Son réveil bon marché indiquait trois heures quarante quand il ralluma la vasque suspendue au plafond. Il laissa tomber manteau et chapeau sur le lit et alla dans la cuisine d'où il rapporta une grande bouteille de rhum Bacardi et un verre à vin.
Je n'ai pas confiance dans les gens qui proclament sans cesse leur désintéressement. Et je me méfie par-dessus tout de ceux qui disent la vérité en faisant cette déclaration, parce que ce sont des imbéciles qui par-dessus le marché vont contre les lois de la nature.
- C'est ça! Un autre mensonge, s'écria Cairo, dont le visage - là où il n'était pas couvert de sang - rougit violemment.
Sam Spade, tu es le plus beau salaud de la création - quand tu veux t'en donner la peine. Parce qu'elle a agi sans te consulter, tu restes là sans bouger, alors que tu sais qu'elle est en danger, qu'elle pourrait être ...
- Ecoutez-moi, dit-il. Vous ne comprenez pas, mais je vais tout de même vous expliquer la chose encore une fois. Quand l'associé d'un homme est assassiné, son partenaire doit s'efforcer de retrouver l'assassin. Que l'associé ait été ceci ou cela, ça n'a aucune imortance ; il était votre associé et il faut agir. De plus nous étions détectives. Laisser échapper le criminel, c'est désastreux dans notre profession, désastreux pour toute la corporation des détectives. Troisièment, je demeure détective. Me demander de ne pas livrer le coupable à la police, c'est comme si on demandait à un chien de prendre un lapin pour le relâcher aussitôt. Cela arrive, bien sûr, mais ce n'est pas naturel. La seule façon de j'avais de vous laisser filer, c'était de ne pas dénoncer les trois autres.
Je vous ai donné tout l’argent que je possédais […]. Je m’en suis remise à vous, je vous ai dit que sans votre aide, j’étais irrémédiablement perdue. Qu’est-ce qu’il me reste d’autre ? […] Est-ce que je peux vous acheter avec mon corps ?
« What is this ? – The… stuff that dreams are made of. »
Sam Spade avait la mâchoire inférieure lourde et osseuse. Son menton saillait, en V, sous le V mobile de la bouche. Ses narines se relevaient en un autre V plus petit. Seuls, ses yeux gris jaune coupaient le visage d'une ligne horizontale.
Le motif en V reparaissait avec les sourcils épais partant de deux rides jumelles à la racine du nez aquilin, et les cheveux châtain très pâle, en pointe sur le front dégarni, découvrant les tempes.
L'ensemble du visage faisait penser au masque sardonique d'un Satan blond.
- Qu'est-ce qu'il y a, mon petit ? dit-il à Effie Perine
La jeune fille, bronzée, grande - une fausse maigre, portait une robe de lainage mince qui moulait ses formes comme un drap mouillé. Ses yeux bruns riaient dans un visage enfantin.
Elle ferma la porte derrière elle et s'adossa au battant.
- C'est une femme qui voudrait te voir, dit-elle. Elle s'appelle miss Wonderly.
- Une cliente ?
- Je le crois. En tous cas, elle est bien jolie !
- Fais-la entrer, chérie, fais-la entrer, dit Spade.....
(extrait du premier chapitre de "le faucon de Malte" paru dans la collection "le scarabée d'or" de la "Nrf" en 1936)
"Qu’est-ce que c’est ? – L’étoffe dont on fait les rêves."
« It’s easy enough to be nuts about you […]. But I don’t know what that amounts to. Does anybody ever ? But suppose I do ? What of it ? Maybe next month I won’t. I’ve been through it before – when it lasted that long. Then what ? […] Well, if I send you over I’ll be sorry as hell – I’ll have some rotten nights – but that’ll pass. » (210)