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Critique de Zazette97


Sortie le 23 septembre, "Signoret, une vie" est une biographie signée Emmanuelle Guilcher, directrice adjointe à la programmation de France 2 et passionnée de cinéma.
Rééditée à l'occasion des 25 ans de sa disparition, cette biographie retrace toute la vie de l'actrice française Simone Signoret, de sa naissance à Wiesbaden en 1921 à son décès dans sa maison d'Autheuil en 1985.

Bizarrement, ce n'est que depuis que j'annonçais mon appréhension vis-à-vis des biographies que je m'en suis vue proposer^^
Cependant, force est de constater que je m'intéresse de plus en plus aux parcours de femmes, particulièrement lorsque ceux-ci prennent place dans L Histoire.
Après George Sand, j'ai donc consacré plusieurs jours à la découverte de Simone Signoret dont je connaissais seulement le faciès aux yeux de biche et l'histoire d'amour avec Yves Montand.
Autant dire presque rien...

Née d'une mère française et d'un père juif polonais, la petite Simone Kraminker évolue dans un milieu privilégié, à l'abri dans ce Neuilly qu'elle partage avec sa bande d'amis du Sabot Bleu.
Elle fréquente assidûment le Café de Flore où elle croise de nombreuses personnalités telles que Jean-Paul Sartre (qui enseignait dans son lycée), Pablo Picasso ou encore Jacques Prévert.
A l'automne 1941, elle abandonne son patronyme pour adopter le nom de jeune fille de sa mère, Signoret, et joue sur une parenté fictive avec Gabriel Signoret, célèbre acteur français, pour obtenir ses premiers rôles de figuration.
La guerre offre par ailleurs un contexte propice au lancement de nouveaux acteurs car le milieu du cinéma, principalement investi par les juifs, se retrouve décimé par les départs (in)volontaires de nombreuses vedettes.

En 1944, elle fait la rencontre de celui qui deviendra son mari en 1948, Yves Allégret avec lequel elle aura sa fille Catherine et qui lui donnera ses premiers rôles, notamment dans "Dédée d'Anvers" et "Manèges".
En août 1949, elle fait la connaissance d'Yves Montand qui, à peine remis de sa rupture avec Edith Piaf, tombe sous le charme de l'actrice. le coup de foudre est réciproque.
Si elle aime avant tout Saint-Germain-des-Prés et les intellos du Café de Flore, l'actrice n'en est pas moins attirée par ce chanteur prometteur dont elle envie le milieu du cabaret et du music-hall et pour lequel elle n'hésite pas à quitter son mari suite à un ultimatum posé par celui qu'elle appellera toujours "Montand".

L'année 1951 offre à l'actrice deux contrats de première importance pour la suite de sa vie : son mariage avec Yves Montand et le tournage de "Casque d'or" qui malgré un accueil peu favorable de la part des critiques et du public français, permet à l'actrice de se distinguer par sa beauté singulière et son incontestable présence scénique.


L'actrice se fait plutôt rare les années suivantes tant son amour pour son mari la conduit à le suivre partout lors de ses tournées. Constamment à ses côtés, elle forme avec lui un bloc indestructible que même la liaison de Montand avec Marilyn Monroe ne parviendra à ébranler, du moins en surface car on sait l'actrice dotée d'un certain orgueil et d'une discrétion assurée dans le domaine de sa vie privée.
Si le couple fut autant médiatisé ce n'est pas pour les frasques de Montand (que l'on savait pourtant coureur) mais pour les nombreux engagements politiques du couple dont les interventions restent gravées dans les mémoires.
Même lorsque leurs opinions divergeaient, Montand et Signoret faisaient front pour défendre les libertés et dénoncer les injustices, manifestant leur soutien à Solidarnosc, aux époux Rosenberg ou encore à l'appel des 121.
Les prises de position au nom d'un idéal communiste furent nombreuses et les erreurs de jugement sous le coup de la naïveté leur firent parfois défaut, constat que le couple reconnaîtra volontiers par la suite.

En 1960, Simone Signoret a conquis Hollywood qui lui décerne l'Oscar de la meilleure actrice pour son interprétation dans "Les Chemins de la haute ville" ("Room at the top"). Une consécration exceptionnelle pour une actrice française.

Les années 70-80 donnèrent l'occasion à l'actrice de tourner avec des acteurs de renom comme Jean Gabin, Alain Delon, Philippe Noiret et Jean Rochefort.
Cette époque correspond à une période de mise à nu pour l'actrice qui bien consciente du passage du temps n'hésite pas à forcer le trait en jouant les vieilles femmes comme dans "La Veuve Couderc" et "La vie devant soi" pour lequel elle obtient le César de la meilleure actrice.
La parution de ses mémoires intitulées "La Nostalgie n'est plus ce qu'elle était" lui vaudra une véritable reconnaissance en tant qu'écrivain, statut qui se verra confirmé en 1985 à la sortie de son roman "Volodia" quelques mois avant son décès le 30 septembre 1985.

Scindé en 4 parties (1921-1949 ; 1949-1956 ; 1957-1969 ; 1970-1985), l'ouvrage aurait pu être divisé selon 3 axes : l'épouse, l'actrice, la citoyenne.
Or Emmanuelle Guilcher a choisi avec justesse de dresser un portrait de la femme en 3 dimensions intimement liées, une femme qui fait figure de passionnée, aussi bien dans sa vie amoureuse que dans ses combats politiques et ses apparitions au cinéma (nettement moins dans sa vie de famille...).
Simone Signoret apparaît comme une femme à part qui se refusait à verser dans le jeunisme et le glamour mais laquelle, exigeante et pointilleuse, préférait se consacrer à ses prestations, son engagement politique et par-dessus tout à Yves Montand qu'elle aimait tant (je serais tentée de dire "trop").

Emmanuelle Guilcher a travaillé durant plusieurs années à recouper les témoignages, les interviews de parents et de proches, les entretiens avec Simone Signoret, Yves Montand, les extraits des mémoires et du roman de l'actrice ainsi que les films dont les résumés m'ont donné envie d'en découvrir certains.
Il en résulte un ouvrage dense mais clair, illustré en son centre par plusieurs photos retraçant les moments-clé de la vie de l'artiste, et qui loin de se cantonner à un portrait d'actrice inscrit également le parcours d'une femme dans son époque et ses troubles.
Lien : http://contesdefaits.blogspo..
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