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sur 222 notes
Douve, Barjo et Dubus, trois soldats aux surnoms acquis durant la guerre d'Indochine. Farouchement engagés contre les velléités indépendantistes des populations coloniales, nous suivrons leur radicalisation en les retrouvant au moment des « événements » d'Algérie.
Naviguant dans les eaux troubles de l'extrême-droite française, nos trois compères vont suivre le parcours classique du mercenaire, et finiront par rejoindre l'OAS. Mais une fois les champs de bataille désertés, c'est une autre carrière qu'ils vont embrasser : « Une guerre qui ne dit pas son nom, mais qui, croyez-moi, peut s'avérer plus sanglante que celle que l'on mène avec de la poudre et des canons ». Après ces conflits militaires et politiques, « la guerre économique » peut commencer.

Sous le ciel lourd du Nord de la France, Berga, énorme usine implantée à Wollaing va nourrir la ville et ses environs durant des décennies, jusqu'à ce que les mutations économiques imposent d'autres projets à ces familles. Il va alors falloir trancher dans le vif pour organiser la fermeture de ce complexe sidérurgique : c'est pour cette raison que Douve a été engagé.
40 ans plus tard, c'est une région sinistrée que nous retrouvons. Dévastée par le chômage, tout est bon pour survivre : des petits boulots à des activités plus délictueuses... On peut aussi, d'un seul clic, obtenir 50000 euros auprès de psf.com, comme « prêt sans formalités ». La question est ensuite de savoir si l'on peut rembourser...
C'est le problème qui arrivera à Pauline Leroy, dont on retrouvera le corps après qu'elle ait eu maille à partir avec deux grosses brutes connues pour recouvrer les dettes du prêteur sans vergogne.
Les coupables semblent donc tout trouvés...

Avec un duo classique d'inspecteurs : la jeune dynamique Saliha Bouazem prudente et cartésienne et le commandant Buchmeyer, vieux briscard de la police, tenace et intuitif, l'enquête peut alors commencer. Mais comme les apparences sont souvent trompeuses, ce sont des chemins tortueux qui seront empruntés. D'une écriture simple et précise, Emmanuel Grand nous entraîne dans les méandres d'une intrigue policière rondement menée, sans jamais nous perdre grâce à la fluidité de son style.
Sur un ton bon enfant, proche du roman populaire, c'est tout un pan de notre histoire politique et économique qui défile sous nos yeux : décolonisation, extrême-droite, transformations et crises économiques, chômage, système mafieux, trafic de drogue ou petits boulots. « Ici, les jeunes rêvent tous de devenir joueurs de foot ou stars de la télé. » L'espoir de notoriété reste en effet le meilleur moyen de s'évader des friches industrielles synonyme d'abandon, car il semblerait que ce soit toujours les mêmes qui règlent la facture...
Mais si de nombreux rebondissements jalonnent l'investigation jusqu'à sa conclusion, ce n'est pas simplement pour le suspense. Profond et intelligent, ce polar social à l'efficacité irrésistible ne vous laissera que peu de répit jusqu'à son dénouement et peut ravir les amateurs de policier classique comme ceux du roman noir. Reste à savoir si « les salauds » vont vraiment payer...

Lu en juin 2018.

Mon article sur Fnac.com/Le conseil des libraires :
Lien : https://www.fnac.com/Avec-Em..
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Les salauds devront payer… Un roman au titre et au dénouement percutants ! Mais qui sont les salauds et qui doit être vengé ?

Je remercie Sociolitte qui, par sa critique, m'a fait découvrir cet auteur que je ne connaissais pas et ce roman à mi-chemin entre roman social, historique et policier.

Dès le début, j'ai été à la fois intriguée et captée car Emmanuel Grand évoque le passé récent de la France, lié à la décolonisation, à travers les personnages de Douve, alias Edouard Vanderbeken, Dubus et Barjo qui se sont rencontrés lorsqu'ils étaient militaires, pendant les guerres d'Indochine et d'Algérie. Quand il quitte l'armée, Edouard Vanderbeken devient chef du personnel à l'usine métallurgique Berga.

