- Lee est... un peu trop passionné, quelquefois. (...)
- On en rêve depuis toujours, non ? (...) Merde, Catherine, on a beaucoup trop pris l'habitude de mecs qui sont tout sauf passionnés. Qui s'en tapent. Lee, c'est le contraire, tu es la prunelle de ses yeux. Pour lui, tu es ce qu'il y a de plus important au monde. C'est extraordinaire de t'être dégoté un type pareil, t'en as conscience ?
Je me suis redressée, aux aguets. La panique allait déferler comme une vague. L'instant d'après, un cri strident et effroyable a déchiré le silence. D'où provenait-il? Il a fallu que je sois à bout de souffle pour comprendre qu'il jaillissait de moi. Je me suis tassée sur moi-même, ne songeant qu'à devenir le plus petite possible, à disparaître.
Dans des moments pareils, je suis en danger. LA peur dont ma vie est pétrie atteint un paroxysme, si bien que mon existence devient un défi impossible à relever.
Jusqu’à récemment, je trouvais que les femmes qui se laissaient maltraiter étaient des imbéciles. Après tout, il devait y avoir un moment où on se rendait compte que ça dérapait et où on se mettait à avoir peur de son partenaire. Et là, il fallait rompre, se tailler. Pourquoi rester ? Les femmes que j’avais vues à la télé ou dont j’avais lu les interviews dans des magazines expliquaient que « ce n’était pas aussi simple », et moi, je me disais que si, ça l’était.
À présent, je les comprenais : ce n’était pas simple de rompre.
Comme mon professeur d’anglais me le serinait : « Si tu ne sais pas quoi dire, ne dis rien. »
J'ai passé une heure à parcourir la maison, les joues ruisselantes de larmes, cherchant par où il était entré. En vain. Puis j'ai eu une attaque de panique. Pour la première fois.
Même dans le demi-jour, mes cicatrices étaient visibles. Autant de motifs destruction sur le canevas de ma peau.
Jusqu’à récemment, je trouvais que les femmes qui se laissaient maltraiter étaient des imbéciles. Après tout, il devait y avoir un moment où on se rendait compte que ça dérapait et où on se mettait à avoir peur de son partenaire. Et là, il fallait rompre, se tailler. Pourquoi rester ? Les femmes que j’avais vues à la télé et ou dont j’avais lu les interviews dans des magazines expliquaient que « ce n’était pas aussi simple », et moi je me disais que oui, ça l’était.
À présent je les comprenais. Ce n’était pas simple de rompre. J’avais essayé et commis l’erreur de renouer avec Lee. Être encore amoureuse de lui, de son côté vulnérable encore enfoui quelque part, n’était pas la seule raison ; je redoutais par-dessus tout ce qu’il risquait de me faire si je le provoquais.
Il ne s’agissait plus de rompre, il s’agissait de fuir.
De sauver ma peau.
Je le vois partout, en permanence. Je sais qu’il ne peut s’agir de lui : il est en prison, à des centaines de kilomètres. Il n’empêche qu’il me hante, une apparition fréquente qui me rappelle que jamais je ne lui échapperai. Comment serait-ce possible, puisqu’il est toujours dans ma tête ?
J’ai jeté un coup d’œil au réveil : 2 h 45, le moment de la nuit où il faisait le plus froid, le plus noir, où on se sentait le plus seul.
- Je peux faire quelque chose ?
- Sois belle et tais-toi.