Pour celui qui prend souci de son âme, l'essentiel ne se situe pas dans les apparences, dans le costume, mais dans la liberté.
Comme Socrate, Eros n'est qu'un appel, une possibilité qui s'ouvre, mais il n'est pas la Sagesse, ni la Beauté en soi. Il est vrai que les Silènes dont parle Alcibiade se révèlent, si on les ouvre, remplis de statues de dieux. Mais les Silènes ne sont pas eux-même les statues. Ils s'ouvrent seulement pour permettre de les atteindre. Poros, le père d'Eros signifie étymologiquement "passage", "accès", "issue". Socrate n'est qu'un Silène qui s'ouvre sur quelque chose qui est au-delà de lui. Tel est le philosophe : un appel à l'existence.
Eros est ainsi désir de sa propre perfection, de son vrai moi.
On peut dire qu'un homme est condamné quand la faculté de voir lui est enlevée, quand il n'aperçoit pas la réalité, mais un spectre trompeur de la réalité, et qu'il suit ce fantôme, dans l'obscurité, d'un pas plus ou moins rapide, jusqu'au fond des ténèbres, jusqu'à la ruine, qui est le grand océan de la nuit, où toutes les faussetés tôt ou tard finissent par se perdre.