Un commandant de l'OAS, une organisation secrète qui s'opposait à De Gaulle et voulait que l'Algérie reste française quitte à utiliser la violence terroriste, recommande cet ancien combattant au PDG Devrard. Celui-ci « tient dans ses mains les deux tiers de la production française de plomb » et est à la tête d'une usine qui compte mille ouvriers « dont le moins qu'on puisse dire est qu'ils ne se laiss[ent] pas tondre la laine sur le dos comme de gentils agneaux ». Beaucoup sont syndiqués à la CGT.

Edouard aura pour mission occulte, en tant que combattant, de participer à une « nouvelle guerre » : la « guerre économique », une « guerre moderne » car « nous avons basculé dans un nouveau monde, où les maîtres mots sont « production », « expansion » et « progrès » et, bien entendu, nous ne sommes pas les seuls à vouloir notre part du gâteau », explique Devrard.

J'ai particulièrement apprécié ce mélange entre histoire récente et problèmes contemporains liés à la désindustrialisation, source de précarité sociale.

Ce ne serait pas un roman policier s'il n'y avait pas un ou des meurtres. de nos jours, en 2015, dans la petite ville imaginaire de Wollaing, dans le nord de la France, Pauline est retrouvée assassinée.

L'usine Berga a fermé depuis 1983 et le site est désormais abandonné. Toutes les tentatives de reprise d'une activité industrielle se sont soldées par de cuisants échecs. de nombreux habitants, à l'instar de Pauline, fille de Rémy Leroy, un ancien de Berga, ont des difficultés à avoir un avenir professionnel et empruntent de l'argent sur des sites Internet. Freddie Wallet, lui aussi un ancien de Berga, et Waterlos sont chargés de convaincre les mauvais payeurs de régler leurs dettes. Ont-ils tué Pauline ?

Ils font au départ figure de coupable idéal. Mais lorsque des anciens de Berga commencent à mourir à leur tour, le commissaire Buchmeyer, se demande si la solution de l'énigme ne serait pas dans le passé et l'histoire conflictuelle des anciens salariés.

Ce roman est prenant et captivant, riche de plusieurs niveaux de lecture, les personnages ne sont pas caricaturaux. Je me souviendrai, entre autres, d'Erik Buchmeyer et de sa collègue, la lieutenant Saliha Bouazem qui trouve que Buchmeyer parle comme son père : « Elle avait entendu la voix lente et bienveillante de l'ouvrier tourneur de Thionville. Ces paroles pleines de sagesse de celui qui, même s'il ne savait pas lire, avait une compréhension subtile des arcanes de l'âme humaine. »
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Après l'époustouflant Kisanga, lire « les salauds devront payer » m'a laissée un peu songeuse.
Bien sûr, on y retrouve la présentation de diverses personnalités, n'ayant bien entendu aucun rapport entre eux (au départ). Et puis le soin des détails, que ce soit les décors de certains villages des Flandres, les plats que l'on y déguste (ah, les fricadelles avec frites, le régal !) et ce plat pays avec terrils, laminé par la misère après que les mineurs de fond aient été morts.

Premier tableau : Haiphong, 1952 : Douve casse allègrement du Viet, les « nhaqués » selon ses termes, manipulés par les communistes :
« Nous devons nous aussi semer la terreur. Ne rien lâcher. Punir à tour de bras, pour l'exemple. Devenir pour les nhàqués plus effrayants encore que le Vietminh. C'est cela, messieurs, ou livrer la France aux cocos. Faites votre choix. »

Deuxième tableau, en Algérie, 1957 : après le désastre pour l'armée française de Diên Biên Phu, arête difficile à avaler, il s'agit pour lui et ses comparses d'exterminer tout ce qui bouge, y compris un Algérien décoré de la légion d'honneur pour avoir combattu en Indochine pour la France.
 Peu importe, pense Douve, « Bicots et nhàqués couchaient dans le même lit. le FLN était une organisation marxiste soutenue par l'URSS et par ces enculés du PCF. Comme le Vietminh en Indo. Là-dessus, pas de différence. »

Troisième tableau : Wollaing, 1964 : siège de l'usine métallurgique Berga.
Douve, revenu à la vie civile, toujours aussi hargneux, devient chef du personnel.

