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sur 82 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Jusqu'ici, j'avais toujours cru que l'avènement de l'ère Meiji, ce changement radical conduisant les élites japonaises à adopter les techniques scientifiques et surtout militaires des occidentaux en un laps de temps relativement court s'était déroulé sans heurts notables. Je découvre qu'il n'en fut rien !

Il s'agit en fait d'une époque de cruelle guerre civile qui voit s'affronter les différents clans, chacun campé dans sa province ou domaine. Il y a les loyalistes réformateurs partisans de la restauration des pouvoirs de l'empereur d'un côté et de l'autre, les tenants de l'expulsion des étrangers et du maintien du bakufu, ou gouvernement du Shogun. La solution du conflit intervient grâce à la coalition des provinces jadis opposées de Satsuma, Tosa et Chôshû (guerre de Boshin de janvier 1868 à mai 1869) après une multitude d'affrontements entre les activistes shishis et les troupes du bakufu.

L'héroïne du roman est la jeune Tsuru, fille cadette du médecin du domaine de Chôshû. Auprès de son père, elle s'initie à l'art de la médecine mais sa condition de femme l'empêche d'exercer et même d'être seulement entendue. Elle épouse bientôt Makino, choisi comme assistant par son père, qui ne va pas tarder à suivre les armées loyalistes pour créer des hôpitaux militaires de campagne mais refuse qu'elle l'accompagne. Tsuru n'entend pas se soumettre à cette décision et bientôt, avec l'aide du peintre dépressif Imaike Eikaku, elle s'habille en homme et profite de ce changement pour soigner malades et blessés en tant que médecin. Sa forte ossature, son incapacité à concevoir un enfant lui sont utiles. Car elle va vivre aussi une intense histoire d'amour avec Shinsaï, son oncle, à peine plus âgé qu'elle … Une passion aussi folle qu'impossible, sans autre espoir que la mort qui rôde partout en ces temps troublés.

Le roman est construit de façon particulière, soit du point de vue de la narratrice, soit du point de vue de certains protagonistes, ce qui en rend la lecture parfois difficile. Selon la coutume niponne, les personnages changent souvent d'identité – ce qui est justement le cas de Tsuru – et doivent se cacher car ils sont poursuivis et exécutés sommairement. Ils boivent énormément, savent que la vie est courte, n'hésitent pas à faire seppuku parce qu'ils se considèrent responsables d'une action ayant échoué ou sur ordre de l'autorité supérieure. Des personnages historiques sont mis en scène, qui embrouillent le lecteur mais dont certainement le nom «dit quelque chose » au lecteur japonais : Yoshida Shoin, Kuzaka Genzui, Takasugi Shinsaku … En revanche, les couleurs, les odeurs, les descriptions de paysages et des nombreux personnages transportent littéralement au coeur des estampes d'Hiroshige.

On comprend mieux l'extraordinaire mutation intellectuelle réalisée dans un pays de tradition profonde, telle qu'elle est apparue au cours de la seconde moitié du XIXème siècle. Finalement, face à la poussée des puissances occidentales décidées ici comme ailleurs en Asie, à forcer le pays à commercer avec elles par tous les moyens, les jeunes samouraïs ont réussi à intégrer le meilleur des avancées technologiques tout en conservant l'âme de leur civilisation. Au contact des occidentaux, ils ont forgé leur enseignement, leur recherche, leurs institutions politiques et leurs armées pour devenir la puissance prédominante en Asie, avant de connaître le désastre de Hiroshima et Nagasaki. Il leur reste une extraordinaire avance technologique et culturelle …. Et le refus absolu de toute immigration.
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"Ce sont ces hommes qui sont au coeur de ce récit. Ils ont détruit l'ancien monde et réformé la nation où je vis maintenant, avec leurs rêves et leurs illusions, leur courage et leur sottise, leurs succès imprévus et leurs cruels échecs. Aujourd'hui, ceux d'entre eux qui ont survécu sont célèbres."

