incipit :
Jadis je ne connaissais que des fatigues redoutables.
Qu'un homme marche, qu'un buisson s'agite, que le bus soit jaune et tourne pour aller à la gare, que le croisement de rues forme un triangle, que la serveuse se tienne sur le pas de la porte et que la craie soit posée sur le bord du billard, qu'il pleuve et que et que, cela voulait alors dire quelque chose simplement. Oui, c'était cela, le présent prenait de la souplesse! Ainsi même nos petites habitudes à "nous, les joueurs de juke-box" et nos petites variantes méritaient attention.
cette mélodie, ce son - c'est moi, là, maintenant; avec ces voix, ces harmonies je suis devenu, comme jamais encore, celui que je suis; ce qu'est ce chant, je le suis entièrement ------essai sur le juke box
Qui a déjà vécu une journée réussie ? La plupart vont dire que oui. Et il sera nécessaire alors de continuer à questionner. Veux-tu dire "réussie", ou simplement " belle " ? Parles-tu d'une journée "réussie" ou d'une journée - il est vrai tout aussi rare - " sans soucis " ? Pour toi une journée réussie est-elle déjà celle qui s'est déroulée sans problème ? Vois-tu une différence entre une journée réussie et une journée heureuse ? Est-ce pour toi autre chose de parler de telle ou telle journée réussie à l'aide du
souvenir ou, immédiatement après, au soir même de ce jour, sans la transformation par le temps intermédiaire dont l'adjectif alors ne serait pas "accompli", "surmonté" mais seulement " réussi "? Pour toi la journée réussie est-elle fondamentalement différente d'une journée sans pesanteur, une journée de bonheur, une journée dont on serait venu à bout, une journée transfigurée par son longdurer...
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Et que te restait-il après cela ?
De plus grandes fatigues encore.
Avant notre sortir - dans - la rue, encore une dernière image, de la fatigue.
Bien. C'est en même temps ma dernière image de de l'humanité : réconciliée en ses derniers ultimes instants dans une fatigue cosmique.
C’est n’est pas une opinion, mais une image : car ce que je pensais, je le voyais.