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3,59

sur 115 notes
Voici un roman policier qui sort largement de son cadre. Outre les qualités de suspense inhérentes au genre, ce roman offre une bonne dose d'humour, une pincée d'ésotérisme et de curiosité (due essentiellement à son attachante héroïne, détective privée), mais c'est aussi un brûlot dénonçant le laxisme des autorités américaines devant le sinistre provoqué par l'ouragan Katrina à la Nouvelle-Orléans en 2005.

C'est un roman qui se lit avec plaisir et intérêt. Plaisir dû essentiellement à la découverte de la plus grande détective du monde, Claire DeWitt auto-consacrée par elle-même (et un peu par ses pairs). C'est un personnage au charisme certain qui ne renonce à rien pour parvenir à ses fins, et surtout pas à un petit joint accompagné d'une bière ou autre alcool euphorisant pour lire dans la mousse ou les vapeurs de beuh des indices pouvant servir sa cause, et celle de ses clients. Ce petit cocktail aide aussi à révéler la personnalité de Claire, son parcours, ses amours, ses mentors, ses ennuis, ses emmerdes.

Roman qui se lit aussi avec beaucoup d'intérêt car les conditions de vie, après le passage de Katrina, sont ahurissantes de... rien. Rien en fait n'a été fait pour secourir au moment du drame les habitants, et rien n'a été entrepris pour reconstruire cette partie du pays un an et demi après. Cette partie là du pays est invisible aux yeux des capitalistes américains. On se souvient d'ailleurs avec quelle célérité le président Bush s'est rendu sur place pour constater les dégâts et le nombre de morts engloutis par cette tragédie.
Les personnages du roman, et plus particulièrement les adolescents sont mis en lumière ici. On découvre avec beaucoup d'émotion leur quotidien, leur manque de repères, les chocs post-traumatiques dont ils souffrent presque tous. Entre drogue, alcool et armes à feu, ils se sont construits un univers digne de Dallas, impitoyable. Mais l'auteur essaie toujours de trouver des circonstances atténuantes à leurs actes, et la lectrice que je suis a largement accepté ce postulat.
Cependant, comme elle le déclare plusieurs fois, le « happy-end » n'existe pas !

Un an et demi après le passage de Katrina, la Nouvelle-Orléans soigne toujours ses plaies béantes. Et Léon, héritier du substitut du procureur Vic Willing, n'en finit pas de se poser des questions sur la disparition au même moment de son oncle. Pour trouver enfin des réponses, il engage la plus grande détective au monde, Claire DeWitt...

Un roman envoûtant où le carnaval, le vaudou, le rêve s'emparent parfois de l'histoire pour estomper l'image de destruction des vies et de la ville. Un roman caustique pour dénoncer le manque de reconnaissance des populations détruites par l'ouragan. Un roman plein d'humour face aux réactions de son héroïne, personnage loufoque et un peu cinglée. Bref de bons ingrédients pour une lecture addictive.
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Un an et demie après l'ouragan Katrina, la Nouvelle-Orléans n'en finit pas de panser ses plaies. Porté disparu lors de l'inondation et déclaré mort, le procureur Vic Willing a légué tous ses biens à son neveu Léon qui aimerait connaître les circonstances de cette disparition. Il fait appel à celle qui s'est autoproclamée meilleure détective du monde, l'étrange Claire DeWitt. Originaire de Brooklyn et exilée à San Francisco, Claire a vécu un temps à la Nouvelle-Orléans, jusqu'à la mort de Constance, son amie et mentor. Dix ans après, elle revient dans une ville dévastée où les séquelles de la tempêtes sont encore très présentes dans les rues et dans l'âme des habitants. Bien décidée à faire toute la lumière sur la mort du procureur, la jeune femme, adepte de Jacques Silette, le célèbre détective français, promène ses démons dans une ville où la violence est devenue la norme.

