions de l'environnement. Ce sont celles-là qui conduiront au développement d'une nouvelle espèce ou des caractères d'une espèce mieux adaptée à son environnement.
Si la sélection s'effectuait selon le modèle de Lamarck, elle irait beaucoup plus vite car la meilleure solution apparaitrait plus rapidement. Dans le lamarckisme, la transmission est directe. L'organisme perçoit le changement de milieu, y répond de façon correcte et passe sa réaction directement à ses descendants. L'évolution culturelle humain est de caractère "lamarckien" car ce que nous avons appris au cours d'une génération est transmis à celle qui suit par l'éducation et les textes : tout va beaucoup plus vite

Dans l'essai intitulé "la voie moyenne de Darwin", l'auteur présente l'opposition classique de l'inductivisme (la science collecte une multitude d'éléments et de briques préalablement à l'élaboration de toute théorie ) et de l'eurekaïsme (caractère ineffable de la création scientifique qui serait l'oeuvre du génie). L'histoire de la découverte de Darwin et des éléments qui l'ont conduit à élaborer sa théorie montre les limites de l'une et de l'autre. La collecte minutieuse de données ne lui a pas permis d'en tirer une vision : le rôle clé des pinsons des Galapagos est usurpé. Sa lecture de Malthus ne lui pas davantage donné d'illumination. Mais c'est la voie moyenne dont parle SJG : peut être tout simplement le travail (à mon sens), le temps et les ressorts de l'intelligence humaine qui permet de relier entre eux théories, faits et concepts venus parfois d'horizons divers.

Mais tout cela pourrait paraitre comme une lecture ardue et bien sérieuse, pas du genre à emporter l'été sur la plage ... Sérieuse, certainement mais cela n'empêche en rien l'humour et la fantaisie : celles de l'auteur et celles de la nature elle-même dans certaines de ces productions.

Citons par exemple l'essai consacré à l'acarien qui est mort avant d'être né car s'étant déjà reproduit avant sa "naissance" et ayant donc assumé son rôle dans la nature, il n'a plus besoin de naitre.... CQFD

Et aussi également l'article très décalé consacré à Mickey Mouse ! Quel rapport avec la théorie de l'évolution me direz vous ? mais si... mais si .... La physionomie de Mickey a évolué depuis sa création vers des formes plus enfantines avec une tête plus grosse pour paraitre plus sympathique, plus enfant et moins adulte. SJG fait un lien avec la nature néoténique de l'être humain, expliquant qu'il garde, davantage que les chimpanzés, les caractéristiques de l'enfance et qu'il s'agit d'une dimension essentielle de l'humain "être en devenir". Au passage, cet éminent scientifique a passé un temps certain à mesurer la taille de la tête de Mickey dans des films et des bandes dessinées des années 30 à nos jours.... l'esprit scientifique ne s'arrête jamais..

L'affaire de l'homme de Piltdown donne l'occasion de tenter de comprendre comment cette imposture scientifique a pu être possible ; pourquoi personne ne s'est rendu compte de l'impossibilité de la chose ; ou du moins pourquoi ceux qui s'en sont rendu compte n'ont pas été écoutés. Une des raisons serait que cette découverte correspondait aux préjugés du temps sur la supériorité de l'homme blanc puisque l'homme de Piltdown, le premier anglais¨s'il avait été réel, avait un cerveau complétement développé à une époque très lointaine ce qui permettait d'affirmer une origine spécifique des Blancs européens. Dans la même veine, "le syndrome du docteur Down" explique comment les préjugés racistes du XIX ème ont conduit à appeler du nom de mongolisme, le dit syndrome appelé aussi "trisomie 21"

" le cerveau des femmes" relate, avec gourmandise et humour, les "études" dont a fait l'objet le cerveau des femmes afin de prouver qu'elles étaient moins intelligentes que les hommes (enfin les hommes blancs... nous sommes toujours au XIX ème siècle ) et "chapeaux larges et esprits étroits" montre l'énergie déployée pour prouver qu'un grand savant avait nécessairement un cerveau plus gros qu'un quidam ... d'ailleurs, la taille de son chapeau le prouve....

