Les Enfants des autres

- Les mères adorent leurs enfants. Mais parfois, parfois quand la vie échappe au contrôle des grands, les petits en souffrent. (p.138)

- Je change ce que je peux avoir une chance de changer. Le reste, je l'accepte, jusqu'à ce que je puisse trouver quoi faire avec. C'est tout. (p.302)

[La loi d'intégration]
C'était l'enfant bâtard de cette phrase particulièrement mal comprise de la Constitution qui dit que tous les humains naissent égaux. En vérité aucun d'entre nous n'est l'égal de l'autre. Nous sommes des êtres humains et cela s'accompagne du droit inné à la dignité, sans égard à la race, à la religion, au sexe ou à d'autres facteurs. Mais nul d'entre nous n'est l'égal de l'autre. Malheureusement, le Congrès croit encore que l'égalité est possible à force de bureaucratie, d'argent et de lois. (p.270)

- Je me demande toujours quels sont nos vrais buts en tant qu'enseignants. Apprendre à lire, à écrire et à compter ? Ou aider la planète à sortir du cauchemar dans lequel elle est plongée en continuant à faire changer les mentalités ? (p.238)

C'est nous que nous devions accuser, pas Lori. Est-ce être inadapté que d'abandonner ce qu'on est physiquement incapable de faire et qu'on a essayé malgré tout, durant trois ans, de faire ? Est-on fou parce qu'on ne peut plus supporter la tension nerveuse ? Si Lori avait été aveugle ou sourde ou sans bras, on nous aurait considérés comme de vilaines brutes de la forcer ainsi jusqu'à la crise, mais parce qu'elle avait une infirmité que personne ne pouvait voir, nous nous permettions de rejeter le blâme sur elle. (p.221)

Je songeais que les trois quarts de sa vie seraient déjà écrits pour elle, si elle gardait le bébé. C'était le cas pour quatre-vingt-dix pour cent des filles mères. L'avenir pour elle, c'était quitter l'école avant le collège, ne jamais trouver d'emploi bien rémunéré pour vivre décemment et élever son enfant, ne jamais régler le désaccord causé par la naissance du bébé dans une famille déjà perturbée, se marier pour s'en sortir, etc., etc. Et surtout, plonger dans le monde des adultes avant d'avoir pu dépasser le stade de l'enfance : elle comme son enfant en seraient marqués. J'entendais déjà se fermer toutes les portes devant elle. (p.157)

Ce genre d'élève était déroutant. C'étaient des enfants invisibles. En réalité, Claudia était aussi affectivement perturbée que Tomaso. Mais dans l'ordre actuel des choses, il fallait déranger pour attirer l'attention des autorités et obtenir qu'on s'inquiète de vous et qu'on vous vienne en aide. (p.141)

- Un lit à trois ?
- Oui. Toi, moi et ton boulot.
- Nous ne sommes pas trois, Joc. Seulement deux. Le reste fait partie de moi. (p.125)

- Je voudrais pouvoir l'expliquer bien. Parfois j'ai comme une sorte d'envie que ce soit moi qui sois blessée. Alors au moins je saurais comment ça fait mal et je pourrais faire quelque chose pour soulager la douleur. Mais quand un autre se fait mal, il n'y a rien qu'on peut faire pour lui enlever le mal. Tu vois ce que je veux dire ?
- Oui, je pense que oui.
- C'est un peu ça qui m'a fait pleurer. Je déteste ça, je déteste les autres se faire mal. (p.106)

Au début j'avais cru que seule la colère les habitait mais j'avais peu à peu appris que la peur y régnait en maîtresse et que la colère n'était qu'une esclave obéissante. (p.94)