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EAN : 9782749947099
492 pages
Michel Lafon (03/06/2021)
4.19/5   78 notes
Résumé :
Sierra Leone, 1992. La vie de Neal Yeboah, douze ans, bascule sans prévenir dans les horreurs de la guerre civile qui ensanglante son pays : enrôlé de force dans un groupe armé, il devient un enfant-soldat.


Genève, aujourd'hui. La journaliste Tanya Rigal, du service investigation de Mediapart, se rend à une convocation de la police judiciaire suisse. L'homme avec qui elle avait rendez-vous a été retrouvé mort dans sa suite d'un palace genevoi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (34) Voir plus Ajouter une critique
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En 1992, arraché à sa famille par la guerre civile qui ravage la Sierra Leone, Neal Yeboah, douze ans, est enrôlé de force comme enfant-soldat. Trente ans plus tard, un homme est retrouvé assassiné dans un palace genevois. Il avait rendez-vous avec la journaliste d'investigation Tanya Rigal, qui, convoquée par la police judiciaire suisse, réalise qu'elle est sur une affaire énorme, intéressant jusqu'aux services secrets américains. Elle ne sait pas encore, que de l'Afrique à l'Europe et aux Etats-Unis, le sang n'a pas fini de couler…


En flic-auteur avisé, Laurent Guillaume nous entraîne dans une enquête énergique et pleine d'adrénaline, dont le style percutant et le rythme soutenu sont faits pour happer le lecteur de la première à la dernière page. Il nous livre donc un bon polar, captivant à souhait, mais pas seulement. Son livre est aussi une plongée, terrifiante il faut le dire, dans la guerre civile qui ravagea la Sierra Leone pendant toutes les années quatre-vingt-dix, décimant et déplaçant les populations dans un déchaînement de violences et d'atrocités, le tout avec le concours massif d'enfants-soldats, et pour enjeu principal, le contrôle des zones diamantifères. L'auteur enchâsse ainsi sa fiction dans une trame historique parfaitement authentique, parsemée de personnages réels, et, par d'incessants allers-retours entre l'Afrique et le reste du monde à trente ans d'intervalle, met efficacement en lumière le problème persistant des diamants de conflits, aussi appelés diamants de sang.


La narration, suffisamment réaliste pour bien faire prendre la mesure des atrocités commises, en même temps que l'ampleur des jeux de pouvoir économique et politique qu‘alimente la contrebande de diamants, a de quoi faire froid dans le dos. En plus d'aider à armer les rébellions et d'entretenir l'instabilité en Afrique, les diamants de sang continuent aujourd'hui à financer des régimes totalitaires. Al-Qaïda aussi en a tiré une partie de sa fortune...


Loin du simple divertissement, ce polar palpitant est aussi l'occasion de découvrir le rôle des diamants dans les conflits africains. Avant d'être montés en bijoux, ce sont parfois de véritables rivières de sang qu'ils ont déjà fait couler…

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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«  Ainsi on en est là , se dit- il , prêts à se massacrer entre nous pour quelques cailloux. La rébellion, toute cette merde n'est que l'excuse pour que certains puissent s'enrichir . Nous sommes des assassins aveugles , des pantins entre les mains de salopards avides comme cet Américain , comme ce chef du Hezbollah » .

«  Il prenait très au sérieux son rôle de maître d'hôtel., même si sa spécialité première, c'était plutôt le bain de sang, la torture et l'acte de barbarie » .

Deux extraits de ce polar choc qui nous donnent une idée de l'immersion totale au coeur de L'Afrique des années 90, cruauté des guerres civiles, abus de pouvoir, corruption. et folie qui régnaient alors là - bas.

Les habitants de ces terres vivaient dans la crainte d'être sauvagement attaqués : détresse des autochtones , cruauté , barbarie ,meurtres sanglants au coeur des conflits , ces guerres civiles africaines amplifiées , bien sûr par les interventions occidentales qui désiraient s'approprier leurs richesses .

