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Critique de Meps


Certains auteurs sont majoritairement connus par l'intermédiaire d'un livre et les Nobels comptent leur lot de ceux-ci: Lagerlof et son Nils Holgersson, Mauriac et son Thérèse Raquin, dans une moindre mesure Kipling et son livre de la jungle. Hamsun fait partie de ceux-là. Ceux qui l'ont lu... ont lu la Faim.

Le titre sonne comme un manifeste social... mais se trouve plutôt être l'incarnation de cette abstraction dévorante. Pas de réelle revendication politique ici, pas de drame avec intrigue particulière. On ne connait quasiment pas mieux le personnage principal à la fin qu'au début, on n'est même pas sûr de son nom puisqu'il s'ingenie à ne decliner que de fausses identités... à des personnages secondaires eux mêmes désignés par des surnoms ou des periphrases.

L'auteur nous indique par là qu'il ne sert à rien de s'intéresser trop longtemps à une histoire ou au devenir des "héros" car c'est bien la Faim le personnage central de ce récit. Elle habite le personnage de bout en bout du livre puisque l'auteur decide de l'abandonner à chaque fois que les circonstances s'améliorent pour lui.

Cela permet à l'auteur d'étudier en profondeur le phénomène de la faim, ses conséquences physiques, mentales, psychologiques, sociales... La seule caractéristique personnelle du protagoniste principal est son orgueil démesuré. Cet orgueil qui le pousse à refuser la charité, à se prétendre moins en difficulté qu'il n'est, à repousser le moment où il devra solliciter le remboursement d'une dette, à se montrer lui même généreux alors qu'il n'a pas d'argent. Cette caractéristique n'est en fait là que pour repousser plus loin les limites de cette faim puisque l'homme se retrouve donc ainsi totalement désarmé pour la combattre.

Cela aboutit donc à un récit profondément triste malgré son côté désincarné. On ne peut que penser à tous ces hommes sur Terre encore aujourd'hui qui souffrent de la faim, quelle qu'en soit la raison, et ce livre est un bel hommage rendu par l'auteur à cette souffrance.

Ce qui fait qu'Hamsun reste un auteur peu reconnu aujourd'hui est sans doute la suite de sa vie. Sa germanophilie avérée l'a poussé à accueillir avec une trop grande bienveillance l'envahisseur nazi et à fermer les yeux sur les horreurs commises. Cela a amené sa condamnation après guerre et a empêché le peuple norvégien de considérer à sa juste valeur les qualités de son écriture. Cette lecture mérite tout de même pour moi la poursuite de la découverte de l'oeuvre... ne serait-ce que pour pouvoir s'enorgueillir : "Knut Hamsun ? Oui j'ai lu la Faim.. mais pas que !"
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