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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
— Holà, Tavernier, à boire ! Servez-moi quelque chose de bon, de fort, de puissant, de goûtu. Pas une infâme piquette !

— Alors, madame, je vous conseille de boire à cette bouteille, de poser vos lèvres sur ces clairons de l'après-midi, vous m'en direz des nouvelles. Et puis, je suis Bertrand Tavernier, le directeur de la collection, pas le serveur.

— Excellent ce breuvage, Tavernier… On sent qu'il a pris son temps de murir en fût de chêne et que l'auteur a bien fait son travail, qu'il a su faire décanter son récit et lui additionner tout ce qui fait un grand cru.

— Vous m'avez demandé de vous servir de la qualité, madame, ce que j'ai fait en vous proposant ce grand-cru Western de chez Ernest Haycox, un maître en la matière. Ceci n'est pas un Western de gare. Vous sentez sa longueur en bouche ? Un roman que vous n'oublierez pas de sitôt, croyez-moi !

— En effet ! Il a une odeur de grandes plaines sauvages, un soupçon de Black Hills, de la Frontière, si proche, une odeur de poudre à fusil, de cheval, de sueur, de cuir des selles, de poker, des bagarres dans le saloon, du sang, de la trahison… Oh, des indiens qui galopent dans la bouteille !

— Bien sûr qu'il y a des indiens, sinon, ça manquerait de corps et vous avez sans doute souffert avec tout les corps, sur la fin… Vous remarquerez que les personnages principaux, qui composent de divin nectar, ont été travaillés, taillés avec amour, blessés, aussi, mais cela forge le caractère.

— Oh, j'ai ressenti un gros faible pour le mystérieux Ken Shafter : ses fêlures, ses zones d'ombre, la violence intérieure qu'il trimballe, son passé dont qu'on ne nous dévoilera qu'à petites doses, ses allures de gentleman, ses envies de vengeance.

J'ajouterai aussi que la jeune Josephine Russell est réussie, elle aussi, et à l'opposée des femmes que l'on a tendance à croiser dans des Westerns de mauvaises factures. Joséphine, c'est une jeune femme complexe, libre et elle n'a rien d'une femme soumise. de plus, ses jugements sur Shafter sont pertinents.

— Les personnages secondaires ne sont pas en reste non plus !

— Que nenni, monsieur Tavernier ! Même les personnages les plus secondaires, que nous ne croiserons qu'une seule fois, sont brillamment mis en place et ils nous dévoilent un véritable pan de la vie à cette époque (les deux tenancières des hôtels en sont des exemples vivants), non loin de cette fameuse Frontière qui recule pendant que les autres avancent.

Même son Méchant de l'histoire est soigné et l'auteur nous brossera un portrait qui n'est ni tout blanc, ni tout noir, mais tout en nuance de gris, comme il le fait pour le général Custer, dont les différents protagonistes nous dresserons un portrait à charge ou à décharge, sans lui trouver des excuses ou tout mettre sur son dos.

Mon dieu, Tavernier, et cette plume ! Elle m'a emportée dans la vie courante de la garnison d'un fort, j'ai vécu avec ses soldats, suivi leurs rituels, eu faim et froid avec eux, ressenti l'épuisement des longues chevauchées et puis, ce climat du Dakota, qu'elle merveilleuse manière qu'a Haycox de le présenter.

Ce temps qui change constamment, qui passe de la chaleur la plus accablante au vent le plus glacial, sans prévenir. La plume de Haycox nous le démontre bien par des petits épisodes de la vie quotidienne. Niveau décors, il n'est pas en reste non plus. On les voit, on les vit.

En fait, dans ce Western haut de gamme, on peut dire que toute l'action est sur la fin du récit, mais le talent de l'auteur fait que, ce qu'un cinéaste considérerait comme des moments “inutiles” sont absolument essentiels dans le récit et l'auteur ne s'en prive pas, pour notre plus grand plaisir.

Un roman Western fort, bien construit, bien raconté, des personnages travaillés, réalistes, ou le plus insignifiant a son rôle, où aucun n'obéit aux règles immuables du genre et qui nous conte une bataille dont on a entendu beaucoup parler mais dont on ne sait pas grand-chose, au final, et dont il est facile, avec le recul, de juger.

