D'un livre à l'autre,
Jean-Christophe Grangé peut produire des romans marquants comme des récits peu inspirés.
Rouge Karma entre dans la deuxième catégorie.
Mai 68. Paris se couvre de barricades, Hervé Jouhanneau suit les événements côté étudiants, admiratif de trois étudiantes – manifestantes sur lesquelles il fantasme. Son demi-frère Jean-Louis Mersch, lui, se régale d'organiser le bordel ambiant, alors même qu'inspecteur de police, il est officiellement en mission d'infiltration des milieux anarchistes.
Sur les trois copines d'Hervé, deux finissent coup sur coup dépecées, pendues tête à l'envers. Des cadavres dont les positions rappellent des postures de yoga. Dans la désorganisation générale,
Jean-Louis reprend ses précédentes activités à la brigade criminelle et, afin d'être au plus prés de la mouvance étudiante, il embauche Hervé et son amie Nicole pour l'aider dans l'enquête. le flic comprend rapidement que tout cela tourne autour de son frère et de sectes indiennes, présentes en France. L'explication ne pourra venir que plusieurs milliers de kilomètres plus loin, du côté de Calcutta.
Bien gore (comme souvent chez Grangé), bien tordu (même réflexion...), ce très long roman explore tout l'univers des religions présentes en Inde. Et il y en a : hindouisme, bouddhisme, jaïnisme, tantrisme, sikhisme, et même un peu de christianisme. L'occasion pour Grangé pour dresser un tableau très noir du sous-continent : pauvreté, crasse, déliquescence des autorités civiles… Tout cela remplit des chapitres et des chapitres, sans que le cap de cette quête de vérité familiale ne passionne vraiment.
Au passage, une partie très importante de l'intrigue m'a immédiatement évoqué une lecture antérieure.
Grangé s'est inspiré de la pensée de Aurobindo Ghose, de Mirra Alfassa (la Mère dans le récit de Grangé), et de la ville d'Auroville dédiée au yoga intégral .
Sauf à être un inconditionnel de l'Inde et des multiples religions qui y cohabitent, le lecteur moyen s'ennuiera profondément.