Des milliers de voitures japonaises s'entassent dans les rues tordues qui grimpent les collines et on ne voit ni le continent ni la mer. L'horizon est bouché par une île et on vit entre baies et criques, au bord d'une falaise pourrie ou d'une plage de galets durs.
La banlieue, cette bague désargentée qui orne un joyau; combien sommes-nous à être né près de la plus belle ville du monde? Je mis tant de temps à m'en apercevoir que lorsque vint la lumière, j'en étais déjà lassé. Vivre en un lieu, c'est souffler sur le château de cartes de l'imagination. Je n'ai jamais rêvé de ma ville que loin d'elle, très loin d'elle. Après que j'ai enfin désenchanté le reste du monde.
Ce que j'aime dans la Russie, c'est qu'elle m'a rendu à l'Europe. J'ai détesté ce continent pour fuir sur tous les autres. Je trouvais chez nous que l'Europe n'avait plus de caractère, plus d'identité, plus de force. Or tout cela est encore bien vivant à l'est."p.135
"Je voudrais partir pour des raisons intérieures".
"La Russie, on en parle comme d'un monde secret entre initiés. Comme tous les voyageurs qui ont des itinéraires en commun, comme tous les inconnus qui se découvrent une passion commune. Passion, ce n'est pas le mot, c'est plutôt la marque qui vous reste, cette impression qui s'éternise, ce parfum qui dure."