En s'appropriant la composition de son maître, Raphaël l'a transformée au point de la rendre méconnaissable. La disposition matérielle est seule conservée, l'âme est transfigurée. En rapetissant le cadre, il a tellement agrandi l'idée, que là où tout à l'heure nous ne voyions que l'agréable peinture d'une légende apocryphe, nous sommes forcés de reconnaître les personnages réels, vivants, éternels de l'Évangile.
Plus on avance vers le XVIe siècle, plus les portraits abondent. Quelle meilleure occasion de représenter ses amis ou ses protecteurs, que de les mettre à la suite de Marie et de Joseph ! Il y avait place pour tout le monde dans de pareils tableaux; les fâcheux eux-mêmes trouvaient leur raison d'être parmi les piètres figures des prétendants évincés.