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Citations sur Rue du Havre (25)

La femme que j’aimerai n’aura pas achevé sa création du monde. Elle ne sera pas clouée au sol par les brodequins de plomb de la certitude. Elle hésitera souvent au bord des attitudes à prendre, des gestes à faire. Elle ne verra pas le monde en blanc et noir. Elle sera perméable et vulnérable aussi. Elle connaîtra le goût des solitudes où l’on s’égare. Nous avancerons côte à côte comme deux funambules sur un fil incertain et nous ne trouverons notre équilibre qu’en nous donnant la main.
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Ses sentiments restaient à l'échelle d'un vocabulaire mesuré où transparaissait la timidité des humbles en face des mots. Pour parler de ses chagrins il disait "mes ennuis". Il disait "c'était dur" en parlant de Verdun et "je suis fatigué" lorsqu'il était malade. Il faut avoir des loisirs et une certaine fortune pour "adorer" ou "souffrir atrocement".
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- Voyez comme sont les femmes, dit-il, elles posent des lapins même quand elles ne savent pas qu'elles ont des rendez-vous!
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Dans ménagère, il y a mégère.
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Qui se soucie de cet entrelacement de causes invisibles, d'effets inconnus qui tissent la trame de nos jours et qui forment la véritable communion des hommes.
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On devient malheureux mais on naît solitaire.
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Julien mesura la fragilité des liens qu’il avait longuement et tendrement noués. Aussi longtemps que François n’avait été qu’une silhouette lointaine, Julien avait pu se l’approprier et créer entre eux une intimité imaginaire. Mais voici que le précaire équilibre était rompu et qu’en cessant d’être un mythe familier, François devenait un étranger.
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Aux matinées de Saint-Lazare on peut mettre une heure sur chaque visage et cette particularité imprime aux environs de la gare une caractère singulier. Le quartier Saint-Lazare est soumis aux marées. Le flot montant déferle chaque matin. Les mascarets de la Seine ou du Couesnon se prolongent dans la vague énorme des banlieues de l'Ouest comme si, par d'invisibles correspondances, tous ces rails qui viennent de la mer en transmettaient les pulsations.
L'amplitude des marées ne varie guère. A l'exception de l'équinoxe d'été ou le flot monte plus haut sur les quais de la gare, c'est chaque jour le même volume, le même niveau et la même couleur triste des océans du Nord.
La marée est moutonnante tout le jours, et le jusant, le soir venu, découvre le quartier comme il découvre une grève. Le flot se retire, laissant dans son lit à sec quelques mares à crevettes, des flaques de petites vendeuses du "Printemps" prises au piège du reflux. Les rues frénétiques deviennent des chenaux vides sous le balisage inutile des enseignes au néon.

Page 14 et 15 chez "Le livre de poche"
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Elle m’a dit cette phrase il y a trois semaines? quatre semaines?... Ces choses-là ne se comptent pas en heures, minutes, ni secondes. C’est d’une autre mathématique qu’usent les amants et les prisonniers. Le système métrique ne rend pas compte de toutes les dimensions. Aux portes des prisons, il y a toujours un bistrot, surmonté le plus souvent d’une enseigne : « On est mieux ici qu’en face. » Pour les gardiens ce bistrot est à trente mètres. Pour les prisonniers, il est à trente mètres et un an, deux, cinq ou dix ans, selon le cas. Irène m’a dit cette phrase il y a trois semaines et une séparation.
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A huit heures quarante et une, François descendit sur le quai de la gare Saint-Lazare et se prit à craindre qu'il n'y eût un peu de littérature dans sa nouvelle détermination. Cela ressemblait au "je repars à zéro" des mauvais films d'aventure. Il ne s'arrêta pas à ce scrupule. La vie elle-même, et la plus quotidienne, se charge souvent d'être très littéraire et de ressembler aux histoires les plus artificielles. En fin de compte, la peur du ridicule est moins un garde-fou qu'une barrière.
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