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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Étrange. Il s'agit d'un aperçu excellent et nuancé du débat qui dure depuis des années sur la fin (soudaine) de l'âge du bronze en Méditerranée orientale. Eric H. Cline (professeur d'histoire ancienne et d'archéologie à l'Université George Washington à Washington, D.C.) explique en détail comment entre 1 500 et 1 200 avant notre ère de plus en plus des liens se sont développés dans cette région sous la forme d'échanges commerciaux, politiques et diplomatiques, interaction culturelle, etc. Et il explique comment cela a pris fin de manière assez soudaine vers 1200 avant notre ère. Ou du moins, comment des indications sur ce que nous appellerions aujourd'hui une « perturbation » peuvent être trouvées dans de nombreuses fouilles et sources écrites. Cline n'est pas aveugle aux nombreuses ambiguïtés et contradictions contenues dans ces sources, en particulier dans la chronologie. Et il se distancie à juste titre de la vieille théorie selon laquelle des vagues de Peuples de la Mer auraient détruit le Proche-Orient ancien vers 1 200 avant notre ère. Selon lui (et de nombreux autres experts contemporains), il s'agit d'un ensemble complexe de causes (climat, soulèvements politiques, invasions, migrations, etc.) qui, cumulativement, conduisaient à un véritable « effondrement du système ».

Tout cela est très intéressant et, comme mentionné, traité de manière nuancée et détaillée. Mais il est étrange que le titre, le prologue et la conclusion de ce livre ignorent presque complètement cette nuance, et Cline affirme avec audace que la civilisation humaine a pris fin vers 1177 avant notre ère et n'a rebondi que des siècles plus tard. Et c'est manifestement faux. J'ai l'impression que Cline a un flair pour les relations publiques et sait comment faire passer son message avec succès. Il n'a pas peur de faire un parallèle avec notre époque actuelle, « disruptive ». Dans ce contexte, je trouve sa phrase finale très troublante, car elle s'appuie sur des idées qui étaient très populaires au XIXe siècle et qui sont toujours populaires dans des cercles très réactionnaires : « Parfois, il faut un incendie de forêt à grande échelle pour contribuer à renouveler l'écosystème d'un pays, et lui permettre de prospérer à nouveau ». Vraiment, est-il sérieux ? Non, malgré les mérites de ce livre, je dois quand même lui attribuer une note faible, car l'auteur plie beaucoup trop la réalité historique à sa volonté.
Plus de détails à ce sujet dans mon compte historique sur Goodreads : https://www.goodreads.com/review/show/3234681737
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Le choc pétrolier de 1974, Tchernobyl, le 11 septembre, le tsunami, Fukushima, le krach boursier de 2008, les vagues de réfugiés affluant devant les conflits ou la famine … Et si tous ces événements imprévisibles s'étaient produits quasiment en même temps ? Notre civilisation mondialisée aurait-elle tenu le choc ?
Dans les temps obscurs, une telle accumulation de catastrophes s'est produite à la fin de l'âge du bronze récent, autour du XIIIème siècle avant Jésus-Christ, et toute forme de civilisation organisée a disparu pendant près de trois siècles, avant que la technologie généralisée du fer ne permette une nouvelle organisation humaine.