Sierra Leone : 1992, la vie de Neal, douze ans , bascule : pétri de rêves , aimant lire, il perd l'amour de ses parents , la douceur de la vie à Koivu , l'amitié d'Eden et de Saad , ses amis .
Sans prévenir il est immergé au coeur des horreurs de la guerre civile qui ensanglantent son pays : enrôlé de force dans un groupe armé, soumis à un entraînement militaire cruel, à la limite de la survie «  Écoute bien les conseils de ton sergent et tu seras peut- être digne d'entrer chez les Frelons . Si tu échoues , je mangerai tes intestins »…

Il devient enfant -:soldat au coeur d'une escouade d'élite , composée des plus violents assassins du RUF ( Revolutionary United Front ) , le groupe armé ayant déclenché la guerre, ceux qui avaient de meilleures parts du butin, les plus beaux diamants et les plus jolies filles.
L'intrigue alterne entre présent et passé , de 1992 à nos jours , une journaliste de Médiapart Tanya Rigal se rend à une convocation de la police judiciaire suisse.
L'homme avec lequel elle avait rendez-vous a été retrouvé mort dans sa suite d'un palais genevois , un pic à glace planté dans l'oreille .
Elle comprend qu'elle a mis les pieds , bien malgré elle,dans une série d'assassinats au coeur d'une affaire qui la dépasse …
Prison de Frankland : Royaume Uni , le docteur James Songbono prend un nouveau poste , que cache t- il ? .

Et l'américaine Amanda Sharp? Elle a travaillé en Russie, au Pakistan, en Afghanistan….comme chef de base , et en République du Congo , titulaire d'une médaille du renseignement ..une professionnelle.
Quels sont les liens entre tous ces meurtres?
Trafic d'armes entre le Burkina et les pays de l'Est? Centaines de Carats en Pierres Brutes …
Tortures , barbarie, meurtres sanglants , histoire de vengeance , trafic et commerce des cailloux , les diamants ?
L'auteur qui l'air de bien connaître le contexte géopolitique de cette région décrit avec précision la BARBARIE des hommes dont les motivations sont sans aucune limite lorsqu'il s'agit de pouvoir et d'argent .
C'est un roman très violent , sanglant , dur , instructif, aux passages terribles qui font froid dans le dos , en temps de guerre «  .: Les rebelles avaient tué leurs parents , leurs frères , violé leurs soeurs avant de leur tirer une balle dans le ventre » ….
Le récit nous glace, nous happe, nous brise, au rythme des événements sauvages , bestiaux , agapes sanglantes , tueurs professionnels , crime organisé ,enjeux géopolitiques, mort, fuite , égorgements , suite d'opérations sanglantes et autres joyeusetés ….
Au gré d'événements qui vont finir par nous hanter , ce récit fait exploser nos émotions , la plume claque , visuelle , les chapitres s'imbriquent parfaitement , trente ans séparent ces deux histoires , pourtant entre Paris, Freetown , Nice , Genève et Washington DC le destin de Neal Yeboah bouleversera bien des gens ….
Immersion totale, Choc émotionnel, tortueux, au coeur de la pire barbarie humaine entre fiction et réalité ! .
«  Aucune Faiblesse n'était tolérée » .


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On ne doute pas un instant de la véracité de cette fiction. Et malheureusement je dirais. Car on se dit que ce récit s'est inspiré d'une réalité n'est-ce pas ? D'une sale réalité. C'est un récit horrible sur les exactions qui se sont produites en Sierra Leone pour cette guerre sale des diamants. Oui tout est sale et laid, le peu qu'il y a de pur et de bon est rapidement contaminé par l'abjecte cupidité humaine. Trois amis d'enfance verront leur vie basculer pendant le raid de forces rebelles dans une mine de diamants et dans leur petite ville. Plus rien ne sera, plus rien ne redeviendra doux pour ces enfants. le tableau de ces enfants soldats, des guerres de clans et de factions militaires, paramilitaires et rebelles, est difficile à avaler comme portrait. Laurent Guillaume d'une plume acérée, nous révèle les tenants et les aboutissants d'accords faits, défaits et refaits entre ces dictatures installées ou encore aidées dans cette région du monde par l'occident et des conséquences pour les populations locales. Tout y est. Magouilles politiques, magouilles économiques et financières, et toutes menées par des hommes puissants, sans âme, sans remords. plein de vices. Des hommes plutôt habités par une avidité sans bornes, une détermination aveugle que rien ni personne ne doit entraver. Des hommes prêts à absolument tout, dans tous les sens, pour arriver au sommet et à leurs fins. Pour nos trois amis, ce sera une histoire de vengeance , une vengeance planifiée sur des années, qui a grossi, a forci, qui jamais n'a molli. Une vengeance qui sera tout aussi bestiale que ce qui l'avait provoqué. Trouveront ils l'apaisement ? Les cicatrices ne sont pas que sur la peau ...Une lecture parfois insoutenable mais oh combien efficace.
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Ce polar sera votre votre prochaine lecture coup de poing !
Ancien capitaine de police, aujourd'hui consultant pour de grandes organisations internationales, Laurent Guillaume est l'auteur de plusieurs romans remarqués, dont Mako, Black cocaïne (en cours d'adaptation pour la télévision) et Là où vivent les loups. Il écrit aussi pour la télévision. » Un coin de ciel brûlait « est son nouveau roman, publié en juin 2021 aux éditions Michel Lafon, dans la collection Thriller.

