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Citations sur Le Grand Tour (4)

Nous sommes façonnés par des générations d'absents dont nous avons hérité les talents et les faiblesses, la couleur des yeux ou des cheveux, l'attachement à la terre ou à l'eau. Agata Tuszyríska
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Je marche dans la vieille ville de Tallinn pendant le coronavirus, et c’est là encore une expérience inédite. Je ne vois plus les touristes que déversaient les paquebots de croisière, et pas davantage les autochtones. Je me souviens que la vieille ville avait ce même aspect dans les années 1980, avec ses rues pavées désertes, ses façades délabrées, l’écho des pas d’un marcheur solitaire, le linge qui séchait dans les cours. La masse grisâtre des bâtiments du XIVe siècle, les flèches des clochers gothiques fichées dans le ciel gris. Les heurtoirs en bronze et les bas-reliefs ornant les portails : croix, coupes, grappes de raisin. Et les remugles de cantine par-dessus tout cela, de poisson surtout. Le poisson à la polonaise, façon soviétique. Au début du XXIe siècle, ces odeurs ont disparu. Les gens, eux aussi, ont disparu quelque part. La vieille ville n’appartient plus qu’à elle-même, totalement autonome.

Quand l’Estonie a recouvré son indépendance, il lui a fallu prouver, aux yeux de l’Occident, qu’elle faisait bien partie de l’Europe. Cela nous paraissait étrange, car l’Europe avait été notre environnement pendant des siècles, bien plus longtemps que n’avait duré notre Première République. Nous avions fait partie de l’ancienne société féodale. Tallinn, ville hanséatique, avait été édifiée par des artisans rhénans. C’était un paradoxe de l’Histoire : les bâtiments et les remparts de construction germanique étaient devenus, durant la seconde moitié du XXe siècle, partie intégrante de la résistance spirituelle des Estoniens.
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J’ouvre lentement les yeux. Puis je les referme aussitôt. Je vois devant moi ce bleu qui me rappelle sans cesse le continent ; ce bleu est le lien avec l’Europe, il est également ce qui sépare de l’Europe. Avant Skorba, le bleu nous a portés, nous a amenés – le bruit, le silence du sable, le sourire du vent. Avant Skorba, nous sommes arrivés sur cette terre et la terre nous a accueillis sans le moindre bruit. Ce jour-là nous nous sommes dit que la mer avait bien voulu nous porter jusqu’ici et que cette terre allait nous garder. Ce jour-là. Nos yeux étaient grands ouverts car nous ne voulions rien rater de ce qu nous entourait.

Ce jour-là.

Aujourd’hui je ferais mieux de garder les yeux fermés.

MALTE, LE VILLAGEOIS DE SKORBA OU CE QUE JE DEVAIS ENVOYER À MONSIEUR GUEZ, PAR IMMANUEL MIFSUD
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Je serai bientôt persuadée que ce qui n'est pas écrit existe moins. Qu'avec le temps, cela cesse d'exister. Que les destins non-écrits restent inconnus.

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