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Critique de Patlancien


Pour les amoureux de SF militaire, le roman la Guerre éternelle de Joe Haldeman est fait pour vous. Il a été récompensé à plusieurs reprises avec le prix Nebula en 1975, le prix Locus et surtout l'illustre prix Hugo en 1976. C'est un contrepied à « Etoiles garde-à-vous » de Robert Heinlein paru en 1959 avec son jeune soldat Johnnie Rico. Celui-ci sera remplacé chez Haldemann par un jeune conscrit moins belliqueux : William Mandella. On va suivra ainsi ses péripéties de simple soldat au grade de commandant, sur une longue période allant de 1997 à 3143. (Merci à notre Albert et à sa Relativité)

Comme dans le roman d'Heinlein avec les Arachnides et pour faire face à une invasion d'extra-terrestres qu'on nomme ici les Taurans, on recrute chez Joe Haldeman les meilleurs d'entre nous pour les entraîner et les envoyer au combat dans les étoiles afin de protéger la race humaine. le scénario peut paraître banal mais son originalité se rencontre au détour de chaque page. On va tout d'abord le découvrir par le côté décalé voire déjanté de son héros Mandella. Avec son caractère pacifiste, celui-ci nous livrera un tableau très critique de son expérience militaire. Les collapsars sont également les autres éléments curieux du roman. Voguants sur des vitesses relativistes, au moyen de vaisseaux spatiaux qui surgissent de ces trous de ver ; les individus vieillissent moins vite que leur environnement temporel. Les soldats revenus en permission, se heurtent alors aux évolutions des moeurs et aux technologies d'une Terre du futur. Si Harry Harrison dans sa nouvelle « Soleil vert » réglait le problème de la surpopulation avec l'anthropophagie, Joe Haldeman propose ici une solution plus atypique l'homosexualité qui s'imposera comme la norme à l'ensemble des citoyens de ce monde de demain.

C'est aussi grâce à son style que Joe Haldeman permet à son roman de rester résolument moderne. Son écriture est précise et dynamique, elle reste claire et l'usage de la première personne donne un côté véridique au récit qu'on retrouve habituellement dans les mémoires ou biographies militaires historiques. Les multiples personnages qui arpentent le livre donnent aussi une profondeur aux sentiments et enrichissent les échanges entre les divers protagonistes qu'ils soient hommes ou femmes. Même la liberté sexuelle qui ressort de ce roman de 1970, n'entache en rien le message d'égalité des sexes clamé haut et fort par l'auteur. de même, la description des batailles est finement détaillée et les explications scientifiques restent d'une grande clarté facilitant la bonne compréhension de l'ouvrage. Enfin, les traits d'humour voire d'ironie sont aussi monnaie courante chez cet auteur et complètent bien sa prose au point de la rendre fortement addictive.

La guerre éternelle est le roman de SF qu'il faut avoir lu dans sa carrière d'afficionados du genre. Les thèmes qui étaient novateurs pour l'époque comme le choc du futur, la surpopulation, la pollution, la censure, les absurdités de la guerre résonnent toujours dans notre actualité avec autant de vigueur. Je tiens ici à remercier mon amie @FeyGirl qui m'a fait découvrir ce roman vintage que je vous conseille également de « page-tourner » sans aucune modération.

« Je me suis assis, les pieds dans le vide, sans penser à rien, jusqu'à ce que les rayons obliques du soleil viennent illuminer les dunes en un doux clair-obscur de bas-relief. Par deux fois, j'ai changé de position comme si j'allais sauter. Si je ne l'ai pas fait, ce ne fut pas par crainte de souffrir ou de perdre quelque chose. La douleur ne serait qu'un brillant éclair, et je n'avais rien à perdre que l'armée. Et c'eût été là leur ultime victoire sur moi : après avoir si longtemps régi ma vie, me forcer à la conclure.
Ça, au moins, je le devais à l'ennemi. »
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