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EAN : 9782020099332
435 pages
Seuil (01/02/1988)
4.17/5   40 notes
Résumé :
Première édition en anglais : 1985. Traduction en français : 1988.

A l'heure où la biologie, toujours plus moléculaire, se mue peu à peu en science « dure », toujours plus volontiers déterministe, l'histoire naturelle pourrait faire figure de relique désuète d'un passé révolu.

L’œuvre de Stephen Jay Gould, à elle seule, suffit à montrer qu'il n'en est rien. Les subtilités de l'évolution - sans cesse remaniée par des circonstances for... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
J'ai découvert par hasard la série « Réflexions sur l'histoire naturelle » de Stephen Jay Gould, bien qu'ayant déjà lu l'un de ses livres, et je me suis lancé ainsi dans la lecture du quatrième tome (oui je prends le train en marche) intitulé « le Sourire du flamant rose ».

Le livre est en réalité un recueil de publications parues dans le magasine « Natural History » organisé comme ceci :

1. Zoonomia et exceptions
Dans cette première partie, Gould résout le problème du sourire du flamant rose et discute de la vie à l'envers en général et des adaptations qui en découlent. Puis s'attaque aux légendes et principalement au cannibalisme sexuel bien connu des mantes pour arriver sur les siamois et la notion d'individu qui pourrait être discuté et enfin élargir ce problème au règne animal avec l'étude des cnidaires coloniaux. C'est à la fois le concept de sélection naturelle et d'organisation de l'organisme qui est discuté ici principalement.

2. Théories et intuitions
La seconde partie reprend quelques théories farfelues chères aux créationnistes de notre temps. Parmi elles, l'idée des fossiles et du nombril placés par Dieu pour matérialiser « l'avant », l'interprétation des moraines et autre matériels détritiques dus à la dernière glaciation comme signe du déluge, la datation de la Terre dans la connaissance de la radioactivité par Kelvin et enfin le débat préformationnistes contre épigénétiens. Gould met en évidence le contraste entre les créationnistes de l'époque ayant réfuté leurs propres théories et les créationnistes de notre temps, ne faisant que croire en des théories réfutés par les leurs.

3. L'importance de la taxinomie
Etude de la sexualité des hommes comme base de classification, phylogénie des gastéropodes des Bahamas, classification raciale de l'Homme et évolution accidentelle, théorie de la classification par le chiffre 5. Tant de sujet tournant autour de la classification de la biodiversité actuelle et passée.

4. Les tendances et leur signification
On assiste ici à des pistes pour élucider l'histoire du vivant à travers l'extinction de la faune d'édiacara précambrienne, des conodontes, de la faune de Burgess, et des problematica, ces fossiles encore non identifiés. Les causes des extinctions seront d'ailleurs discutées dans la partie 8.

5. Politique et progrès
La partie la plus repoussante de ce recueil, non pas que ce soit inintéressant, mais on touche ici à la classification raciste de l'Homme, à l'eugénisme des années 20, à l'exhibition de la vénus hottentote et on termine sur un programme eugéniste actuel, montrant bien que toute cette folie n'est pas derrière nous.

6. Darwinia
En tant qu'amateur d'histoire et d'anecdote concernant mes disciplines favorites, je dois dire que l'histoire balayant la légende de Darwin sur les pinsons m'a laissé sur le cul ! de même que l'origine du maïs d'ailleurs pris comme exemple dans les nouveaux programmes SVT de lycée, j'aimerai bien savoir à quelle théorie les professeurs se rattachent !

7. La vie ici et ailleurs
Après être resté sur Terre, nous partons dans le monde fantastique des esprits, de l'intelligence dans l'univers et du programme SETI se proposant d'être à l'écoute d'une quelconque technologie extra-terrestre. Discussions intéressantes autour du point de vue des évolutionnistes. On est tous d'accord qu'un E.T. humanoïde à peu de chance d'exister…

8. Extinction et continuité
Enfin le livre se termine sur les hypothèses quant à l'extinction des dinosaures et un article troublant sur l'existence d'un second soleil nommé « Nemesis », source d'une cyclicité dans les extinctions massives ou non. C'est assez drôle de voir que Gould tend à espérer que cette théorie sera vérifiée alors qu'elle est majoritairement rejetée actuellement !