Mars 1992 . Sierra Leone
Au moment de rejoindre ses amis Mina et Saad, le jeune Neal ne se doute pas un seul instant que sa vie va basculer dans l'horreur, lui, l'ado rêveur qui aimait les livres plus que le football. Recruté de force par les rebelles de la RUF, Neal va devenir un enfant-soldat, spectateur puis acteur des pires atrocités.

p. 87 : » Plus tard, Neal ne garderait que peu de souvenirs de cette expédition dans la jungle, juste une impression de cauchemar éveillé, de rêve brumeux. «

Trois décennies plus tard, la très prometteuse et ambitieuse journaliste Tanya Rigal reçoit un étrange appel d'un type prétendant s'appeler Metzinger et censé être un ancien membre des Affaires étrangères américaines. Il prétend avoir des informations à révéler, des choses graves relatives à une sorte de complot international. Alors que ce dernier lui donne rendez-vous dans un hôtel à Genève, il est retrouvé mort, un pic de glace enfoncé dans l'oreille. En analysant les caméras de surveillance de l'hôtel, le meurtrier ne semble pas soucieux de préserver son identité…

p. 86 : » Son regard ténébreux lui était destiné. Elle n'avait aucun élément pour le prouver, mais tout au fond d'elle, elle savait que le tueur lui adressait un message silencieux. «

Quel lien unit ces deux histoires ? Quelle découverte la journaliste va-t-elle mettre au grand jour ?

p. 298 : » – Donc, en Afrique de l'Ouest, il s'est passé quelque chose qui lie tous nos protagonistes, quelque chose de bien dégueulasse pour susciter un tel désir de vengeance chez notre tueur au pic à glace. Maintenant, il faut trouver quoi. «

Laurent Guillaume décrit la barbarie des hommes, dont la motivation n'a pas de limites lorsqu'il s'agit de pouvoir et d'argent. Au coeur des guerres civiles de l'Afrique de l'Ouest, dans un pays méconnu, l'auteur y puise son inspiration pour le plus grand bonheur de ses lecteurs. Riche de son expérience, il nous tient en haleine grâce à ce subtil mélange de la fiction et de ses connaissances du terrain international. C'est passionnant, brutal et terriblement addictif. Ce page-turner vous tiendra en haleine tout au long de ses 500 pages !


Lien : https://missbook85.wordpress..
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Dans une salle de classe, une jeune fille attend impatiemment que le cours se termine pour aller rejoindre son petit copain, le jeune Neal, un brave gamin, un gentil fils qui fait la fierté de ses parents.

Ils ont 12 ans, la vie est belle.

Hélas, n'ayant pas choisi un roman feel-book ou dans l'univers des Bisounours, l'histoire champêtre et minouche basculera très vite dans l'horreur d'une guerre civile, avec l'arrivée des milices qui tuent tout le monde sur son passage, viole les femmes/filles/gamines et embrigade les jeunes garçons dans leur troupe.

La vie d'un enfant soldat, je l'avais déjà vécue dans mes tripes avec le livre témoignage "Le chemin parcouru" de Ishmael Beah. On a beau savoir où l'on va tomber, on a beau savoir ce qu'il s'est passé, on tombe toujours d'aussi haut face à l'horreur humaine et à la manière rapide dont les enfants deviennent de parfaits petits soldats aux ordres de ceux qui ont massacré leur famille, violé leurs mères, soeurs…

Le récit consacré aux événements en Sierra Leone dans les années 90 est glaçant, horrible, sans jamais verser dans la surenchère de gore. Alors oui, certains passages sont durs, affreux, violents et tous les synonymes dans le genre que vous voulez.

