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Citations sur Le Nord, c'est l'Est (33)

Une foi aveugle dans les points cardinaux est une mauvaise lecture de ce pays. Il faudrait toujours le voir à la verticale, la Volga au midi et l'Amour au septentrion. Car de la Sibérie à l'Extrême-Orient, ce n'est qu'un immense Nord. La machine étatique russe a du génie lorsqu'elle parle de territoires assimilés. C'est bien ainsi que les Slaves se représentent la chose. Lorsqu'ils vont de Moscou sur le 56è parallèle à Khabarovsk sur le 48è, ils affirment le plus naturellement du monde qu'ils vont au nord. Vladivostok, qui est aussi méridionale que les stations balnéaires d'Abkhazie est perçu comme un rivage boréal et Magadan, à la latitude de Saint-Pétersbourg, est le comble de l'enfer.
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C’est le désert humain, quelle que soit sa nature, qui vous fait Robinson et non les vagues clapotant sur vos rivages.
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Ici ( dans l'Altaî) les rayons ont une autre substance, une teneur qui sature votre crâne d'euphorie et de plénitude.
Que dire de ces journées de solitude heureuse dans le silence et dans l'effort ? Quelques flocons, le vent qui saoule, deux ou trois faux pas au-dessus des abîmes. Je suis là parce que régulièrement une voix intérieure m'oblige à aller vérifier la maîtrise que j'ai de ma lâcheté et de mes peurs, comme dans la chanson de Vysotski :
Si un ami a surgi,
Qui n'est ni ami, ni ennemi,
Si tu ne comprends pas au premier coup d'oeil,
S'il est vaillant ou minable
Emmène-le en montagne.
Sait-on jamais si l'on est son propre ami ?

p 144-145 éditions libretto
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Pourquoi en étais-je là, à Krasnoïarsk, sous la fraîche bruine du mois d'août, alors qu'au même moment l'humanité dénudée recouvrait les plages de Trinité-et-Tobago, que des gens buvaient du chianti en Toscane et que d'autres regardaient sans fin basculer le fascinant déluge tropical des chutes d'Iguazu ? Sans doute, parce qu'au plus profond de moi, j'aime le Nord dans tous ses états.
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On n’apprécie rien sans y être initié. Ce vers quoi nous porte par facilité notre envie est fait de superficialité. La rigueur et l’effort sont à imposer autant qu’à s’imposer. Et c’est sans parler du paysage. Une sorte d’esthétique facile s’est emparée de nos êtres. Le charme est une des choses qui a été balayée avec l’arrivée des plafonds tendus et des murs immaculés, la plastique parfaite de corps de rêve et le son sans accroc des tubes musicaux. Or il faut bien avouer que pour être remarquable, ce lissage général des sens nous laisse au final de marbre et n’éveille en nous que peu d’émotions. Le glaçage de la vie contemporaine ne correspond que peu à l’imperfection essentielle de l’Homme et à son irrationalité. Notre technique a atteint un idéal qui dépasse les exigences du goût, jusqu’à parfois se sentir inconfortable dans un environnement trop policé. La simplicité et la rusticité me rassurent.
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La taïga semble parfois un territoire sans drapeau.
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Que dire de ces journées de solitude heureuse dans le silence et l’effort ? Quelques flocons, le vent qui saoule, deux ou trois faux pas au-dessus des abîmes. Je suis là parce que régulièrement une voix intérieure m’oblige à aller vérifier la maîtrise que j’ai de ma lâcheté et de mes peurs. […] Sait-on jamais si l’on est son propre ami ?
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La jeunesse typée mais russifiée boit de la bière devant une statue de renne déjà recouverte de flocons précoces. Un peu en retrait un groupe de migrants tadjiks s’entretient devant une mosquée. Peut-être est-ce la plus septentrionale du monde. C’est en tout cas le signe que si certains quittent le Nord, d’autres y migrent. Car des lignes de chemin de fer s’engagent de plus en plus loin vers les sites d’extraction au grand dam des nomades. Sous l’assaut de la course au profit, le bout du monde recule sans cesse ….
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Étrange paysage urbain où une fenêtre sur dix est éclairée de l’intérieur alors que les voisines sont brisées et béantes sur des étages entiers, désertés et ouverts à tous vents. Certains bâtiments sont totalement vidés. Dans d’autres au contraire on a regroupé les habitants restants pour ne plus chauffer qu’eux. Partout ailleurs, c’est déjà la ruine : les fils qui pendent, les tuyaux qui errent, plus d’eau, plus d’électricité, plus personne.
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Mes itinéraires brossent parfois un sombre tableau de ce pays. C'est oublier qu'il y a les gratte-ciel de Moskva City, les usines spatiales de Samara et les boîtes à oligarques des quartiers huppés. Mais ce n'est pas l'objet de mon périple. Un pays n'est développé, pour j'ai pu voir du monde, que lorsque les toits des fermes ont les tuiles bien alignées et que les haies des pavillons sont sagement taillées. Chaque fois que je suis rentré pour de courts séjours en Europe pendant toutes ces années en Sibérie, j'ai été surpris par nos jolis bourgs, notre agriculture moderne, nos paysans bien équipés et soucieux d'une certaine qualité qui se traduit dans le paysage. J'ai vu les provinces du Japon ou de l'Allemagne. On pourrait certes objecter qu'elles sont étriquées, mais le vaste Canada et les Etats-Unis offrent à l’œil le même tableau d'une prospérité champêtre. La Russie expose,elle, une palette richissime allant du luxe le plus inouï au complet dénuement."
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