Bref un livre de vulgarisation d'une grande qualité, une source de culture incroyable, bourré d'anecdotes et de pointes d'humour qui rendent la lecture plus qu'agréable. C'est avec tristesse que je referme ce livre mais avec impatience que je me suis commandé la suite!
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Ce livre est le 4e recueil d'articles publiés mensuellement par Stephen Jay Gould dans la revue américaine National History Magazine. Cette sélection de « réflexions sur l'histoire naturelle » évoque comme dans chaque opus des thèmes chers au plus célèbre des paléontologistes américains.
Dans le prologue, il révèle d'ailleurs quelques-unes de ses préoccupations quant à l'écriture de ses articles (cf. la rubrique « citations »).
Dans le premier article, qui a donné son nom au recueil, Gould montre que ce qu'il y a de plus remarquable chez le flamant rose, ce n'est pas sa couleur (pourtant « flamboyante »), mais, du point de vue de la théorie de l'évolution, c'est la forme et l'utilisation qu'il fait de son bec. (Retournez l'animal, et vous admirerez alors... le sourire du flamant rose !)
Viennent ensuite, pèle-mêle, des articles sur : le cannibalisme supposé de certaines espèces (la mante religieuse par exemple), les « déluges » et les glaciations, le fait que la variabilité de l'espèce humaine n'a pas conduit à ce qu'on puisse parler de « races » différentes (et sur le plan de la variabilité, le groupe sanguin est bien plus distinctif que la couleur de la peau), les rythmes d'extinction des espèces, les animaux rangés dans la nomenclature binomiale sous l'épithète spécifique « problematica », la théorie erronée de la « chaîne du vivant », la Vénus hottentote, l'eugénisme, la légende entretenue sur Darwin qui aurait « tout compris » aux Galápagos, l'histoire des plantes cultivées et l'idée de « monstre prometteur », les propriétés émergentes du vivant, la lutte continuelle qu'il mène contre les créationnistes, et encore bien d'autres sujets dont la lecture ravit l'esprit.
En écrivant ces lignes, je mesure que ce n'est pas si évident de donner envie de lire Gould à ceux qui ne le connaissent peut-être pas encore. Ce qui est intéressant avec les « réflexions sur l'histoire naturelle » (la série comporte 10 livres qui peuvent être lus indépendamment les uns des autres) est difficilement appréciable dans une critique ou par quelques citations. Tout cela est trop partiel. Cela ne reflète pas la richesse de sa pensée. Car ce qui est intéressant chez Stephen Jay Gould, ce sont les raisonnements qu'il mène. Je pourrais en parler pendant des heures, mais cela ne servirait à rien, je crois qu'il faut tout simplement le lire.
Juste une chose quand même : ce livre occupe une place toute particulière dans l'abondante bibliographie de l'évolution des espèces. Publié en 1988, Gould y donne une vision de la réalité de la nature beaucoup plus complexe que la théorie darwiniste « orthodoxe », un peu figée et un peu « satisfaite », n'en donnait. Les nouveaux éclairages qu'il donne, dans l'ensemble de ses articles rassemblés ici, sur certains concepts considérés comme bien établis, avait alors révolutionné un peu la discipline. Certaines certitudes s'écroulaient, et les découvertes ultérieures en biologie lui ont donné raison.
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Le recueil réfléchit sur les grands thèmes de l'histoire naturelle à travers une large variété de cas d'études (29 essais) : cannibalisme de la mante religieuse, fossiles archaïques, escargot changeant de sexe, hésitations de Darwin, enfants siamois, origine du maïs, eugénisme, rapport de Kinsey sur la sexualité, etc. Il exprime des considérations scientifiques, mais aussi humaines, morales et même politiques.

L'essayiste n'hésite pas à s'étendre sur des théories improbables ou dépassées (en 1985), afin d'en éclairer les faiblesses méthodologiques. Gould explique de même certaines théories anciennes, bien fondées eu égard au savoir d'une époque, mais que des découvertes ultérieures discréditèrent (il en va ainsi pour les spéculations antérieures aux avancées de la génétique). Bien qu'instructives, ces considérations historiques peuvent frustrer un lecteur en attente de notions théoriques actualisées.