Malgré tout, ils avaient leur place dans ce récit, éclairant le lecteur sur la dureté de la guerre civile, sur le fait que tout le monde pouvait devenir un tortionnaire (même un danseur), perdant son humanité et sa conscience en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire.

Si ce n'était aussi grave, ce serait presque fascinant de voir comment on peut retourner des enfants, les changer totalement, en faire des machines à tuer, de bazarder toute leur belle éducation… Moi, ça m'a glacé, une fois de plus.

L'autre récit, commence de nos jours, avec des meurtres au pic à glace et une enquête qui semble piétiner et un tueur qui n'hésite pas à montrer sa trombine à une journaliste d'investigation, Tanya Rigal. Pourquoi ces crimes ? Pourquoi ces victimes ? Pourquoi faire un appel du pied à cette journaliste ? Qu'est-ce qui se cache sous ce bordel monstre ? Lisez ce thriller et vous le saurez !

L'alternance des récits booste ce thriller, le rendant encore plus addictif qu'il ne l'était déjà. le côté historique avec la guerre civile et ses multiples ramifications était prenant, violent et je me suis attachée tout de suite à ce Neal, ce gentil gamin que rien ne prédestinait à devenir une machine de guerre. Il m'a fait vibrer, m'apportant bien des émotions fortes.

Tanya Rigal, la journaliste, est une héroïne comme je les aime : tenace, têtue, ne lâchant jamais rien, vivant seule avec son chat et tentant de démêler la pelote de laine qui a échu dans ses mains, sans savoir vraiment qui est de son côté ou qui la manipule.

L'auteur a potassé son sujet, ne se contentant pas d'aligner des scènes de violence, mais allant plus loin dans l'analyse de cette guerre civile qui cache, comme toutes les autres, des intentions bien cachées, jamais connues des civils ou des spectateurs lointains tels que nous, tournant autour de l'argent ou du pouvoir absolu que certains désirent plus que tout.

L'écriture de Laurent Guillaume est comme une balle, elle vous fracasse les jambes. Tel un fer rouge, elle vous marque durablement. Ceci est un roman qui mêle habillement un récit de guerre et une enquête policière, qui fait danser ensemble le passé et le présent.

Les personnages sont marquants, travaillés, attachants (pour certains) et les Méchants sont de vrais méchants, pas de ceux d'opérette ou de pacotille. Non, de vrais sadiques nés ainsi ou de gens normaux qui, un jour, ont basculé du côté super obscur de la Force et n'ont jamais su revenir vers la lumière. Ces personnages étant composés de bien des nuances de gris et jamais manichéens.

Qu'on ne s'y trompe pas, ceci est un roman noir, sombre, avec peu de lumière, mais quelques moments viendront tout de même lui donner ce petit supplément d'âme et d'espoir qui font le plus grand bien après une telle lecture.

Poignant, émouvant, addictif, sombre et enrichissant. Bref, une réussite !

PS : par contre, monsieur Laurent Guillaume vient de faire son entrée sur ma fameuse Kill-List. Ceux qui ont lu le livre comprendront, les autres le déduirons. Non, il n'y pas que monsieur Norek qui ne les aime pas… Grrrrrrr