35 ans au compteur, mais elle en avoue 42 pour paraître plus crédible, Claire DeWitt est l'un des deux atouts majeurs de ce polar noir. Légèrement barrée, mais très confiante en ses capacités, elle est toujours prête pour une biture ou un pétard, même trempé dans l'acide. Son livre de chevet est Détection, l'ouvrage majeur de Silette, un détective français dont Constance, celle qui l'a formée, a été très proche. Cet ouvrage mystérieux détient la clé de tous les mystères, pour peu qu'on puisse en comprendre tous les secrets. Silette est apparu très tôt dans sa vie, quand elle vivait encore à Brooklyn et explorait l'hôtel particulier de ses parents, partiellement désaffecté, avec ses deux meilleures amies, Tracy et Kelly. La disparition de Tracy, un jour de 1987, reste d'ailleurs sa plus grande blessure. Une enquête jamais résolue que Kelly, continue de mener seule, battant froid à Claire depuis qu'elle a abandonné les recherches. Bref, avec ses failles, ses délires, son non-conformisme et ses méthodes très personnelles, Claire DeWitt est un personnage à découvrir et dont la suite des aventures promet d'être haute en couleurs.
Deuxième atout : la Nouvelle-Orléans, touchée mais pas coulée par Katrina, la ville se relève d'un long cauchemar dont les traces restent vivaces. Mystérieuse, secrète, la belle de Louisiane expose ses blessures à la vue de tous ceux qui l'ont regardée se noyer. Drogue, meurtres, vols, agressions en tout genre sont le lot des gangs de jeunes qui traînent leur mal-être dans des quartiers en ruines, livrés à eux-mêmes, sans repères. Corruption, racisme, taux d'homicides le plus élevé du pays, tel est le visage de la Nouvelle-Orléans qui n'a pourtant pas renoncé à sa sève, le carnaval, le vaudou, le mystère. Une ambiance mêlant noirceur et espoir que rend très bien Sara Gran dans ses descriptions d'une ville qui ressemble à une zone de guerre mais que les survivants continuent d'aimer.
L'atmosphère de la Nouvelle-Orléans, une détective atypique, une intrigue qui tient la route, de bons ingrédients pour un polar qui vaut plus pour son ambiance que pour son suspens mais mérite vraiment que l'on s'y arrête. Une belle découverte.
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En commençant ce livre, j'étais très emballée à l'idée de découvrir une nouvelle héroïne, qui plus est originale. Car Claire DeWitt n'est rien de moins que la meilleure détective du monde ! Enfant, avec ses amies Tracy et Kelly, elle a trouvé le livre du mystérieux Silette, un détective français qui a délivré ses secrets dans un livre. Dès lors, elle a su que le métier de détective s'était imposé à elle. Formée par l'une des meilleures, Constance, elle doit dans cet opus résoudre la disparition d'un procureur estimé dans la région de la Nouvelle Orléans, qui vient d'être sinistrée par une forte inondation.
L'autrice s'efforce de créer plusieurs personnages tout en leur donnant personnalité et consistance ; Mike, son ancien acolyte, devenu assistant social pour jeunes en difficulté ; Andray, le loubard au grand coeur, Jake, un privé aussi qui ne vit que pour le livre de Silette et a fini par tant le prendre au pied de la lettre qu'il vit comme un clochard, persuadé d'avoir résolu tous les mystères... Malheureusement, je n'ai réussi à m'attacher à aucun. L'héroïne aurait pu être drôle, elle m'est agaçante ; d'autant que même avec ses trips magie/drogues, elle ne trouve au final quasiment rien !
Le roman s'étire en longueur, on n'apprend pas grand chose sur le disparu, ça part dans tous les sens, ça en devient franchement ennuyeux.
Je mets la moyenne pour saluer l'inventivité de l'autrice, mais je reste déçue et sur ma faim.
Lien : https://clairesalander.wordp..
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Si l'on veut prendre la mesure des conséquences de l'ouragan Katrina sur la population pauvre de la Nouvelle Orléans, alors il faut lire La ville des morts qui dresse un portrait sans concession de cette ville hors du commun.
Claire DeWitt est elle aussi complètement hors normes. Si cette trentenaire est issue d'une vieille famille d'aristocrates, elle a surtout connu l'alcool, la drogue et la dépression lorsqu'elle grandissait à Brooklyn, passant ses journées à graffer dans les couloirs du métro new-yorkais. Et aujourd'hui alors qu'elle se targue d'être « la meilleure détective du monde », elle est toujours franchement «timbrée ».
Lorsqu'elle se lance dans l'enquête sur la disparition du procureur Vic Willing, elle dérange tant de monde dans cette ville sinistrée, que même son commanditaire veut la voir disparaître. Elle se sert à la fois de son sens de l'observation hors pair mais également de tout ce que lui ont appris les personnes qui ont été, dans sa jeunesse, ses maîtres à penser. Et elle va mener une quête acharnée qui, tout en faisant resurgir son passé chaotique, la conduira à une résolution profondément humaine et juste.
J'ai été très touchée par cette détective insoumise et borderline à l'efficacité redoutable et je suis impatiente de la retrouver dans d'autres enquêtes.
Sara GRAN est une virtuose du polar qui donne à ce genre une incomparable dimension, digne des plus grands auteurs de romans noirs.
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Un polar atypique, un cadre envoûtant et un personnage attachant amené à devenir récurrent : trois ingrédients d'une recette qui fonctionne !