Sa description de la bataille de Little Big Horn est des plus réaliste, on s'y croirait, même si nous n'aurons qu'un seul point de vue, celui du groupe de Shafter et pas celui de Custer ou des Sioux.

De plus, si quelqu'un a un jour pensé – ou lu – que la bataille de Little Big Horn avait été un combat rapide, engagé et perdu en fort peu de temps, et bien, il avait tout faux : la bataille a au moins duré un jour et demi (et c'est long quand tu crèves de soif ou de douleur !!).

L'auteur nous décrit aussi, au plus juste, la panique des soldats, dont certains n'avaient jamais été au feu, ainsi que l'indécision dont font preuve certains officiers ou soldats, mais aussi le courage dont certains firent preuve !

— Et bien, si quelqu'un avait encore un doute sur le fait que la Belette a aimé ce western, ses personnages, son histoire, ses combats violents à la fin…
— Hé, au fait, M'sieur Tavernier, tu aurais pu appeler ce roman "Kern le survivant" !
— Tu as regardé trop le Club Dorothée, toi.
— Oui, sans doute…
— Je te ressers un verre de la cuvée "L'Ouest, le Vrai" ?
— Sans hésiter, Bertrand, mais pas tout de suite si tu le permets, laisse un peu celui-ci reposer, c'était du costaud, on n'en boit pas tous les jours au petit déjeuner !
— En effet… Bien que j'ai connu une polonaise qui en buvait au petit-déjeuner !
— Toi, tu as trop regardé les Tontons, toi !

Pour citer une conclusion de Bertrand Tavernier qui résume ce que je voudrais vous dire mais que je n'y arrive pas tant les mots se bousculent dans ma tête : "Portrait magnifique, à la fois mesuré et impitoyable, généreux et lucide. […] Haycox nous restitue une réalité complexe, âpre, déroutante, avec une vérité plus grande que certains historiens qui reconstruisent la réalité de manière abstraite."

Je dirai plus sobrement "Putain, quel grand roman western qui rend ses lettres de noblesse au genre trop souvent décrié et méprisé !".

PS : Mes excuses les plus plates à monsieur Bertrand Tavernier, directeur de cette belle collection "L'Ouest, le vrai" auquel je prête des dialogues imaginaires avec moi pour cette chronique.

(4,5/5)

