Resnick ferma la porte de son bureau derrière lui et composa le numéro du delicatessen local, dont la vitrine contenait tout ce qui peut faire rêver un gourmet. Il commanda un sandwich thon, mayonnaise et salade au pain de seigle, un autre au blanc de poulet et fromage Jarlsberg avec moutarde française, cette fois sur seigle aux graines de carvi, ainsi qu’un quart de salade de pommes de terre et deux gros cornichons.
Si Resnick était tombé plus tôt sur Nicky Snape ce samedi matin, il aurait pu devenir l’heureux propriétaire d’un lecteur de CD presque neuf, à prix cassé, entièrement programmable, avec fonction lecture aléatoire, filtre numérique, la totale en 16 bits. Et tout ça pour trente livres. Vingt-cinq, si Resnick n’avait eu que ça en liquide sur lui à ce moment-là.
C’est vrai, il manquait une ou deux bricoles, du superflu, en fait, rien d’indispensable. Pas de mode d’emploi, mais bon, avec un petit peu d’intelligence, n’importe qui pouvait deviner tout seul quel bouton servait à quoi. Et le carton d’emballage : non, il n’y en avait pas. Qui a besoin d’un emballage quand le lecteur tout entier se glissait si parfaitement sous le devant d’une veste en cuir ample, ou, pour un transport plus pratique, sous le bras ? La télécommande, en revanche, Nicky devait admettre que cela posait davantage problème ; personne n’avait envie de bondir de son fauteuil toutes les deux secondes pour bidouiller les pistes à la main. Mais, bon, il l’avait fait tomber, d’accord ? Pendant qu’il glissait son petit cul par la fenêtre de la salle de bains, la télécommande avait giclé de sa main comme une savonnette et atterri dans la cuvette des toilettes en faisant plouf.