L'orpheline de Salisbury

Une fois que l'on nous eut servi une tasse de thé, Colby me posa la question que tout anglais adresse au visiteur qui vient d'arriver :
- " Quel temps faisait-il à Londres quand vous êtes parti ?
- Abominable, répondis-je..."

Son histoire était triste, mais beaucoup d'histoires de meurtres le sont. Ce qui ne les rend pas moins abjectes pour autant.

J'ai vu beaucoup de choses terribles inspirées non pas par la haine, mais par une forme dévoyée d'amour. Il m'arrive parfois de penser que l'amour est un moteur des plus puissants mais aussi des plus dangereux.

Un amour obsessionnel, quel qu'il soit, est une chose dangereuse.

Bessie nous apporta une splendide tourte au poulet et au jambon montée à la main, servie avec des légumes, puis un gâteau à la vapeur aux raisins nappé de crème.

Dans ma carrière de policier, j'avais été témoin de choses horribles, mais aucune ne me hantant autant que ces souvenirs de mon enfance qui tournoyaient dans ma tête.

Quand, le soir, je regarde le feu brûler dans ma cheminée, je ne vois pas des flammes joyeuses. je vois des hommes éreintés, je vois des chevaux aveugles et j'entends des rats courir quelque part dans la nuit.

On raconte que, si l'on est incapable d'identifier un policier en civil au premier coup d'oeil, c'est que l'on n'a jamais rien eu à se reprocher.