Quatrième tableau : Wollaing toujours, 2015, entre Douai et Valenciennes. La misère s'y est décuplée depuis la fermeture de l'usine Berga, et sa conséquence: 25 % de chômeurs, des petits boulots, intérims, CDD, « dans les fast-foods, les stations-service, les supermarchés, les entreprises de nettoyage… Et ceux qui travaillent, travaillent souvent ailleurs, à Valenciennes, à Douai ou à Lille. » Puis 50 %d'alcooliques.
Et la drogue, par-dessus le marché. 
Beaucoup empruntent sur internet, deux gros bras sont chargés de rectifier les non paiements de manière expéditive.

Passons à l'histoire : un meurtre, un autre, et un autre, et en face, deux policiers traînaillant leurs casseroles.
Long, très long, avant un dévoilement des dernières pages, de tonnes de détails ainsi que de personnages inutiles, des noms similaires (Gregory/ Jeremy, Delcourt/ Delcroix, Buchmeyer /Vanderbeken), quelques illogismes, mais, une fois terminé, et en souvenir de ce bijou de lecture qu'a été Kisanga, du retournement de situation qui fait qu'une flic Algérienne « portant les couleurs de la République…interroge (un ancien baroudeur) comme un suspect. Décidément, l'ordre des choses était cul par-dessus tête. », Enfin, la fresque du Nord, je n'en dis pas plus.


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On commence cette lecture en plongeant dans l'histoire récente de la France, 1944 - 1952 -1957 - 1964 ,Brazzaville, Haïphong, Alger, Lyon...

Puis on se retrouve en 2015 à Wollaing petite ville du Nord de la France. Dans cette ville la récession économique a fait des ravages, les habitants restant tentent de survivre économiquement parlant mais aussi psychologiquement. Les commerces ne sont pas tous légaux, loin de là, et les profiteurs (les salauds !) et autres marchands de rêves, en drogue en tout genre ou en billets empruntés à des coûts exorbitants fleurissent comme de la mauvaise herbe dans les gravats des méga usines métallurgiques déchues de la région...

Emmanuel Grand dresse dans son livre, un portrait de Wollaing économiquement et sociologiquement fort. Rappelant ainsi, plein d'autres villes ayant vécu le délitement des grandes usines dans les années 60.

J'ai particulièrement apprécié ce roman dans ce qu'il nous parle de la sociologie de ces territoires mais aussi de l'économie et de la politique ayant façonné les lieux mais aussi les gens.

Mais ce roman c'est aussi un polar et c'est l'enquête sur le meurtre de Pauline Leroy qui va déclencher toute une série d'autres meurtres qui va être au coeur de l'histoire de ce livre.

Cette enquête va se pencher sur les différents personnages liés à Pauline, que ce soit, son père, ses amis, son petit ami, son médecin, ses dealers, son employeurs, ses prêteurs véreux...

L'enquête va être réalisée par un duo, celui de Saliha Bouazem et d'Eric Bouchmeyer.

Ils sont mis en duos et ne se connaissent pas l'un et l'autre et vont avancer à leur manière sur l'enquête.

J'ai bien aimé ce duo et si la jeune femme est un personnage intriguant, je pense que l'auteur à surtout travaillé son personnage masculin de Buchemeyer, qui d'ailleurs m'a beaucoup plu ( un soupçon d'Adamsberg à la Vargas mais beaucoup moins tourmenté et plus coquin/macho.. ). Saliha quant à elle, est un peu plus en retrait (d'ailleurs étonnamment la 4ème de couverture n'en fait même pas mention...) pourtant elle sera là pour faire avancer l'enquête première.

