Nous pensons accroître notre bonheur en multipliant nos richesses alors que nous multiplions aussi les causes de souffrance.
Quand à porter le deuil... Je n'ai pas envie d'intéresser des inconnus à mon chagrin.
On n'apprend, on ne retient bien que ce qu'on a acquis difficilement.
L'homme est libre, mais il fait de telle sorte qu'il se croit prisonnier dans une geôle étroite. Comme il l'aime, sa geôle ! Il l'appelle Fatalité, Religion, Destin, Patrie.
… nous sommes tous tellement timides devant une feuille de papier.
Baudelaire déplorait que parmi les Droits de l'Homme on eût oublié le droit de se contredire.
Naples. J'étais ici à dix-huit ans,la tête pleine de rçeves dont pas un ne s'est réalisé. Dieu merci, car à distance, ils me paraissent fort ennuyeux...
J'ai connu plusieurs écrivains qui se croyaient des géants parce qu'ils vivaient au pays des nains. Quoi que nous en ayons, il faut, si nous voulons savoir ce que nous valons vraiment, nous reporter en arrière et nous comparer à ce qu'il y a de meilleur. Entre vivants, les jugements que nous portons les uns sur les autres sont suspects. A tous les écrivains qui se croient quelque chose, je conseille une courte promenade le long des quais ; qu'ils jettent un coup d'œil dans les boîtes des bouquinistes, ils verront ce que vaut leur petite gloire.
82 – [Le Livre de poche n° 3704, p. 261]
– Je voudrais écrire pour celui qui est seul.
81 – [Le Livre de poche n° 3704, p. 252]
Je ne sais combien de fois j'ai relu, dans l'édition des Fleurs du mal que nous a donnée Y-G. Le Dantec, la Liste des petits poèmes en prose restés à l'état de projet. Irritante lecture. C'est un grand sujet de tristesse, en effet, de se dire que jamais nous ne lirons le poème que Baudelaire aurait pu écrire sur La fin du monde ou sur une Fête dans une ville déserte. Comment ne pas rêver à ces Appartements inconnus, à ce Prisonnier dans un phare ?