AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,78

sur 71 notes
5
3 avis
4
11 avis
3
3 avis
2
1 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Une belle synthèse sur la crise du XIIème siècle, ou, pour être prudent, les circonstances de l'effondrement plus ou moins prononcé des principales civilisations de l'Age du Bronze tardif;
L'auteur dresse tout d'abord un tableau de la situation avant crise en Méditerranée Orientale, et des différentes civilisations qui y coexistent plus ou moins pacifiquement: Egypte, Babylonie, Mitani, Hittites, Créte, Mycènes; il s'y ajoute une poussière de petits royaumes clients. on connait assez bien les relations, notamment commerciales, entre les différentes puissances; Ces liaisons sont importantes et contribuent à la prospérité des différents acteur (en n'oubliant pas qu'il ne faut pas surestimer l'importance quantitative du marché international avant l'époque moderne (et encore); Braudel l'estime quelque part à 1 % du volume global des biens échangés)
Pour Kline, ces échanges, ajoutés à des organisations sociales stables, et à une paix relative, procurent aux différents acteurs un niveau de prospérité encore inédit, et qui ne sera plus égalé pendant plusieurs siècles, dans le cadre de ce que l'auteur définit comme une première économie-monde (terme sans doute préférable à celui de mondialisation, actuellement très connoté.
La rupture ou le relâchement des relations internationales a contribué à l'effondrement civilisationnel, mais ne l'a pas provoqué, car il en est aussi une conséquence.
Reste donc à déterminer la ou les causes premières. C'est ce que l'auteur s'efforce de faire dans la deuxième partie de l'ouvrage. Il examine tout à tour les diverses causes avancées par les historiens:
--causes naturelles, tel un séisme ou une sécheresse prolongée, ayant entrainé des famines, elles-mêmes à l'origine de migrations de peuples et de désordres divers
-révoltes populaires entrainant la chute de certains états; g
-guerres ou invasions; on arrive ici à ce qui fut longtemps considéré comme la cause univoque des effondrements: l'irruption d'envahisseurs connus dans les textes égyptiens sous le nom de "Peuples de la Mer"; l'Egypte fut la seule à pouvoir les repousser.
Toutefois on ignore l'origine exacte de ces envahisseurs, la cause de leurs migrations, et les conséquences précises sur les Etats victimes;
En examinant toutes ces causes, l'auteur arrive à la conclusion qu'aucune d'entre elle n'est suffisante; toutes d'ailleurs, d'après les résultats archéologiques, sont loin d'être universelle.
l'auteur conclut à la convergence de plusieurs de ces clauses, avec effets réciproques, finalement à un concours de circonstances;
Comme l'a souligné un autre contradicteur, on peut regretter que Kline ait cru bon de faire des parallèles pas nécessairement justifiés à notre propre économie, incommensurablement plus interconnectée que celle du XIIème siècle avant notre ère et donc d'autant plus fragile à des causes similaires; de fait, l'existence d'un facteur climatique rend le parallèle tentant à l'aune de la situation actuelle.
Mais, pour tenants soient-ils, les parallèles historiques sont rarement éclairants.
cela ne doit pas occulter la grande qualité de l'ouvrage, scientifiquement irréprochable, et qui fait le tour d'une question mal connu de façon accessible;
Addendum. A lire à la suite "Comment l'Empire Romain s'est effondré" de Kyle Harper.


Commenter  J’apprécie          92
Contrairement aux apparences, le titre "1177 avant J.C., le jour ou la civilisation s'est effondrée" ne cache pas un récit catastrophe hollywoodesque mais c'est tout de meme un ouvrage passionnant pour qui souhaite comprendre comment se fabrique la grande histoire, celle des civilisations, au-dela de l'anecdotique, du spectaculaire et des biographies de personnages célebres. La date de 1177 n'en possede pas moins une signification précise que vous découvrirez en lisant le livre.

Dans la premiere partie, l'auteur nous montre comment les légendaires empires et petits royaumes mediterranéens de la fin de l'age du bronze il y a trois mille ans étaient déja interconnectés et donc "globalisés" commercialement, diplomatiquement ainsi qu'au niveau des techniques et des idées. Dans la deuxieme partie, il nous est proposé une fine analyse de la maniere dont cette interconnexion a pu entrainer l'affaiblissement, voire la disparition de ces États (qui n'étaient pas encore des États-nation mais des populations citadines et rurales regroupées autour de pouvoirs héréditaires centralisés dirigeant leurs territoires depuis leurs palais) en l'espace de quelques dizaines d'années seulement a partir du moment ou se sont conjuguées catastrophes naturelles (sécheresse et tremblements de terre), migrations de masse et guerres ayant entrainé nombre de gens a sillonner la Mediterranée orientale et les terres tout autour pour trouver de nouveaux foyers ou alors vivre en nomades prédateurs ("les Peuples de la Mer").

Pour résumer, chaque civilisation de cette vaste région interconnectée dépendait des autres pour son approvisionnement. Ainsi, pour la nourriture (role central, déja, du blé d'Égypte) ou les matières premières (notamment le cuivre, l'étain, le zinc ou le bois). Ce monde formait ainsi un système aux éléments interdépendants et maintenus en vie par un dense réseau de routes surtout marines mais aussi terrestres (l'étain, notamment, venait d'Afghanistan). Les effets des crises touchant l'un ou l'autre empire ou royaume se répercutait sur les autres en se cumulant, et quand finalement les routes commerciales sont devenues insécures a cause d'une piraterie généralisée ou la destruction de ports, c'est l'ensemble de ce monde global qui s'est peu a peu effondré.

On ne peut s'empecher avec l'auteur de faire le parallele avec notre civilisation globalisée du 21. siecle ou les interdépendances des États se conjuguent aux conflits militaires et économiques sur fond de crise climatique grave pour jeter des millions de migrants sur les routes de l'exil... La suite de l'ouvrage est prévue pour 2024.

Commenter  J’apprécie          00
Ce livre est vraiment éclairant sur une époque, que je dois avouer, je connaissais bien mal. C'est désormais plus clair, mais aussi plus complexe. Et c'est ce que j'en retiens, c'est que le monde était déjà bien complexe il y a de ça trois millénaires. Quoiqu'il en soit, même si les parallèles, qu'il effleure plus qu'il n'engage, peuvent prêter à discussion et méritent la discussion, il en prend toutes les précautions d'usage qui sont nécessaires. Donc pour moi c'est à la fois une recherche fouillée et étayée, et clairement dans un esprit scientifique respecté, car à tour moment il nous est rappelé la différence entre une hypothèse et un fait établi à travers un large consensus. Je salue cette rigueur.
Commenter  J’apprécie          00


Lecteurs (209) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3204 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}