J'avais bien apprécié «
le lilas ne refleurit qu'après un hiver rigoureux » et j'avais hâte de retrouver la plume de l'autrice avec ce second roman, ayant pour thème, comme son premier, le vécu de femmes qui se battent pour gagner leur liberté avec une force et un courage extraordinaires pour l'époque dans laquelle elles vivent.
Martha Hall Kelly nous embarque dans des destins croisés, ceux de Sofya, Eliza et Varinka.
Sofya est une aristocrate Russe, une Streshnayva de Saint-Petersbourg, qui a été dame d'honneur de la Tsarine. Elle est passionnée de botanique qu'elle étudie pour le plaisir. Mariée à Afon qui fait partie de la garde royale elle a un fils Maxwell, né aux USA lors d'une fête chez Eliza Ferriday, son amie américaine, elle est aussi très proche de Luba se soeur cadette obsédée par les étoiles.
Nous sommes en 1914, La Russie est aux portes de la guerre, le peuple se soulève et veut destituer le tsar. le pays s'enfonce un peu plus chaque jour dans le chaos et la violence. Sofya et sa famille deviennent des cibles du fait de leur situation privilégiée. Ivan le père qui est au service du tsar et qui s'occupe des finances du pays, doit mettre des documents à l'abri. Il décide de partir à la campagne dans la propriété familiale de Malinov pour cacher les documents et y emmène sa famille, pensant qu'à une heure de la grande ville ils seront à l'abri. Evidemment il se trompe et quand la propriété est attaquée par la bande de Taras, un révolutionnaire ami de Varinka, le destin de la famille Streshnayva bascule.
Varinka est une jeune villageoise très pauvre qui vit dans une isba avec sa maman. Grâce à celle-ci, elle est embauchée dans la propriété des Streshnayva et s'occupe de Maxwell le fils de Sofya. Elle est prisonnière de Taras qui a été recueilli par son père et qui vit avec eux. Il est violent et ne cesse d'harceler la jeune fille qui rêve de s'enfuir. Elle n'est pas tsariste, elle est née du mauvais côté et envie le faste de la famille pour laquelle elle travaille mais n'a pas idée de leur faire du mal. Pourtant, poussée par Taras et sur un malentendu, c'est elle qui va faire basculer le destin des Streshnayva et va finir par se rallier aux révolutionnaires.
Eliza Ferriday est issue d'une famille américaine très aisée. Elle est mariée à Henry, ensemble ils ont une fille, Caroline (que l'on retrouve dans le premier tome de la trilogie). Alors qu'ils s'apprêtent à partir en voyage, Henri décède brutalement et la vie d'Eliza bascule. Elle doit faire face à son deuil et elle est aussi très inquiète pour Sofya et sa famille qui n'a pas réussi à quitter la Russie et dont elle n'a plus de nouvelles.
C'est un roman choral, la vie des trois femmes s'enchaîne et j'ai une préférence pour le destin de Sofya et Varinka qui se déroule en Russie alors qu'on suit, en parallèle, l'histoire d'Eliza aux Etats-Unis, qui va tout faire pour sauver son amie et sa famille mais aussi se démener pour accueillir et aider des aristocrates Russes qui sont en exil. le récit à Saint-Pétersbourg puis à Malinov est somptueux, agrémenté de magnifiques descriptions de paysages et de faits historiques. J'aime beaucoup le personnage de Sofya qui va tout affronter pour retrouver son fils qui a été enlevé par Varinka sa jeune domestique. Sofya va tout tenter et ne lâchera jamais malgré les difficultés. de par sa condition on pourrait penser que c'est une jeune femme capricieuse, avide de richesses, il n'en n'est rien. Elle est à l'écoute des autres et va entamer un sacré périple qui va la mener à Paris.
Varinka que j'aimais beaucoup au début finit bien vite par ne plus trouver grâce à mes yeux. La jeune fille prend de l'assurance mais pas dans le bon sens. Taras, sinistre personnage, déteint sur elle, heureusement que sa mère a plus d'empathie et de compassion. Elle a enlevé Maxwel pour qui elle a un amour démesuré, elle finit par penser qu'elle est sa mère et prive l'enfant de sa vraie mère, Sofya.
J'apprécie Eliza qui fait beaucoup pour les autres et qui ne se laisse pas abattre malgré son deuil. Elle se met à fond dans la mission qu'elle s'est donnée, à savoir aider les aristocrates russes qui arrivent sur le sol américain et qui ont tout perdu. Malgré les moqueries d'une certaine catégorie de la bourgeoisie Américaine, malgré qu'elle soit montrée du doigt et parfois rejetée des clubs chics auxquels son mari appartenait, Eliza ne lâche rien et ne perd jamais son objectif de vue.
J'ai passé un agréable moment avec ce roman. Les destins des trois femmes s'entremêlent et c'est très agréable. J'aime beaucoup sa construction, on ne se perd jamais dans les différents personnages et il faut avouer qu'il y en a pléthore. J'ai apprécié de voyager et de m'évader dans les steppes russes, sur la plage de Southampton aux USA ou encore dans les rues Parisiennes. Il n'y a pas de temps mort, beaucoup de suspense et de rebondissements. On ressent aussi beaucoup d'émotions. C'est une magnifique histoire de femmes, des femmes qui savent ce qu'elles veulent et qui n'hésitent pas à braver la guerre ou encore les convenances pour y arriver. C'est une très belle histoire d'amitié et de solidarité féminine. Dans ce roman il y a aussi de l'amour, celui d'Eliza pour Henry, de Sofya pour Afon, et de belles histoires à venir.
J'ai hâte de lire le tome 3 «
le tournesol suit toujours la lumière du soleil » qui est dans ma PAL, Avec ce troisième livre, on part une nouvelle fois en arrière, en 1861, avec la guerre de Sécession aux Etats-Unis et Georgeanna Woolsey, qui doit être, si je ne me trompe pas, l'arrière grand-mère maternelle d'Eliza Ferriday. On découvrira aussi deux autres héroïnes.
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