Il était là, assis sur une chaise de camping, exposant son résidu grotesque d’humanité à la lumière impitoyable de la lampe torche. Il avait gonflé comme un ignoble Bibendum. On ne distinguait plus ses traits au milieu d’un amas de chair boursouflée qui virait au noirâtre. Il avait commencé à se répandre, des liquides épais avaient coulé jusqu’au sol pour féconder la terre polluée du terrain vague. Un nuage de grosses mouches bleues s’envola en vrombissant de colère. Mako recula pour échapper à l’infecte nuée. Kamel retint péniblement un hoquet qui venait de loin. Sophie était livide, elle essaya de respirer par la bouche. Se rendant compte qu’elle pouvait avaler un de ces infâmes insectes, elle posa la main sur la bouche. Les miasmes putrides soudain répandus dans l’atmosphère rendaient l’air irrespirable. Mako ricana en se bouchant le nez.
— Putain, il est faisandé celui-là.
Le carnage, t'as ça dans le sang, hein, Mako ? Ça te fait bander, hein ? Espèce de détraqué. C'est plus fort que toi, tu peux pas rester plus de quelques jours sans immoler ta ration de truands. Dès que môssieur Makovski se met au turbin, faut passer commande de sacs à viande et faire de la place à la morgue.
Face à la souffrance qui l'accable, l'homme réagit presque toujours par le fatalisme ou la révolte