Qu'on me rende tous ces moments durs devenus doux, maintenant qu'ils n'existent plus que dans mes souvenirs.
J'ai beaucoup d'amour à donner, mais plus personne pour le recevoir. Toutes les nuits, je fais des câlins à mes souvenirs.
Je me concentre sur la musique, j'essaie de suivre les pas, je sautille, un pied, l'autre, je balance mes bras, je sue, je souffle, je souffre, je découvre des muscles dont j'ignorais l'existence et, manifestement, ils sont rancuniers.
J'ai décidé très jeune de ne pas avoir d'enfant, ou alors il faudrait qu'ils sortent d'un autre "par où on fait pipi" que le mien.
Une fois passés, les moments doux ne disparaissent pas. Quelque part au fond de nous, ils durent pour toujours. On les appelle les souvenirs.
Mon existence est en noir et blanc et j attends, immobile sur mon canapé, le retour des couleurs. Peut être est il temps de ressortir les feutres.
Qu on me rende les nuits blanches, les reflux, les coliques, les hurlements, le rouge à lèvre écrasé sur le mur, les dessins au caillou sur la voiture, le vomi dans le cou, les cauchemars, les passages affolés aux urgences pédiatriques, le téléphone flottant dans les toilettes, les cheveux coupés au ciseaux à bout rond, les bagarres entre frère et sœur, la luge dans l escalier, les heures de colle, les mauvaises notes, les gastro entérites, les cigarettes cachées sous le matelas, les portes claquées, le premier chagrin d amour. Qu on me rende tous ces moments durs devenus doux, maintenant qu ils n existent plus que dans mes souvenirs.
On dit qu’il est impossible de prendre la douleur des autres. C’est vrai. Ce serait formidable, si on pouvait la confier momentanément à quelqu’un, le temps de reprendre son souffle, ou la partager pour en distribuer des petits bouts autour de soi.
Si je ferme les yeux, j'ai peur que tu t'éteignes.
comme si détourner les yeux te donnerait l'occasion de nous faire faux bond, comme s'ils te dévisager pouvez t'empêcher de mourir. Comme c'est la vie ne s'enfuyait quel abri des regards.