Néanmoins, à mon avis, ce duo gagnerait à être un duo récurrent, il y a matière à travailler et à étoffer les personnalités de ces deux flics et à les remettre en duo pour élucidés des enquêtes. Mais bon ce n'était peut être pas dans l'idée de l'auteur, tout ne doit pas se décliner en série...

Le meurtre de cette jeune femme va déclencher toute une série d'autres meurtres et ceux-ci vont obligés Buchemeyer à remonter dans le passé des différents protagonistes pour essayer de comprendre.

Le lien commun de la plupart des personnages c'est l'usine de Berga, tous y ont travaillé d'un côté comme de l'autre, ouvriers ou patrons, syndicalistes et politiques.

Ainsi, Eric Buchmeyer va poursuivre ses recherches sur l'usine et essayer de comprendre l'histoire de celle-ci et d'établir les différentes connexions et points d'achoppement entre les personnages.

J'ai suivi avec intérêt cette enquête, et j'ai tourné les pages avides de comprendre les différents liens entre les personnages.

Poser ce polar en pleine région du Nord est une très bonne idée tant l'histoire économique, sociale et politique d'un territoire, imprègne les gens qui y vivent . Qu'ils deviennent des salauds ou qu'ils tentent de survivre dans une violence parfois extrême.

Un polar addictif pour moi, qui m'a fait engloutir les pages en peu de temps, les meurtres s'enchaînent et tout va alors s'imbriquer, se relier... Jusqu'à la dernière pièce d'un puzzle qui nous laisse chaos... enfin je veux dire KO.

Je ne vous parle pas en détail de tous les protagonistes car je ne veux pas dévoiler l'intrigue qui fait partie intégrante de la réussite de ce livre (comme tout polar...) , à vous de faire leur connaissance.

Merci à l'auteur pour cette chasse aux salauds en pays du Nord
en compagnie de ce duo attachant.

Bonne lecture et bon courage à tous !
Portez-vous bien, protégez-vous et lisez !
Lien : https://imagimots.blogspot.c..
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Un livre ou il convient d'être patient pour voir la trame émergée. le début est pour le moins embrouillé. Nous sommes trimballés dans les anciennes colonies françaises sur fond de guerre (Vietnam, Algérie). Descriptions détaillées, moult protagonistes, situations complexes, je me suis demandé ce que je faisais là. Ayant lu, il y a peu, Terminus Belz, j'ai persévéré. Mais je n'ai jamais réussi complètement à reprendre le cours de ce récit, je suis toujours resté à distance.
Nous sommes à Wollaing petite ville minière du Nord de le France; pardon des Hauts de France. La principale usine a fermé, la misère, le chômage sévissent dans la région. Pour emprunter de l'argent il y a toujours une solution, mais gaffe si vous ne remboursez pas, vous risquez votre vie. Pauline, une jeune toxico, l'a appris à ses dépens.
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Wollaing dans les Hauts-de-France, 25 % de chômeurs, 50 % d'alcooliques. La vie semble s'être arrêtée au moment de la fermeture de l'usine métallurgique, au milieu des années quatre-vingt. Dans cette ville sinistrée, des offres de crédit d'une banque qui ne réclame aucune garantie représentent un secours à court terme. Le problème, c'est que si l'emprunteur ne respecte pas l'échéancier, l'organisme lui envoie des recouvreurs de dettes redoutables. C'est ce qui arrive à Pauline Leroy après qu'elle ait cessée de rembourser les traites de son crédit de cinquante mille euros. Quand son corps est découvert dans un champ quelques jours plus tard, tous les regards se tournent vers les gros bras du créancier. La police débute l'enquête dans une ville qui reste marquée par les conflits sociaux qui ont accompagné la liquidation de l'usine. Trente-cinq ans plus tard, les rancoeurs restent vives. L'abcès de ces tensions larvées gonfle et s'apprête à crever. «Les Salauds devront payer», il est temps de solder les vieux comptes d'un passé qui ne passe pas…

