Citations sur Wild Heart (84)
— Je ne te promets pas de te rendre visite très souvent. Ni de revenir tout court. Mais, je suis quelqu'un maintenant, Joan. Je suis quelqu'un qui est venu te voir et ta chambre n'est plus tout à fait vide maintenant.
— Il faudrait peut-être que tu ouvres les yeux, histoire de la rassurer. Je sais bien que tu penses que tu n'as aucune raison de le faire et que ta chambre reste souvent vide. Mais la famille, ce n'est pas seulement le sang, tu sais. Ça se trouve, ça se crée. C'est une histoire de liens et d'affection. Et même si tu penses être incapable de donner quoi que ce soit, un jour, tu comprendras que tu peux le faire. Peut-être pas aussi bien que les autres, pas aussi naturellement. Mais tu finiras par te laisser attendrir par quelqu'un. Et puis, par quelqu'un d'autre. Et ainsi de suite. Tu comprends ?
— Les accidents arrivent tous les jours, Warren.
J'étais bien placé pour le savoir
— Je ne vais pas m'arrêter de traverser la route parce que je pourrais me faire renverser par une bagnole.
— Certainement. Ce n'est pas pour autant que tu vas t'allonger sur l'alsphalte en supposant qu'elles t'éviteront toutes.
Tous les mots que je t'ai dits et qui t'ont atteint bien plus que ceux que j'ai planqués derrière mes silences.
Le temps est lourd, Vicky.
Les secondes, interminables.
Je me suis trop habitué à toi.
Pardon. Pardon et pardon. Et mille autres façons de le dire. Pour tout ce que je tai pris. Pour tout ce que je tai dit. Pour les monts de souffrance que tu as dû surmonter par ma faute. Les opérations, la rééducation, la douleur, ce combat pour pouvoir marcher sans aide, sans canne, sans rien d'autre que toi.
Pardon pour t'avoir arraché ton amour
de la course. Pour avoir fait de toi... Pour avoir fait de toi un autre homme... Un
homme...
Cet homme-là... Bien que, même abîmé, tu restes tellement plus que moi.
J'ai manqué tuer un type parce que je ne supportais pas l'image qu'il me renvoyait, il était comme un miroir dans lequel j'étais obligé de me regarder et ce face-à-face m'a rendu dingue. J'ai fait pleurer ma soeur tellement de fois que je me demande comment elle peut encore avoir des larmes. Je n'avais qu'une seule personne qui ressemblait à un ami et même lui, j'arrive à le détester pour ce qu'il est devenu aujourd'hui - quelqu'un qui sera toujours mieux que moi.
"J'avais cru revenir là d'où j'étais
parti, me réinstaller en homme
réincarné, retrouver toutes ces choses
auxquelles j'avais décidé de - renoncer -
l'amour, le désir, les disputes, l'héritage
confus du passé... Mais le passé se tait,
qui n'est rempli que de rêves morts."
Philip Roth, Exit le fantôme, Gallimard,
2009, traduction de Marie-Claire
Pasquier
Combien de fois l'avais-je bousculé ? À peu près une fois par semaine depuis que je l'avais rencontré. Cela m'avait valu de longues heures de retenues, quelques expulsions et pas mal d'emmerdes. Pourtant à aucun moment, je n'avais voulu le coller dans cette ambulance – Je voulais juste... Je n'en savais rien. Le ternir un peu. Lui ôter de son éclat pour qu'il ne m'aveugle plus autant.
Il m'avait souri en descendant – comme il souriait à tout le monde – avant de s'éloigner d'une démarche tellement légère que j'avais grincé des dents rien qu'en pensant à tout ce que mes propres pas me coûtaient. Avancer, marcher, faire quelque chose... Je l'avais détesté pour ça.
J'avais grandi dans un univers où les lumières étaient belles uniquement parce qu'on ignorait ce qu'elles cachaient.