2007, la Nouvelle-Orléans se remet difficilement du passage de Katrina. Passé le choc, l'émotion planétaire, les (quelques) secours de première urgence, la ville et ses habitants sont livrés à eux-mêmes et tentent de réapprendre à vivre dans une ville où le chacun pour soi est devenu la règle. Dans la ville des morts, il y a également la Communauté des disparus, tous ceux dont on ne sait pas s'ils se sont noyés, s'ils ont fui dans un état voisin ou s'ils sont toujours vivants, terrés quelque part ou subsistant sous une nouvelle identité parmi les hordes de clochards ou les gangs qui occupent désormais les rues.

C'est le cas de Vic Willing, auparavant substitut du procureur et notable de la Nouvelle Orléans, que nul n'a revu depuis l'ouragan. Son neveu charge Claire DeWitt, détective privée atypique de le retrouver. de retour dans une ville où son destin s'est noué dans une vie antérieure, Claire va mettre en pratique les enseignements de Constance qui fut autrefois son mentor, mais aussi ceux de Jacques Silette - le "pape" français des détectives dont la "bible", Détection, ne la quitte pas - pour résoudre à sa manière une énigme que tous veulent conserver enfouie.

L'énigme en elle-même ne mériterait pas ces 370 pages si elle ne se doublait d'une véritable plongée dans l'ambiance de la Nouvelle-Orléans post-Katrina, à la manière parfois d'un reportage télévisé, plutôt descriptif, mais bien plus souvent comme une tentative - réussie - de nous faire capter cette ambiance si particulière d'une ville cosmopolite qui revient à la vie. Certes, la ville est devenue une zone de non droit où, sous l'effet de l'alcool et des drogues, tout est permis puisque la police ne sait plus où donner de la tête. Les armes font la loi : celles des guns glissés sous les ceintures des caïds de quartiers, comme celle des fusils posés à côté des portes des habitants terrés chez eux.
Mais dans cette atmosphère de chaos, de nombreuses lueurs d'espoir apparaissent. Celles d'une ville qui a l'entraide dans son ADN comme en témoignent les initiatives spontanées de sauvetages et d'accueil lors des inondations. Celle d'une ville qui se reconstruit individuellement, maison après maison, tout doucement, dans la terreur mais avec le souhait de ne pas la laisser aux mains des grands opérateurs immobiliers, rapaces modernes déjà aux aguets. Celle d'une ville enfin dont les traditions de métissages s'illustrent parfaitement dans les groupes de carnaval, véritables familles rassemblées et unies par le sens de la fête et des traditions, qui renaissent chaque année et qu'aucun ouragan au monde ne peut anéantir.

Et enfin, il y a Claire DeWitt. Autoproclamée Meilleure détective du monde, Sara Gran la rend attachante dès les premières pages et s'attache ensuite à poser les différentes pièces du puzzle de son histoire, dont elle ne distille que quelques clés : Claire est appelée à devenir l'héroïne récurrente des prochains opus de Sara Gran, il faut donc garder de la matière pour les prochains tomes. Sans en savoir beaucoup plus, on apprend ainsi des bribes de sa jeunesse : sa relation fusionnelle avec ses "soeurs" Kelly et Tracy aujourd'hui disparue ; Constance qui la prit sous son aile ; mais aussi ses tourments, ses démons, ses influences ésotériques... Bref, amateurs de privés à la Marlowe, passez votre chemin. Vous ne retrouverez aucun des attributs chers à Chandler chez Claire. Et c'est tant mieux !

La suite n'est pas encore parue en France. Dommage...
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La Nouvelle Orléans. Après Kathrina. La "meilleure détective du monde", Claire DeWitt, revient là où elle a vécu et doit résoudre le mystère de la disparition d'un procureur. Elle va devoir se faire au monde de cette ville sinistrée, dévastée, pour démêler le vrai du faux.

C'est pas mal, un peu de mystique, du rationnel aussi. Un peu compliqué à lire, à comprendre. Si ça ne tenait qu'à moi, je dirais que Claire n'est pas nécessairement la meilleure mais il faudrait que je lise d'autres livres du même auteur pour affiner et préciser mon jugement.