Dans ce roman, le Nord apparait sous une lumière crue. C'est une terre grise et plate à en pleurer où seuls des terrils et des friches industrielles se dessinent à l'horizon. L'auteur décrit ces villes postindustrielles frappées par la crise. Pour éclairer les origines de cette violence et de cette précarité, il revient sur la décolonisation et la désindustrialisation. Les clefs de nos drames actuels se trouvent dans ce passé. Le commandant Buchmeyer l'a bien compris puisqu'il décide d'interroger les anciens acteurs de ces luttes et de consulter les archives sur la fermeture de l'usine. L'histoire est parfaitement romancée et agréable à lire. L'intrigue policière insuffle une tension permanente au récit. Seule ombre au tableau, le dénouement m'a paru tiré par les cheveux. Si j'ai été déçu par «Terminus Belz», le résumé de la quatrième de couverture m'a convaincu de lire un nouveau roman d'Emmanuel Grand. Et heureusement car ce "polar social" est une excellente surprise.
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Je ne me souviens plus quel lecteur (ou lectrice d'ailleurs) m'a parlé  de ce livre. Ou bien tout simplement est-ce moi, mon instinct "livrovore" qui, au hasard d'un article ou d'une chronique, a décidé de découvrir l'écriture d'Emmanuel Grand.
En tout cas, j'ai dévoré Les salauds devront payer.
Il faut dire que le premier tiers du livre, je ne l'ai pas vu passer, happé  dès les premières lignes. 1952, je me suis retrouvé engagé, au côté d'un groupe de soldats, en pleine guerre d'Indochine. Après Haiphong et les horreurs du conflit,  me voici propulsé en Algérie. 1957, nouvelle guerre, nouvelle tragédie toujours les mêmes hommes, aguerris, insensibles, violents...
Nouveau saut dans le temps. 1964, Nord de la France, on a rangé  les armes, les conflits syndicaux ont remplacé les conflits guerriers. L'industrie est en plein essor, jusqu'à quand ?
De nos jours, le corps d'une jeune fille, Pauline Leroy, est retrouvé sans vie au milieu d'un terrain vague de cette région  sinistrée.
Le commandant Buchmeyer est gentiment sommé de mener l'enquête...
Voilà,  le décor est planté. Dans ce livre il y a beaucoup de personnages. Des gens du Nord qui tentent de survivre dans une région dévastée par la crise économique, des flics qui tentent de démêler les fils d'une enquête complexe, et puis, il y a les salauds, de vraies ordures parfois, il y en a partout, dans tous les milieux, Emmanuel Grand ne fait pas dans la dentelle, là c'est, "un pour tous, tous pourri". Ah ! et puis, il y a aussi... des cadavres.
J'ai eu un peu plus de mal avec la deuxième partie du livre, le rythme s'est ralenti dans des explications géopolitiques nécessaires, je le comprendrai plus tard.
Plus tard ? C'est l'explication finale, avec son lot de surprise et de rebondissement, bien sûr en amateur du genre, j'avais bien quelques soupçons,  mais il m'aura fallu attendre le dénouement maîtrisé par l'auteur pour en avoir la confirmation.
Qu'il peut être moche notre monde parfois, et vous avez raison Monsieur Grand, quoi qu'il en soit, un jour ou l'autre,  Les salauds devront payer...

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Wollaing, petite ville du Nord minée par le chômage. Pauline la fille du ferrailleur n'a qu'une envie, c'est de fuir. Fuir la grisaille qui est son seul avenir. Ce n'est pas avec un quart de temps chez l'épicier du coin que l'on fait des projets. Pourtant Pauline est une fille volontaire, elle s'est sortie d'une adolescence dévastée par la drogue et l'alcool. Partir avec son amoureux, à n'importe que prix. Dommage pour toi, Pauline, ton rêve aura été de courte durée. La veille du grand départ son corps git dans un sordide terrain vague en bordure de la ville. L'assassinat de la jeune fille ouvre la boite de Pandore de l'Histoire, et Dieu sait si l'Histoire est riche dans celle petite ville.

