La plume, la syntaxe, la mélodie des phrases sont l'atout numéro 1 de ce récit.
Je ne suis pas une grande spécialiste de la littérature jeunesse (pas encore!) alors je m'étonne toujours de cette sensation que les sujets évoqués ne sont pas approfondis, que l'intrigue, les relations entre les personnages et leur évolution manquent des étapes et qu'on se retrouve alors à la dernière page avec ce goût amer : La fin ferme un chapitre, pas l'histoire.
Comme si tout restait encore à faire (à débattre?). Les injustices ne sont pas rétablies, les non-dits et les querelles se sont arrangés par miracle et non grâce à une discussion à coeur ouvert ou une compréhension mutuelle. (Elsa fait un peu pitié tant son raisonnement laisse à désirer… elle est la naïveté de la jeunesse influençable par les adultes… ce qui est une autre forme de dénonciation, frustrante, mais réelle).
J'ai eu de l'empathie pour Thomas. J'ai été victime de ségrégation une bonne partie de ma scolarité mais ce livre ne m'aurait apporté nul réconfort ou courage dans mes épreuves si je l'avais lu à cette époque. L'histoire dénonce ce que la peur et la haine engendrent comme conséquences, mais son but s'arrête là… Cependant, je reconnais une qualité à ce récit.
Celle de dénoncer la discrimination de certains enseignants et figures d'autorité.
Je salue
Gudule pour cela car, personnellement, la discrimination dont j'ai le plus souffert provenait de certains de mes professeurs, et non pas tant de mes camarades de classe qui, pour la plupart, restaient neutre aux provocations des professeurs qui m'avaient pris en grippe ou m'excluaient délibérément de certaines activités (attisant la jalousie, l'occasion offerte sur un plateau d'argent pour les deux ou trois racistes du groupe et l'injustice incompréhensible de certains de mes camarades).
Ma propre injustice n'était pas moins douloureuse qu'imméritée. Ma situation était d'autant plus cuisante que je n'avais personne vers qui me tourner, puisque mes bourreaux n'étaient ni plus ni moins que le corps enseignant dont ma scolarité dépendait…
Mais il serait injuste de ne pas citer les nombreux, que dis-je, la majorité de mes professeurs qui étaient extras, dévoués à leur travail, d'excellents pédagogues en plus d'être sympas qui m'ont fait aimer aller à l'école en dépit de tout.
Pour en revenir à ce roman, je crois que l'un des sujets sur lequel on pourrait méditer est celui-ci :
N'est-ce pas finalement une discrimination de dire qu'il n'y a que les jeunes qui harcèlent d'autres jeunes ?