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Citations et extraits (28) Voir plus Ajouter une citation
– Je le sais, mais je dois vous demander de ne pas diffuser cette photo.
Tanya prit le temps de réfléchir quelques instants.
– Ça va à l’encontre de ma règle à moi.
– Qui est ?
– L’inverse de la vôtre : informer les gens, quoi qu’il advienne. Les pires saloperies se cachent dans l’ombre des petits accommodements.
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«  Éden et Neal pouvaient voir les mineurs creuser une terre jaunâtre et boueuse des dernières pluies dans un décor de cratères et de cicatrices béantes .
Des bulldozers et des pelleteuses grignotaient la jungle luxuriante , inexorablement .
Les mineurs faisaient passer la terre fangeuse au tamis sous la surveillance laxiste de gardes de sécurité armés de kalachnikovs .
Les armes automatiques , c’était nouveau.
Les sociétés minières avaient armé leur personnel … » .
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Madame Yeboah mettait un point d’honneur à ce que l’immeuble soit correctement entretenu et toujours propre. Pas de peinture écaillée, pas de poussière, pas d’immondices chez les Yeboah. Du coup, dans la crasse générale de la capitale du diamant, l’imprimerie faisait figure d’îlot de salubrité. Du coup, les voisins jalousaient les Ashantis, comme on appelait les Yeboah à Koidu. Ce mot faisait référence à l’ethnie de Monsieur Yeboah qui venait du Ghana, plus précisément de Kumasi. Les mauvaises langues se posaient la question de savoir pourquoi un monsieur ghanéen avec de la fortune et de l’éducation était venu s’enterrer dans ce trou poussiéreux de Salone. Pas pour les diamants, manifestement. On racontait que l’imprimeur avait été un grand journaliste à Accra dans les années 1970 et 1980. De plus mauvaises langues encore prétendaient que Monsieur Yeboah s’était mêlé de politique en rédigeant un brûlot contre le Conseil provisoire de défense, une sorte de junte à la solde de l’ex-président Rawlings. Monsieur Yeboah n’avait dû son salut qu’à une prompte fuite en Sierra Leone, là où les sicaires de Rawlings n’avaient que peu de chances de le retrouver
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Le palais présidentiel était situé au bord de l’océan Atlantique, dans le quartier résidentiel de Capitol Hill, à Monrovia. (…)
D’apparence lugubre, la bâtisse semi-circulaire de huit étages, grise comme un ciel d’orage, traînait une sale réputation de lieu hanté et maudit. Les Monroviens l’appelaient le Manoir, comme si seuls des monstres de légende y demeuraient. Aucun Président qui y avait séjourné pour une période prolongée ne connut de fin agréable. On citait souvent le sort du pauvre William R. Tolbert, assassiné en 1980 en pyjama dans sa chambre du palais par les hommes de John Doe, ancien sous-officier de l’armée libérienne et nouveau Président par la force des baïonnettes qui, pour faire bonne mesure, fit également exécuter publiquement tout le gouvernement de son prédécesseur.
Le président Doe fut payé en retour et en magnanimité dix ans plus tard, lorsque Prince Johnson et Charles Taylor, à la tête de troupes rebelles, le renversèrent. Doe fut torturé, il eut les doigts et les oreilles tranchés puis fut exécuté d’une balle dans la tête devant un Johnson hilare, sirotant sa bière. Alors, comme souvent en Afrique, les alliés opportunistes Johnson et Taylor s’affrontèrent en une terrible guerre civile de sept ans. Mais c’est par les urnes que Taylor conquit le pouvoir en 1997, même si certains doutèrent de la sincérité du scrutin. À peine entré au palais, Taylor entreprit de nettoyer les institutions et la société civile de tout ce qui représentait une forme d’opposition ou de menace à son omnipotence.
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Eden Koroma attendait avec impatience que retentisse la sonnerie libératrice. Elle regardait ses camarades qui avaient toutes le nez collé à leur copie. Elles écrivaient avec application, évitant soigneusement les ratures qui faisaient pousser de hauts cris à sœur Mary. À côté d’elle, Mina émettait de petits soupirs inquiets. Sa langue pointait entre ses lèvres, signe chez elle d’une extrême nervosité. La sœur leur avait demandé de rédiger un texte décrivant ce que leur inspirait le tableau de Turner Sur le chemin du bal, une huile sur toile dont l’original était exposé à la Tate Gallery de Londres. La sœur avait posé une copie fatiguée de la célèbre toile sur le porte-craies, et l’avait adossée au tableau noir. Les couleurs topaze du tableau s’étaient rembrunies sous l’effet des ans. John, le grand frère d’Eden qui faisait maintenant des études de droit à l’université de Fourah Bay à Freetown, avait subi la même épreuve bien des années auparavant. Et sans doute que le père d’Eden y avait eu droit en son temps. La jeune fille regarda l’horloge dont les aiguilles avançaient avec une lenteur désespérante. Plus que trois minutes.
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