Un titre qui fleure bon les années 50 pour un polar d'aujourd'hui à l'architecture complexe. Emmanuel Grand sème les pièces d'un puzzle tragique et le lecteur au fil des pages recompose des vies et l'Histoire de France de l'après –guerre jusqu'à ce début du XXIe siècle. Les guerres coloniales d'Indochine et d'Algérie, les luttes syndicales contre la désindustrialisation des années 70 servent de terreau toxine à ce polar réaliste qui parle du réel d'une France périphérique meurtrie.

Radioscopie d'une petite ville et d'une région, Emmanuel Grand retrouve l'inspiration des grands polars sociaux. Emotion et savoir-faire font toujours bon ménage en littérature.

Après la petite ile bretonne de « Terminus Belz », l'écrivain, complètement en phase avec son époque, nous livre une photographie géopolitique et sociétale d'un monde à l'abandon.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Nous sommes dans le Nord dans une petite ville ruinée par le chômage.
Pas de travail, pas d'espoir, pas d'argent.
Pour ceux qui veulent s'en sortir et emprunter de l'argent, la seule solution est de faire appel à des prêteurs mafieux qui, certes, vous prêtent, mais ne vous accordent pas le moindre délai pour rembourser.
Tu empruntes, tu rembourses, ou tu te fais démolir par un « gros bras ».
Aussi quand la jeune Pauline, qui a emprunté une grosse somme, est retrouvée assassinée, tout accuse ces mafieux.
Pourtant le commandant de police Erik veut chercher plus loin. de profondes rancoeurs existent dans la ville depuis la fermeture de l'usine qui faisait travailler tout le monde.
Syndicalistes et patrons se sont violemment heurtés à l'époque et personne n'a oublié….


Emmanuel Grand réussit de façon magistrale à mener ce roman très noir du début à la fin.
Il fait se répondre différentes époques et différentes générations.
Il prend le temps de camper le décor, de s'attarder sur les personnages, de décrire une misère sociale et un manque total de perspective dans ce pays dévasté.
Il sait aussi relancer l'action et faire de ce roman social et très noir un polar haletant.
Amateur de happy end, passez votre chemin, pas de lendemains qui chantent ici, mais des personnages qui ont des convictions, qui n'oublient pas le passé et auxquels ne reste qu'une chose, l'honneur !
Et Erik, le policier, est un attachant personnage de roman, et j'espère que l'auteur en fera un héros récurrent pour notre plus grand plaisir !


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Bienvenue à Wollaing, petite ville fictive du nord de la France qui ne s'est jamais remise de la fermeture des mines et, dans la foulée des usines entraînant jeunes et moins jeunes dans la spirale de la précarité et des fins de mois qui commencent le 10. Entre petits boulots et trafics en tout genre, on a parfois recours lorsqu'il y a urgence, à des organismes de prêts aux méthodes mafieuses.
Le docteur Vanderbeken tente de venir en aide à cette population désespérée. Ses honoraires, il les oublie bien souvent. Parmi ses patients, il y a Pauline, qu'il connait depuis l'enfance. Lorsqu'elle est retrouvée assassinée, les soupçons se portent sur des individus sans scrupule à qui elle avait emprunté beaucoup d'argent pour payer sa drogue.
Mais bien sûr les salauds ne sont pas forcément ceux que l'on croit !

L'histoire s'appuie sur des personnages bien campés. Audiard n'aurait renié ni le titre de ce roman ni les dialogues qui font mouche. L'ambiance d'une ville écrasée par le malaise de l'époque est parfaitement rendue.
A la fois polar addictif et roman social, « Les salauds devront payer » me semble être une belle réussite.
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