Un livre très abordable, extrêmement didactique, agrémenté de remarques récréatives. S'il date un peu – il n'est pas encore question de réchauffement climatique ni de protection de la biodiversité –, ce qu'énonce Gould contribue à une connaissance adéquate de l'histoire naturelle grâce à un propos soucieux d'informer sur la base de cas édifiants.


Lien : https://christianwery.blogsp..
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Stephen J Gould ou comment tout comprendre en zoologie, biologie, geologie, évolution une fois qu'on l'a lu.
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CF P Picq, Darwin ....
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
« ...je me suis fixé une règle d'or dans la conception de ces essais : pas de compromis. Mon désir est de rendre le texte accessible : j'en élimine donc le jargon et je donne toutes les définitions nécessaires. Mais je ne simplifie en aucun cas les concepts. (…) Je classerai ainsi les essais de ce livre en trois catégories. La plupart d'entre eux sont des exercices de recherche personnelle, dont certains, du moins c'est ce que je crois, permettent de mettre en lumière une nouvelle interprétation de choses connues... (…) Dans une seconde catégorie d'essais, j'expose les découvertes ou les interprétations de certains de mes amis et de mes collègues, tout en les mettant à ma sauce personnelle. Dans le troisième type d'essais, j'aborde des thèmes généraux qui auraient besoin d'être renouvelés : j'essaie de les illustrer à l'aide de paradoxes ou d'exemples inhabituels. (…) Ma profession, la paléontologie, prend en compte un thème plus vaste encore que celui de l'évolution : la nature et le sens de l'histoire. L'histoire emploie l'évolution pour structurer la distribution des phénomènes biologiques au cours du temps. L'histoire renverse cette image stéréotypée que nous avons de la science : une démarche précise, sèche, qui dépouille tout phénomène complexe de son caractère unique et le réduit à une expérience de laboratoire, contrôlée, intemporelle, et reproductible à l'envi. Les sciences historiques ne sont pas mineures, elles sont différentes. Elles sont vouées aux méthodes comparatives, qui ne sont pas toujours expérimentales. Elles expliquent mais en général elles n'essaient pas de prédire. »
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« Nous supposons parfois que l'histoire de la science est une inexorable marche vers le progrès, fondée sur l'accumulation objective de données dont la qualité s'améliore sans cesse. (…) Le progrès de la science ne procède pas uniquement de l'accumulation de données nouvelles : il exige des contextes et des cadres intellectuels nouveaux. Et d'où proviennent ces visions du monde fondamentalement neuves ? Elles ne surgissent pas seulement de l'observation pure et simple, mais de l'exercice de nouveaux modes de pensée. Et où les trouve-t-on, puisque les modes de pensée d'une époque ne contiennent pas les métaphores nécessaires à la suivante ? Le vraie génie réside sans doute dans cette aptitude intangible à faire surgir de nouveaux modes de pensée d'un chaos apparent. Les jeux de l'imprévisible et du hasard qui façonnent la science sont également tributaires de la difficulté fondamentale de cette tâche. »
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« … Dans notre grande naïveté, nous pensons souvent que le manque de données constitue le principal obstacle au progrès – découvrez les faits qui complètent votre série de données, et les difficultés s'aplaniront. Mais les barrières sont souvent plus profondes et plus abstraites. Nous n'avons pas seulement besoin de données brutes, il nous faut également disposer d'une formulation adéquate. Ceux qui révolutionnent la pensée humaine ne sont pas avant tout ceux qui collectionnent le plus d'information, mais ceux qui conçoivent la trame de nouvelles structures intellectuelles. »
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Tout travail scientifique est une réalisation communautaire et non pas l'oeuvre d'un cavalier seul. Qui sait où Darwin se serait égaré en 1837 sans Gould, sans Owen, et sans la vie scientifique très active de Londres et de Cambridge?
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Si nous comparons le temps géologique avec l'ancien yard anglais qui est la distance comprise entre le nez du roi et l'extrémité de son bras étendu, un coup de lime bien appliqué sur l'ongle de son majeur effacerait toute l'histoire de l'humanité.
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