A la réflexion, c'est tout de même un peu laborieux à lire. C'est pas mal, ça manque peut-être un peu de passion.
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Autoproclamée meilleure détective du monde, Claire DeWitt est de retour à la Nouvelle-Orléans quelques années après l'avoir quittée. Vic Willing, procureur local a disparu un peu plus d'un an plutôt, dans les jours qui ont suivi le passage de l'ouragan Katrina, et son neveu et héritier voudrait que Claire fasse la lumière sur cette disparition même si tout semble indiquer que Willing est mort.
Claire DeWitt va donc exercer ses incomparables talents, y compris, à partir d'un moment contre l'avis de son client, peu convaincu par ses méthodes. Car Claire suit les préceptes de Jacques Silette, talentueux détective français auteur d'un livre, Détection, dans lequel elle puise son inspiration. Or Silette, anticonformiste génial, à moins écrit un manuel de détective qu'un recueil d'aphorismes obscurs interprétables de mille et une façons et Claire, instable, prompte à essayer les drogues qui lui passent sous la main et sûre de sa supériorité intellectuelle tend à voir tous les éléments sous la lumière de Détection, c'est-à-dire d'une façon toute personnelle, incluant délires hallucinogènes, interprétation de ses rêves ou poursuite de pistes relevant moins de l'enquête que du hasard.
Ces éléments font de la ville des morts un drôle de roman, parfois déstabilisant, toujours étonnant et, par ailleurs, permettent à Sara Gran de s'affranchir assez souvent de cohérence ou, à tout le moins, d'explications. Ainsi Claire DeWitt peut-elle sans problème entrer dans différents logiciels de la police ou de l'État sans donner d'autre justification que le simple fait qu'elle est la meilleure détective du monde. Si cela peut s'avérer un peu déconcertant de prime abord, le roman de Sara Gran n'en demeure pas moins prenant grâce à l'atmosphère que met en place l'auteur. Exploitant efficacement l'ambiance particulière de la Nouvelle-Orléans post-Katrina, jouant à l'équilibriste sur le fil tendu entre le polar et le fantastique, s'amusant avec la figure classique du détective qu'elle malmène autant qu'elle lui rend hommage avec son héroïne, Sara Gran livre un roman unique en son genre dans lequel se mêlent enquête, quête de soi et portrait sans fard d'une ville corrompue jusqu'à la moelle, violente et envoutante. Malmenées mais dures à cuire, charmantes, fragiles mais volontiers méchantes, Claire DeWitt et la Nouvelle-Orléans, sont deux personnages qui se complètent et font de la ville des morts un livre très recommandable.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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Un grand merci à Babelio et son Masse Critique (et bien entendu, un grand merci aux éditions du Masque aussi), qui m'a permis, comme à chaque fois, de découvrir un nouvel univers à la fois déroutant et sympathique.
Claire DeWitt est une détective privée, pardon, LA détective privée incontournable pour tout mystère en déroute. Léon la contacte pour qu'elle élucide le mystère qui entoure la disparition de son oncle, procureur à La Nouvelle Orléans, qu'on n'a plus revu depuis la terrible tempête qui a dévasté la ville. Car il est persuadé qu'il ne s'est pas noyé comme d'autres, non, il a disparu pour d'autres raisons et c'est Claire qui est chargée de découvrir pour laquelle.
Alors, équipée de son célèbre Détection du maître incontesté Silette ès privé, la jeune femme, qui prétend à la quarantaine pour mieux gagner en crédibilité, revient dans cette ville qu'elle avait quittée des suites de la mort prématurée de celle qui l'avait formée…