L'auteur ne cherche pas seulement à rire ou nous faire rire des croyances et des tentatives de ceux qui nous ont précédé et conteste que
"celui-ci (le passé) ne serait que le domaine de faibles d'esprits naïfs, et seul le présent, bénéficiaire des progrès de l'histoire, aurait appréhendé la complexité des choses et détiendrait la vérité." [...] "mais si nous nous contentons d'en rire, nous n'y comprendrons jamais rien. Les capacités intellectuelles humaines, pour autant que l'on puisse en juger, n'ont pas varié depuis des millénaires. Si les personnes intelligentes ont investi autant d'énergie dans des sujets qui nous semblent aujourd'hui si stupides, la faille réside dans notre inaptitude à comprendre le monde qui était le leur, non dans leurs perceptions faussées. " (page 175-176)
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Malgré mon attachement à la littérature plus qu'aux sciences, le Pouce du Panda a été une lecture agréable et enrichissante, bien que quelquefois un peu difficile à comprendre pour la débutante que je suis en théorie de l'évolution ...
Cependant, l'auteur énonce clairement le message qu'il veut faire passer.
Dans ses 31 essais, il aborde des thèmes divers : l'évolution de l'être humain par Mickey, certains mystères de la science comme l'homme de Piltdown (qui était en réalité une supercherie), ou des théories sur l'évolution variées.

Je recommande ce livre à tous les curieux, et conseille éventuellement une petite recherche pour avoir bien en tête la théorie darwinienne au préalable, bien qu'il soit tout à fait possible de le lire sans aucune connaissance !
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De la vulgarisation scientifique de qualité : en 8 parties et 31 chapitres en tout Stephen Jay Gould permet d'éclaircir notre compréhension de l'évolution et de notre origine. A partir de cas précis et souvent surprenants ou amusants (il met Mickey à contribution) , avec des titres intrigants ( Pourrions-nous tenir dans une cellule d'éponge? Les dinosaures étaient-ils stupides? Un quahog est un quahog) ils nous amène à un approfondissement de nos connaissances . C'est du grand art.
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Il s'agit du 2e volume des « Réflexions sur l'histoire naturelle » du regretté S.J. Gould.
Parmi les 31 articles qui concernent divers sujets et énigmes de l'évolution, on peut dégager deux principes fondamentaux, qui sont les mutations génétiques aléatoires et la sélection naturelle. L'évolution n'a pas de but déterminé : la plupart des espèces sont issues de mutations hasardeuses, et sont parfois soumises à un certain “bricolage” de la vie.
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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
J'espère que personne ne tenterait de nos jours de classer les races et les sexes par la taille moyenne des cerveaux. Mais la fascination qu'exerce sur nous la base physique de l'intelligence est toujours aussi vive et l'espoir naïf demeure dans certains milieux que la taille ou quelque autre caractéristique extérieure dépourvue d'ambiguïté puisse traduire cette complexité interne. Cette doctrine liant quantité et qualité est toujours en nous sous sa forme la plus grossière consistant à utiliser une quantité aisément mesurable pour évaluer abusivement une qualité beaucoup plus complexe et difficile à saisir. Cette méthode, que certains hommes emploient pour estimer la valeur de leur pénis ou de leur automobile, est toujours utilisée pour le cerveau.
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En tant qu'admirateur inconditionnel, dans mon enfance, d'Andy le panda et ex-propriétaire d'un jouet en peluche gagné à une kermesse locale un jour où, par chance, j'avais renversé toutes les bouteilles d'un seul coup, je ne me tins plus de joie lorsque les premiers signes de notre dégel avec la Chine se concrétisèrent, au-delà du ping-pong, par l'envoi de deux pandas au zoo de Washington.
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Lorsque j'avais quatre ans je voulais être éboueur. J'aimais le bruit des poubelles qui s'entrechoquaient et le vrombissement du compresseur ; je pensais que toutes les poubelles de New York pouvaient tenir dans un seul gros camion-benne. Puis, à l'âge de cinq ans, mon père m'emmena voit le tyrannosaure au Muséum américain d'histoire naturelle. Alors que nous nous trouvions devant le dinosaure, un homme éternua ; la gorge serrée, je m'apprêtais à prononcer la prière des derniers instants, le Shema Yisrael. Mais le grand animal ne broncha pas, impavide dans sa noblesse osseuse, et à la sortie du musée, je déclarai tout de go que quand je serais grand, je serais paléontologue.
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Je suis, de toute façon, moins intéressé par la taille et les circonvolutions du cerveau d'Einstein que par la quasi-certitude que des individus d'un talent égal ont vécu et sont morts dans les champs de coton et dans les mines.
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« Eldredge et moi faisons référence à ce mécanisme sous le nom de système des équilibres ponctués. (...) Si le gradualisme est plus un produit de la pensée occidentale qu’un phénomène de nature, il nous faut alors étudier d’autres philosophies du changement pour élargir le champ de nos préjugés. Les fameuses lois de la dialectique reformulées par Engels à partir de la philosophie de Hegel, font explicitement référence à cette notion de ponctuation. Elles parlent par exemple de ’’ la transformation de la quantité en qualité’’. La formule laisse entendre que le changement se produit par grands sauts suivant une lente accumulation de tensions auquel un système résiste jusqu’au moment où il atteint le point de rupture. »
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