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Critique de Melpomene125


Les salauds devront payer… Un roman au titre et au dénouement percutants ! Mais qui sont les salauds et qui doit être vengé ?

Je remercie Sociolitte qui, par sa critique, m'a fait découvrir cet auteur que je ne connaissais pas et ce roman à mi-chemin entre roman social, historique et policier.

Dès le début, j'ai été à la fois intriguée et captée car Emmanuel Grand évoque le passé récent de la France, lié à la décolonisation, à travers les personnages de Douve, alias Edouard Vanderbeken, Dubus et Barjo qui se sont rencontrés lorsqu'ils étaient militaires, pendant les guerres d'Indochine et d'Algérie. Quand il quitte l'armée, Edouard Vanderbeken devient chef du personnel à l'usine métallurgique Berga.

Un commandant de l'OAS, une organisation secrète qui s'opposait à De Gaulle et voulait que l'Algérie reste française quitte à utiliser la violence terroriste, recommande cet ancien combattant au PDG Devrard. Celui-ci « tient dans ses mains les deux tiers de la production française de plomb » et est à la tête d'une usine qui compte mille ouvriers « dont le moins qu'on puisse dire est qu'ils ne se laiss[ent] pas tondre la laine sur le dos comme de gentils agneaux ». Beaucoup sont syndiqués à la CGT.

Edouard aura pour mission occulte, en tant que combattant, de participer à une « nouvelle guerre » : la « guerre économique », une « guerre moderne » car « nous avons basculé dans un nouveau monde, où les maîtres mots sont « production », « expansion » et « progrès » et, bien entendu, nous ne sommes pas les seuls à vouloir notre part du gâteau », explique Devrard.

J'ai particulièrement apprécié ce mélange entre histoire récente et problèmes contemporains liés à la désindustrialisation, source de précarité sociale.

Ce ne serait pas un roman policier s'il n'y avait pas un ou des meurtres. de nos jours, en 2015, dans la petite ville imaginaire de Wollaing, dans le nord de la France, Pauline est retrouvée assassinée.

L'usine Berga a fermé depuis 1983 et le site est désormais abandonné. Toutes les tentatives de reprise d'une activité industrielle se sont soldées par de cuisants échecs. de nombreux habitants, à l'instar de Pauline, fille de Rémy Leroy, un ancien de Berga, ont des difficultés à avoir un avenir professionnel et empruntent de l'argent sur des sites Internet. Freddie Wallet, lui aussi un ancien de Berga, et Waterlos sont chargés de convaincre les mauvais payeurs de régler leurs dettes. Ont-ils tué Pauline ?

Ils font au départ figure de coupable idéal. Mais lorsque des anciens de Berga commencent à mourir à leur tour, le commissaire Buchmeyer, se demande si la solution de l'énigme ne serait pas dans le passé et l'histoire conflictuelle des anciens salariés.

Ce roman est prenant et captivant, riche de plusieurs niveaux de lecture, les personnages ne sont pas caricaturaux. Je me souviendrai, entre autres, d'Erik Buchmeyer et de sa collègue, la lieutenant Saliha Bouazem qui trouve que Buchmeyer parle comme son père : « Elle avait entendu la voix lente et bienveillante de l'ouvrier tourneur de Thionville. Ces paroles pleines de sagesse de celui qui, même s'il ne savait pas lire, avait une compréhension subtile des arcanes de l'âme humaine. »
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