Le livre d'Éric H. Cline, archéologue et professeur d'histoire et d'anthropologie reconnu, tente de nous faire comprendre le degré de haute civilisation les peuples de la Méditerranée orientale atteint avant ce cataclysme et surtout les causes possibles de son effondrement, tout en listant les hypothèses et controverses qui agitent sur le sujet nombre de chercheurs …
Il faut bien reconnaître que la science actuelle permet de remettre en cause bien des paradigmes jusqu'ici parfaitement admis depuis que la civilisation « Mycénienne » a commencé à intéresser les savants au XIXème siècle. L'allemand Heinrich Schliemann a découvert le site de la ville de Troie, on sait déchiffrer les hiéroglyphes grâce à Champollion, et maintenant on lit le « linéaire B » et l'écriture cunéiforme et on obtient des datations assez précises grâce au radiocarbone 14 … Et on cherche toujours à prouver la véracité des écrits bibliques et leur datation. Que sait-on aujourd'hui ? Que la guerre de Troie a bien eu lieu, probablement vers -1430, mais pas forcément sous la forme que nous en ont livré les poèmes d'Homère. En revanche, on a beaucoup plus de mal à confirmer le récit de l'Exode des Hébreux qui devrait s'être produit plus tôt, vraisemblablement au milieu du XIIIème siècle avant J.C., pendant le règne de Ramsès II. Ce qui est certain, c'est que le monde civilisé de cette époque connaissait d'intenses relations économiques, commerciales et diplomatiques entre Mycènes, l'Anatolie hittite, la Syrie, Canaan, la Crète, Chypre, l'Assyrie et l'Egypte. Parmi les causes de la disparition de cet « âge d'or », on a souvent cité les « Peuples de la Mer », largement dénoncés par les chroniques égyptiennes … Trop facile …
Ce que l'on sait de l'effondrement durable du système international stable de l'âge du bronze récent est la survenance simultanée de plusieurs facteurs :
-          Une tempête sismique de -1225 à -1175 (plusieurs vagues de séismes majeurs rapprochés),
-          Un changement climatique rapide (sécheresse rendant impossible l'agriculture, famine et migrations) sur 3 siècles,
-          Destruction des liaisons maritimes et remplacement d'un système de commerce international initié et contrôlé par les Palais par un ensemble de marchands individuels exploitant de nouvelles opportunités, cascades de faillites avec effet multiplicateur (comme des chutes de dominos),
-          Disparition de la classe supérieure traditionnelle,
-          Changement et diminution de la population,
-          Passage à un niveau plus faible d'intégration socio-politique.
Voilà comment, sous l'effet combiné – ou systémique -  de ces divers éléments, le désastre s'est produit en un laps de temps relativement bref (à l'échelle historique), et la 8ème année du règne de Ramsès III (-1177) est la plus représentative de l'effondrement des grandes civilisations de toute la Méditerranée orientale, une date que l'on peut rapprocher de 476 après J.C. : celle de la fin de l'empire romain d'Occident.
Ce livre est passionnant, inquiétant, construit comme un polar - qui est responsable ? Comment cela s'est-il passé ? Comment interpréter les indices (trouve-t-on des pointes de flèches dans les décombres superposés des villes détruites, quelle intensité avait l'incendie qui a liquéfié les matériaux, les murs retrouvés en biais ont-ils été détruits par un tremblement de terre .. ?) et, malgré des anachronismes assumés et des comparaisons parfois inappropriées, un modèle de vulgarisation intelligente.
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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J'espère que le titre racoleur est de la responsabilité de l'éditeur et non de l'auteur qui est beaucoup trop sérieux pour un titre pareil.
Il s'agit de l'effondrement de la civilisation de l'âge du bronze en méditerranée orientale au xii° siècle BC et de l'entrée subséquente dans les "siècles obscurs". Pendant très longtemps, on l'a, par facilité, attribué aux invasion des "peuples de la mer", facteur exogène trop pratique pour s'en priver. L'auteur, dans le fil de la recherche contemporaine, en fait justice: des invasions ont eu lieu mais pas ce n'était pas un rouleau compresseur et d'autres facteurs sont à rechercher, sans que, passés au crible, aucun ne paraisse vraiment satisfaisant à l'auteur qui ne peut alors que faire l'hypothèse d'une combinaison de facteurs dans un "perfect storm".
Tout cela est très intéressant, de même que l'examen historique des générations de preuves qui ont alimenté le débat. L'auteur procède à l'étude "micro" des preuves dans l'état présent des connaissances et de la technologie.
Cela rend d'autant plus regrettable un cadre "macro" que, par simplification?, pour capter le lecteur?, pour satisfaire l'éditeur?, l'auteur rapproche exagérément de la mondialisation présente. Que Mycènes, l'Egypte, l' "empire" Hittite soient quelque peu connectés (à l'échelle des technologies de transport et de communication du temps) n'en fait pas un système mondialisé.
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