J'ai accepté mais j'ai eu peur. Pourquoi se poser ? Profiter de quoi ? Et si on n'arrivait pas à se détendre ? Et si en fait on n'avait plus rien à se dire ? J'ai eu peur de moi sans le reste, sans l'agitation, sans la vie à côté, sans les bêtises à raconter, sans les spectacles. […] Et puis de toute façon, il n'y a rien d'inquiétant ; si je n'arrive pas à dormir, c'est tout simplement parce que je n'ai besoin de me reposer de rien. De rien du tout, puisque je n'ai plus vraiment de métier, et que je n'ai plus transpiré depuis le 17 mars 2020. Au début, c'était du repos, puis le repos s'est transformé en manque et le manque en obsession.
Depuis des semaines, mes voisins d'en face me regardent laver mes vitres et je sais qu'ils se disent, "Voilà une folle qui désinfecte tout ce qui passe", alors qu'en réalité, la folle cherche juste à combler le vide. Je ne sais pas si mon torchon est une sorte de doudou qui me rassure ou ma nouvelle tenue de scène, mais une chose est sûre, j'ai du mal à m'en séparer.