Rien que pour le personnage De Claire, il faut lire ce livre. Pour l'histoire, je ne dis pas. le rythme est un peu lent je trouve, mais finalement, fidèle au genre du privé sur fond de jazz à la Nouvelle Orléans. Pour cette fois, le charme des années 20 a cédé la place à la mélancolie et au tragique qui ont suivi la tempête dévastatrice. L'auteur nous plonge dans ce climat plus actuel et plus dur peut-être, sans pour autant tomber dans la déprime. Je n'ai appris la catastrophe que du fin fond de ma petite France, à l'époque, bien loin de toute cette horreur et j'ai finalement été contente d'en apprendre un peu plus sur l'atmosphère et l'ambiance, sur la réalité pour les habitants, et surtout sur cette ville, tempête mise à part, qui m'a toujours attirée. La vie difficile des jeunes livrés à eux-mêmes et qu'il est impossible de blâmer lorsqu'ils tombent dans la drogue, les miséreux qui traînent leurs guêtres deci delà, le carnaval et son folklore…
Claire est un personnage plus qu'attachant. Elle est complexe, avec sa vie un peu paumée, ses mystères non élucidées qui plombent son quotidien et, parmi le plus douloureux, celui de la perte de son amie jamais retrouvée, son aplomb et sa capacité d'observation inimitable, ses vices alcool et drogues, sa témérité qui frôle plutôt l'inconscience, son franc-parler et son désir de connaître cette terrible vérité, même si cela implique tristesse et désillusion.
Elle est unique, humaine, drôle, intelligente, inconsciente et surtout folle… (j'ai presque envie de dire qu'elle me ressemble mais vous trouveriez que j'exagère !). Bref, elle a tout pour plaire !

À lire, pas pour découvrir un coup de coeur ni une grande découverte, mais pour passer un bon moment au côté d'un privé à la Nouvelle Orléans.
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Premier opus mettant en scène Claire DeWitt, une détective assez étrange, je me suis prise au jeu de ce polar pas comme les autres. Si l'action se situe après le passage de Katrina, j'ai pourtant eu l'impression de lire un roman des années 30, on m'aurait parlé prohibition, ça ne m'aurait pas dérangé, vous savez, j'avais en tête, cette façon de parler narrative de certains films un peu trainante, où le personnage nous racontait ce qui lui était arrivé (OK ma référence c'est qui veut la peau de Roger rabbit mais que voulez vous, j'adore ce film!!) La façon dont est écrit ce roman, c'est un peu ça et ça fonctionne à la perfection même si ça surprend au début.

Le personnage de Claire est également…. un personnage. Elle est complètement border , elle est extrême, elle croit en certaines choses, lance des dés pour savoir quoi faire, voit en les rêves des directions à prendre ou des messages qui la guide. Elle n'est pas commune, elle est tout en incomparable. J'ai vraiment apprécié la découvrir. Elle renferme de nombreux mystères et j'ai très envie de découvrir la suite des ses aventures.

L'enquête est plutôt pas mal, pleine de signe, de coïncidences troublantes. Même si ce roman est un poil long, finalement on se laisse prendre au jeu et on le lit avec plaisir. Une jolie découverte.
Lien : https://loeildesauron1900819..
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J'étais donc assez curieuse et surtout ravie de retrouver une de mes villes américaines préférées : la Nouvelle-Orléans.

Serais-je malchanceuse ? Car j'enchaine depuis quelque temps des lectures de policier assez décevantes, et surtout je trouve les personnages principaux (flics ou détectives privés) trop caricaturaux ou qui me laissent indifférente ? Claire DeWitt, le personnage principal, était pourtant assez prometteuse – et d'ailleurs, on est déjà en train d'adapter au cinéma sa première enquête.
Il m'est difficile de rédiger ce billet tant mes impressions à son sujet sont mitigées – d'un côté, il y a Nola – la ville de tous les fantasmes – du carnaval, du vaudou, des fantômes et depuis Katrina, la ville des morts. Et là-dessus, rien à dire : le roman tient toutes ses promesses. Je me suis attachée à Nola comme le personnage principal de ce livre. Une ville aux facettes multiples, à l'histoire compliquée mais passionnante, violemment frappée par l'ouragan Katrina en 2005. On peut remercier les architectes français de l'époque, qui se méfiaient déjà des eaux du Golfe et de la fragilité des digues et ont construit le Vieux Quartier Français bien au-dessus du niveau de la mer. Malheureusement, le reste de la ville ne sera pas épargné et les morts et disparus se compteront par centaines.

L'un d'eux s'appelait Vic Willing – substitut du Procureur. Il a disparu la nuit du 25 août 2005. Son corps n'a jamais été retrouvé. Son neveu, Leon Salvatore s'interroge : un clochard l'a vu au lendemain de la tempête, encore en vie. Il décide d'engager la détective privée Claire DeWitt – bien qu'originaire de New York, la jeune femme accepte. Claire sort d'une longue période de doute – elle a même été quelque temps se reposer pour soigner une dépression.

