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Critique de Aline1102


La Faim nous raconte l'histoire d'un écrivain qui ne parvient pas à vivre de sa plume et qui, petit à petit, s'enfonce dans la pauvreté. Luttant jour après jour contre la déchéance qui le menace, ce héros (dont le nom ne nous est jamais clairement révélé) a de moins en moins de temps pour écrire les articles et histoires qui pourraient le sauver de la misère.

C'est probablement la première fois que je lis un roman où le thème de la psychologie du personnage s'insère aussi bien dans la prose de l'auteur. En général, quand on rencontre un récit "psychologique", celui-ci a tendance à être ennuyant. Avec La Faim, Knut Hamsun parvient à nous décrire les obsessions de son personnage sans jamais nous ennuyer. Il est d'ailleurs impossible de lâcher le roman avant de savoir ce qu'il advient de cet homme qui, pour son art, est prêt à souffrir les pires humiliations et difficultés. Et son destin ne nous est révélé qu'à la toute dernière page du récit...
J'ai retrouvé, dans La Faim, un véritable "flux de conscience" digne de Virginia Woolf. Les pensées du héros nous sont exposées de manière brute, sans fioritures inutiles et elles finissent par devenir tout à fait fascinantes malgré le délire qui s'en dégage. Cet homme semble devenir fou sous nos yeux et une série de questions commence alors à s'imposer à notre esprit : devient-il fou à cause de la faim qui le torture (car il n'a plus d'argent pour se loger ou se nourrir) ? Ou était-il déjà fou avant et cette folie l'empêche-t-elle de finir les récits qu'il commence (en entraînant sa déchéance et sa malnutrition) ? Va-t-il mourir là, sous nos yeux ; ou une bonne âme va-t-elle le sauver in extremis ?

Une preuve supplémentaire du talent de Knut Hamsun est le fait que le personnage principal se retrouve toujours dans les mêmes situations sans jamais ennuyer ou lasser son lecteur. Dans chaque partie du récit, on retrouve la même structure : le héros tente d'écrire un article qui le rendra célèbre et lui permettra de vivre de sa plume. Il n'y parvient pas et se retrouve à la limite de l'indigence. Quand sa situation semble totalement désespérée et que l'on s'attend à le voir mort dans les pages qui suivent, il parvient à terminer son article et à le faire publier.
Cette situation se répète encore et encore ; le héros semble accomplir tous les jours le même parcours dans la ville de Kristiana ; et pourtant, on a chaque fois l'impression de lire un pan inédit de l'histoire de cet homme. Rien n'est lassant dans la plume de Knut Hamsun qui parvient toujours à insérer une sorte de suspense dans ce drame dont on connaît pourtant le dénouement...

Encore une très belle découverte grâce au Challenge 15 Nobel 2013-2014 de Gwen21.

Challenge 15 Nobel : 10/15
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