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Critique de Lesperanza


Lecture scolaire en HLP littérature. Thème "Histoire et violence".

Bon... mes premières impressions au tout début ont été : "J'ai du mal, je crois que je ne vais pas accrocher. 180 pages réparties en 3 chapitres seulement, alors que j'aime les chapitres plutôt courts... de longs paragraphes, pas vraiment de dialogue. C'est compact, pas agréable à lire pour moi. le style d'écriture aussi j'ai du mal. C'est assez particulier. Bon, il faut que je m'habitue aussi..."

Et je dois dire que... eh bien oui, je me suis habituée.
En relisant ces mots écrits au tout début de ma lecture, cela n'avait pas l'air d'être gagné. Mais si, je me suis habituée. À l'écriture de l'auteur, son style. Et j'ai réussi à plonger dans le récit, dans cette période historique si dure qu'on ne peut la qualifier avec de simples mots, mais qui m'intéresse tant.

Il y a eu des moments où j'ai encore eu un peu de mal, la lecture ne m'était pas complètement fluide. Je pense que ce qui m'a un peu "gênée" dans le deuxième chapitre, c'est surtout que ce soit écrit à la troisième personne. J'ai eu plus de mal à me sentir proche de Jan Karski et au fil du temps, je me rends de plus en plus compte que je préfère les récits à la première personne. Je me projette davantage, enfin du moins plus facilement, dans le récit.

Néanmoins, il y a eu d'autres moments où j'ai vraiment été dedans. Captivée par le récit. Et finalement, ce fut une très bonne lecture, raison pour laquelle je l'ai noté 4/5.

On lit ce texte qui est dur, éprouvant par nombreux moments. le récit de l'auteur qui raconte ce qu'a vécu Jan Karski. Cette « déshumanisation », mot qu'il emploie lui-même, face à ces situations inqualifiables qu'ont subi des millions de personnes pendant cette période de guerre. « À ce stade, écrit Karski, ils étaient complètement déshumanisés. »

Descriptions de faits tellement abominables qu'elles ont été remises en question de par leur véracité… Je sais même pas quoi dire. Il n'y a pas de mot pour justifier comment l'être humain a pu être capable de choses pareilles.

Le chapitre 3 est une fiction, néanmoins j'ai apprécié qu'il soit écrit à la première personne : cela nous permet de nous sentir plus proche de Jan Karski et de ses pensées, même si cela fut imaginé par l'auteur.

Yannick Haenel utilise beaucoup le pathos ; il fait appel aux sentiments. Peut-être que cela n'aura pas été apprécié pour tout le monde, mais cela a marché pour moi.
Le contenu du chapitre 3 est lourd, composé de 70 pages sans paragraphe. En temps normal je n'aurais pas du tout aimé cette mise en forme. Mais là, je ne suis pas trop posé de questions. C'est à travers ce pdv à la première personne que j'ai ressenti des centaines d'émotions en lisant les pensées de Jan Karski sous la plume de Yannick Haenel. Cette injustice, cette hypocrisie de la part de tant des personnes. Ces personnes qui ont refusé de voir la vérité en face. Cette passivité des Alliés. Qui ont choisi de fermer les yeux.
Il ne fait aucun doute qu'à travers ce roman, l'auteur a voulu dénoncer l'inactivité des Alliés quant à l'extermination des juifs. Leur part de responsabilité, d'une certaine façon.

Parfois, je trouvais certains passages du livre tellement aberrants que je levais les yeux de mon livre quelques secondes, pour intégrer ce que je venais de lire. Cela me paraissait tellement absurde que des personnes puissent être à ce point inconscientes de tout cela.
« Je me souviens d'une vieille dame couverte de perles et de rubis, qui s'était jetée sur moi pour me dire qu'elle venait de lire la scène où la Gestapo me torture, et qu'il n'y avait rien de plus beau que cette scène : le moment où l'on me torture, c'était magnifique. »

J'ai fini ce livre sans savoir comment décrire ce que je ressentais. Mais sincèrement, je suis très reconnaissante d'avoir pu découvrir cette oeuvre.
C'est un roman qui questionne la notion de témoignage, de témoin, et qui vise aussi à remettre en question certaine choses. (et de rappeler que l'extermination des Juifs, c'est un crime de l'humanité commis par l'humanité elle-même...) L'oeuvre s'intègre ainsi parfaitement dans le parcours de HLP étudié en ce moment, et malgré la polémique qu'il y a eu autour de cette dernière, ce fut un très bonne lecture pour ma part.
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