On se retrouve pour mon avis sur le dernier roman des autrices
Emma Green, car oui pour ceux qui ne le savent pas déjà ces auteures sont deux, deux plumes qui depuis plus de dix ans nous comblent par leurs histoires plus particulières les unes des autres. Elles ont décidé ici de s'attaquer aux harcèlements scolaires, les conséquences qui en découlent suite aux mesquineries, aux humiliations et à la solitude que certains vont ressentir.
Dans ce roman tous est une question de vrais semblant, de se confondre dans la masse et d'être le plus cruel pour faire partie de l'élite.
On se dit que comme Louve, en étant la fille du talentueux et respecté Wolf Larsson et de Leonore cette femme qui a gardé la tête haute malgré son passé, devrait avoir la force en elle pour ne pas faire attention aux remarques déplaisante, devrait croquer la vie à pleines dents mais c'est tout autre. Elle va nous montrer à travers son histoire que la société est faite de préjugés, de loi du plus fort et surtout de mal-être bien ancré à cause des violences verbales.
Louve, âgée de 17 ans, a fait sa rentrée dans un nouveau lycée suite départ de la capitale de ses parents, voulant offrir à leurs filles une opportunité en or. Mais voilà elle qui aimait sa vie parisienne va se trouver propulser parmi les hyènes, les Royals, les populaires du lycée qui prennent un malin plaisir à rabaisser les autres élèves qui ne trouvent pas grâce à leurs yeux. Au bout de quelques semaines à subir toutes ces attaques, ce mal gratuit, elle va commettre un acte de détresse, un appel au secours, une manière de se libérer de son mal-être.
Ce sera pour ses parents un enfer, ils n'arriveront pas à comprendre ce qui a amené leur fille à attendre à sa vie, à quitter ce monde qui s'offre à elle mais surtout ils penseront avoir louper leurs rôles de parents, un rôle protecteur devront protéger les leurs. Outre ça, ils n'obtiendront pas de Louve les informations nécessaires pour arrêter la folie des Royals, car elle ne s'imagine pas les dénoncer. La seule qui arrivera un tant soit peu à lui tirer les vers du nez, sera sa tante hors norme, Willa (qu'on avait découvert dans
bien plus forte que toi, un roman touchant parlant de la grossophobie), cette femme au franc parlé qui n'a pas perdu de sa verve au fil des ans, elle a été pour moi plus apte à comprendre la jeune fille.
« Il est là le piège. Plus tu fais semblant, plus tu encaisses en serrant les dents, plus tu mets de temps à en parler et plus tu tombes profondément. T'es foutue. Tu te retrouves coincée. Seule. »
Dans la vie il est compliqué de montrer nos faiblesses, on a l'habitude de montrer ce que veulent savoir les autres, car oui on a beau le dire mais tout le monde à ce côté égoïste en soi qui fait que même si on demande comment ça va, on n'a pas forcément envie de connaitre la réponse, c'est juste une simple formule de politesse. Vous me direz que c'est faux mais jeté moi la pierre si vraiment lorsque vous allez au travail vous vous souciez de la vie de chacun de vos collègues.
Dans le contexte des années lycées c'est un peu la même chose, ici c'est la course à la popularité et souvent, les lycéens sont prêts à sacrifier leurs amis pour atteindre la haute sphère. Et ce sont les membres de la direction, les professeurs qui ferment les yeux ne voulant pas, non plus, se mettre à dos les mécènes. C'est malheureusement la triste réalité.
Même si la vie ne s'est pas arrêtée en en son absence, elle va vite constater que son acte n'est pas passé inaperçu et qu'il va être source de plus de moqueries encore. Heureusement le soutien des siens, même s'il est parfois maladroit, va la pousser à redresser les épaules et rendre coup pour coup. Et pour ça elle va devoir viser le King des Royals, Lazare, cet élève qui est adulé de tous. Il est mystérieux, parle peu et agit de manière contradictoire.
« -Ecoute-moi bien : tu es intelligente, tu as des valeurs, tu es belle comme un coeur, dedans comme dehors, tu ne mérites rien de tout ça, OK ?! Je ne sais pas pourquoi ils s'acharnent sur toi, mais quelque part, c'est forcément qu'ils ont besoin de détourner l'attention de leurs propres insécurités. »
Endosser un rôle est plus facile que de se faire aimer pour ce qu'on est réellement, Lazare le sait pertinemment, lui qui dès le premier jour joue à ce qu'il n'est pas pour vivre en paix. Lui qui cache plus qu'une identité se doit d'agir comme le dernier des connards pour maintenir la supercherie en place. Bien qu'on penserait qu'il n'éprouve aucun remords, il va montrer que son coeur et son esprit sont en totales contradictions et qu'il n'est pas indifférent aux actes de Louve. Devoir la côtoyer pour ces travaux d'écoles va lui permettre de mieux la connaitre, de découvrir une femme pleine de vie, une femme forte qui fait face à bien des tourments.
Ce roman est une belle leçon, il est poignant d'émotion, de révélation aussi. On a beau nous répéter que dans la vie les épreuves seront multiples, les coups bas feront partie de notre quotidien mais quand il arrive si jeune dans notre existence c'est notre faiblesse qu'ils trouvent. Courber l'échine est plus simple que de dénoncer nos harceleurs. Les auteures ont réussi à parler de tous ces aspects à travers l'histoire de Louve et Lazare. Elles vont nous serrer le coeur, le maintenir dans les griffes du doute, de l'appréhension et de la frustration.
Le harcèlement est un fléau, il pousse à agir par bêtise et par cruauté, rien ne nous prépare à ça, Louve en est l'exemple même, les auteures ont su nous détailler toutes les causes et conséquences, on a cette impression de vécu. C'est bien plus qu'un roman, c'est un exutoire. C'est je pense un roman qui devrait être lus par les plus jeunes, un roman qui apporterait sa sagesse, qui montrerait à quel point le harcèlement peut être fatale.
J'ai aimé la diversité des personnages, j'ai été conquise par le déroulé de l'histoire et l'évolution de la relation entre nos deux protagonistes principaux. Retrouver les personnages de
PS : Oublie-moi ! fut un plaisir mais j'ai trouvé que Leonore était plus effacée, plus cruelle aussi, alors certes sa vie n'est pas simple, ses préoccupations et doutes intenses mais elle est passée à côté des tourments de son propre enfant.
Bon j'avoue j'ai très vite compris qui se cachait derrière NightBird, mais les raisons étaient floues et j'ai bien aimé être plongé dans ces discutions qui ont semé le doute tout au long des chapitres.
C'est encore une réussite pour les autrices qui ont véhiculé un message fort, un avertissement envers tous et une belle histoire car la vie vaut la peine d'être vécu et les masques cachent bien des secrets.
« Lentement, sa bouche se rapproche de la mienne et sa main se pose sur ma cuisse pour remonter le long de mon collant. Je frémis, sous l'effet de la panique, mais aussi du désir. Une petite flamme de l'enfer s'allume et grandit dans mon bas-ventre. Ses lèvres sont trop près. Sa main trop… là. L'attirance démente que je ressens pour lui à cet instant me fait paniquer. J'en oublierais presque mon objectif. Et à quel point je le hais. »
La barrière entre la haine et l'amour est fine, et les raisons qui poussent aux attaques sont dès fois une envie de se protéger de la souffrance d'aimer.
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