La jeune femme a plusieurs fantômes, comme celui de son amie d'enfance, disparue sur le quai d'une station de métro new-yorkaise quand elles avaient 15 ans, et celui de Constance, la femme qui l'a formée au métier de détective à la Nouvelle-Orléans avant d'être tuée. La jeune femme cherche l'oubli dans toutes les formes d'addiction : la drogue, l'alcool – la fuite. Elle profite de cette enquête pour laisser ses penchants naturels parler : elle boit et dort avec les clodos, fume toutes sortes de pétard avec des jeunes hommes noirs dont Andray. Celui-ci a laissé ses empreintes partout chez la victime. Mick, ancien détective privé et ami De Claire lui dit qu'il avait été engagé pour nettoyer sa piscine et qu'il avait sympathisé avec le procureur. Mais Claire sait qu'il lui cache des choses. Andray revient sur cette fameuse nuit : la peur d'être oublié par les secours, entouré par les eaux montantes, la fuite jusqu'au stade de football puis l'évacuation forcée vers le Texas.

L'ouragan est dans tous les esprits – certains ne sont pas revenus, d'autres si mais ils n'ont plus jamais retrouvé le sommeil. Nous sommes en janvier 2007, à peine an et demi après les faits – des quartiers entiers sont encore dévastés et désertés par ces habitants. Une ambiance funeste règne sur la ville.
Sara Gran tenait entre ses mains un scénario parfait et un lieu d'action magnifique : Nola au lendemain de la tempête. Mais l'auteur américain a voulu donner de l'épaisseur à ses personnages – ce qu'elle réussit parfaitement avec Andray, Mick ou dans les chapitres consacrés à l'adolescence De Claire à New-York avec ses meilleures amies et la disparition soudaine de Tracy. Mais pour le personnage principal, Claire : elle a bien trop chargé la barque !

Le personnage en devient ridicule. A croire que le boulot de détective privé est proche d'une mission divine. A en croire, le fameux Jacques Silette, le détective privé (français, sonnez les clairons!) qui a écrit en 1959 la bible qu'ils s'arrachent tous : Détection. Et depuis, apparemment, les plus grands détectives ne vivent, ne mangent, ne respirent que du Silette et Claire nous assomme avec ses déclarations : « Ouvre-les yeux, les questions sont plus importantes que les réponses, les indices sont autour de toi, Dieu t'attend et te reconnaîtra (et t'ajoutera à sa table)…« .

L'exemple le plus frappant ? Jack Murray, un super détective des années 90 qui ne connaissait pas Silette et qui après l'avoir lu, trouve la foi et quitte tout. Il refuse l'argent, quitte son épouse et finit à la rue. Clodo et alcoolo – mais quand il croise Claire – il lui dit qu'il est heureux ainsi. Car il a entendu la voix de Silette. Pour ma part, cet aspect sectaire du roman a eu vite fait de m'énerver, puis de me lasser.

L'autre partie énervante et caricaturale : la police de la Nouvelle-Orléans (mais même au-delà de la Louisiane) qui est décrite comme nulle et incapable de résoudre le moindre meurtre. Pire, ils participent à un système où ils arrêtent sans preuve et où les procureurs sont tous corrompus et au final, 90% des accusés ressortent libres – pas uniquement les trafiquants de drogue mais les meurtriers également. Sans les détectives privés, et surtout Claire DeWitt – aucun homme ne paierait pour ses actes. Alors oui, certains passent entre les mailles du filet, oui il y a quelques flics ripoux – mais décréter que c'est la police toute entière et le système judiciaire, ça fait un peu mal. Surtout quand, comme moi, on a bossé sur le système judiciaire américain (la peine capitale) et qu'on connaît très bien l'un des pires pénitenciers américains, Angola – qui se trouve en Louisiane. Où les détenus y meurent de vieillesse et ne sortent pas au bout de deux mois, comme le prétend Miss DeWitt – ça finit par énerver la lectrice que je suis.
Ah oui, vous ne le saviez pas mais Claire DeWitt le répète au moins cinq fois : c'est elle la meilleure détective au monde. Oui, rien que ça. Mon souci ? C'est qu'au bout de 161 pages (j'ai regardé), elle n'a rien trouvé – rien fait. Elle a délégué la paperasse à son ancien pote et préfère passer son temps à trainer dans les rues, avec les jeunes, les clodos, se faire tabasser, entendre la voix d'outre-tombe de Jacques Silette lui dire sans arrêt d'écouter, de regarder autour d'elle .. Bref, on finit par s'ennuyer. Et même Léon la vire.

Mais Claire refuse d'abdiquer – d'ailleurs, elle le sait – elle trouvera l'assassin du procureur. La preuve ?

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