- C'est merveilleux la nuit. La terre retrouve sa toute petite place au milieu des étoiles.
Au-delà de la vieille ville et partout sur les collines, des lueurs clignotaient, à peine distinctes des étoiles. On entendait seulement l'aboi d'un chien errant ou les pulsations du vent dans les minarets et les créneaux du Haram al-Khalil. Un couple de chauves-souris voletait étourdiment au-dessus d'un palmier rabougri. D'être menacée à tout moment rendait cette paix nocturne plus intense, comme l'attente muette du condamné.
Retenue, elle se pencha sur la rambarde pour respirer l'âpre vacuité de la nuit. Des collines environnantes, l'odeur de sang des olives blettes se répandait par fades exhalaisons. Le cri d'un oiseau résonna dans la fraîcheur. Un bruissement de sonnailles, parfois, accompagnait au loin la plainte informe des troupeaux ranimés par l'aube proche.
- Quel objectif ?
- Tu le sais bien : un État en Cisjordanie et dans la bande de Gaza délimité par la Ligne verte avec une vraie solution au problème des réfugiés, l'évacuation totale des colonies, et Jérusalem comme capitale partagée garantie par un statut international.
Elle serait pareille au plus vaste jardin grâce à tous ses parfums.
L’idée, c’est de se faire éclater dans un bus ou dans un marché, poursuivit Omar. Je sais où trouver les ceintures d’explosifs. Il ne faut pas regretter cette vie d’opprimé. Plus tu fais de morts chez les sionistes, plus tu montes vite au paradis : c’est comme un carburant/
Le Shadid se purifie dans le sang de ses ennemis…
Le major Mazeltof ralentit à proximité du Tombeau des Patriarches. Des soldats en arme patrouillaient le long des murailles.
C’est amusant, dit-il avec un entrain joué. Vous, les musulmans et nous, juifs, nous ne parvenons à être d’accord que sur les fables. Voilà bien le seul endroit au monde où on trouve une synagogue et une mosquée sous le même toit. Vous croyez vraiment qu’Adam et Eve, Abraham et les autres soient inhumés là-dedans ?
Dans l’incertitude de l’aurore, un soudain vacarme la tira des abysses. Falastìn courut jusqu’aux volets qu’elle repoussa des deux bras. Les toits et les terrasses reflétaient un ciel de marbre veiné de mauve à l’horizon. Des chocs violents, suivis d’une sourde déflagration, ébranlèrent l’immeuble. Elle eut juste le temps d’apercevoir les jeeps blindées des services spéciaux et de la police des douanes.
Il était de ceux qui pensent que le pays, à moyen et long terme, aurait davantage besoin de cadres intellectuels que militaires ou politiques. Malgré leur père assassiné, il affichait un foi entière pour le processus de paix et prônait l'instauration d'un État binational, sur les positions de l'ancien parti communiste : une société indivisible avec les mêmes droits partagés, à l'encontre des libéraux au pouvoir, des colons et des dictatures arabes.