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Le western a ses mythes, ses archétypes, ses codes. Pourtant, même dans ce cadre restreint, il est possible de tendre à l'universel, de démontrer que la littérature se joue des conventions lorsqu'elle les dépasse.
C'est la gageure réussie par Ernest Haycox, ce romancier disparu en 1950 et dont John Ford avait repris une des nouvelles pour tourner "La Chevauchée Fantastique".
"Des Clairons dans l'après-midi" est un formidable western, mais aussi un roman historique qui revisite la bataille de Little Big Horn, moment-clef des guerres indiennes. Les Sioux, regroupés par Sitting Bull, y écrasent la cavalerie américaine (le prestigieux 7e de cavalerie), aidés en cela par l'orgueil démesuré de son chef Custer, son impétuosité, sa confiance aveugle dans l'attaque brutale, qui le poussent à engager le combat prématurément dans le but d'être le seul à briller. Ce sera, on le sait, un désastre !
Western donc, mais aussi récit d'une terrible haine consumant deux hommes qui se retrouvent justement au sein du fameux 7e de cavalerie. Kern Schafter a choisi, après 10 ans d'errance, de rejoindre l'armée au plus bas de l'échelle, pour y trouver un refuge, lui "qui rumine des choses du passé, de vieilles blessures encore brûlantes" qu'Haycox se garde bien de révéler d'emblée laissant le roman apporter peu à peu la vérité sur ce personnage torturé qui n'imaginait pas retrouver dans ce régiment le vénéneux et prédateur Garnett, son ennemi irréductible.
Western certes, mais embelli par un formidable portrait de femme, loin du manichéisme et du machisme propres au genre. Joséphine, coeur vibrant de cette histoire, est riche d'une force intérieure, d'une intensité et d'une réjouissante liberté de ton. Elle promène un regard acéré sur les événements, restant totalement maîtresse de son destin.
Western encore où l'impact écrasant d'une nature hostile joue un rôle prédominant : hiver mordant succédant à des périodes de chaleur intense, blizzard destructeur, fleuve indomptable (le Missouri). Ainsi Haycox réussit-il notamment une scène d'anthologie lorsque Schafter, conduisant un chariot tiré par deux mules pour rapporter le courrier au fort, est pris dans une effroyable tempête. C'est dantesque, on est dedans, on gèle avec le soldat, on souffre, on craint pour sa vie. du grand art.
Car Haycox sait magnifier à merveille ( bien servi par la belle traduction de Jean Esch) le rôle joué par le climat si rude, par la difficulté des communications et des transports, par les multiples obstacles dressés sur la route des protagonistes de cette histoire.
Une écriture élégante, suggestive, parfois lyrique ajoute au charme de cette épopée tragique qui porte la signature d'un véritable écrivain, trop méconnu, doublé d'un fin connaisseur de l'âme humaine.
Le regretté Bertrand Tavernier grâce à qui ce livre a été publié en France, ne s'y est pas trompé. Dans une postface éclairante, il évoque la supériorité de ce roman sur le film médiocre qu'Hollywood en a tiré et démontre avec justesse que la réussite de cette histoire s'appuie sur un traitement particulièrement réussi du diptyque symbolisant l'Ouest américain du XIXe siècle : le temps et l'espace.
Qu'il en soit ici remercié, lui qui chevauche désormais au côté d'Haycox les grandes plaines célestes.
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Ernest Haycox, trop peu souvent traduit en français...dommage. Un grand auteur qui élève le western au rang de littérature et non de roman de gare. Buggles in the Afternoon (Des clairons dans l'après-midi) en est une parfaite illustration. Des héros souvent hésitants, blessés, des personnages secondaires attachants. Haycox a le don de peindre une atmosphère et une situation par touches successives donnant au final un tableau réaliste et poignant.
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Voilà un roman dépaysant!!! Ernest Haycox nous emmène en plein western, au coeur des bataillons américains se retrouvant face aux Sioux. le personnage principal, l'énigmatique Ken Shafter, officier déchu revient s'engager dans l'armée en tant que simple soldat. Il rejoint la 7e cavalerie dirigée par le légendaire général Custer. Son passé sera révélé au fur et à mesure du récit, et en attendant d'en apprendre plus sur lui, le lecteur l'accompagnera dans les soirées d'une caserne: jeux de cartes, beuveries et bagarres au saloon; mais aussi dans la rudesse de la vie d'un simple troupier tant à l'entraînement que dans les missions qui lui sont confiées. Pour Shafter, ce sera le transport du courrier, en traîneau, à lutter contre le blizzard, épreuve ô combien épouvantable mais si formidablement bien racontée par Ernest Haycox que l'on frissonne en même temps que le héros!!!
Puis vient enfin le printemps et les hommes sont sûrs d'une chose: les tribus de Sitting Bull et de Crazy Horse sont prêtes à attaquer. En effet, après avoir passé l'hiver à amasser les armes tout en se faisant discrets, les Indiens veulent en découdre face à "l'Homme blanc" qui les oppresse. Les premiers scalps apparaissent, le temps que les troupes des Américains se massent, puis c'est l'attaque, que L Histoire a décrété "plus célèbre des batailles indiennes", à savoir Little Big Horn.
Les plaines arides et les passages escarpés se succèdent, on lit en visualisant très bien les images dans lesquels évoluent les hommes dans cet ouest américain périlleux. Mais on vibre aussi avec le héros, Shafter, qui, sous des abords bourrus, cache un coeur brisé et une âme des plus nobles. La jolie Joséphine ne va d'ailleurs pas rester insensible devant cet homme mystérieux... Un personnage très attachant dont les fêlures et la maîtrise de soi, notamment face à son ennemi de toujours, Garnett, forcent l'admiration, notamment lors des combats.
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UN vrai western à lire
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JE connaissais pas Ernest haycox
Ce roman m'a permis de le découvrir. Vraiment bien ecrit on s'y croirait
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