Voilà comment débute le récit d'une femme peu ordinaire, une femme qui se trouve au coeur d'une tourmente sans précédent. Nous sommes en 1857, au Japon. L'époque est confuse. Toute cette confusion qui va permettre aux Japonais de vivre dans un pays unifié et non pas au coeur d'une succession de domaines qui se font la guerre depuis des centaines d'années … Une poignée de jeunes hommes vont en effet tout faire pour que leur pays entre dans l'ère de la modernité, quitte à renverser le gouvernement et tout l'ordre l'ancien. Ils partent en Angleterre, s'habillent à l'occidentale, prennent la tête d'armées, puis la tête du pays. L'époque des samouraï est révolue. Ce sont eux qui ont permis au Japon d'être une des premières puissances du monde en 1938.

"Comment affronter les Occidentaux qui sont arrivés dans leurs bateaux modernes, forts de leurs armes dernier cri, en exigeant des traités et des concessions commerciales ; que faire du bakufu, ce gouvernement en déshérence qui n'est plus qu'une bureaucratie labyrinthique, où il faut des semaines pour prendre des décisions insignifiantes ; etc."

Mais en 1857, quand commence ce récit, le Japon n'est qu'un pays emprisonné par les traditions. Des traditions qui maintiennent Tsuru dans la position qui est la sienne : une femme, certes douée pour la médecine, mais une femme quand même, supposée se dévouer entièrement à son mari. Mais elle va profiter des bouleversements en cours pour, pendant quelques mois, vivre une vie plus libre … Un symbole du Japon qui renverse l'ordre ancien, dans la violence.

J'attendais beaucoup de ce nouveau roman de Lian Hearn, un de mes auteurs fétiches depuis que, il y a plus de dix ans, j'ai dévoré le Clan des Otori, une histoire fantastique au coeur du Japon médiéval. Ici Lian Hearn décide d'écrire un roman pour adultes, dédié au Japon en transition, comme si elle essayait de se détacher complétement des Otori … Un peu comme Rowling, elle a choisi des personnages différents, sortant du fantastique pour entrer pleinement dans le réalisme de la guerre au Japon, sans nous épargner les descriptions, les combats, les luttes de pouvoir, les mouvements politiques, etc.

Au point qu'il est parfois difficile de s'y retrouver dans tous les noms japonais (combien de fois suis-je revenue à la première page pour vérifier à quel clan tel ou tel guerrier appartient). Surtout, si Tsuru, héritière de la Maison de l'Arbre Joueur, semble être le personnage principal, elle n'est pas l'unique, et elle n'est pas non plus le narrateur unique : Lian Hearn fait le choix d'un récit croisé qui complique parfois encore un peu la compréhension du récit …

En bref, je me rends compte que je n'ai pas retenu grand chose du contexte historique et politique, surtout qu'il s'agit le plus souvent de changement de fidélité, parfois infime … Ce qui m'a finalement le plus intéressée c'est le destin de Tsusu, "un homme dans un corps de femme", qui se demande quelle place aura la femme dans ce nouveau Japon. "Je me demande dans quel monde [ma fille] grandira … [...] Un monde où elle ira à l'université et deviendra un vrai médecin. [...] Un monde où les femmes auront droit à l'éducation et à la liberté comme les hommes."

Une question qui reste ouverte à la fin car les samouraï, si prompts à défendre leurs droits, ne semblent pas se la poser …

Une histoire tout de même passionnante, une fois qu'on a assimilé quelques noms : il suffit de se laisser porter par l'art du récit du Lian Hearn. Une lecture exigeante mais qui vaut le coup.

Petit encart : Une partie de l'histoire raconte la guerre civile appelée"guerre de Boshin". Elle dura de 1868 à 1869 et vit s'affronter les armées de grands domaines avec les troupes du gouvernement. C'est une coupure emblématique entre l'époque d'Edo – marquée par la féodalité – et l'ère Meiji, moderne. Environ cent vingt mille hommes furent mobilisés pendant le conflit et trois mille cinq cents d'entre eux furent tués. À la fin de cette guerre, les troupes impériales victorieuses abandonnèrent la politique d'expulsion des étrangers et le pouvoir se lança dans une politique de modernisation continue ce qui déclencha la rébellion de Satsuma et eut pour résultat la fin des samouraï.
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"La maison de l'Arbre joueur" raconte l'histoire de Tsuru, fille cadette d'un médecin japonais, entre 1857 et 1900. le récit de cette jeune japonaise, étouffant dans le carcan imposé aux femmes de son époque, qui va tour à tour s'y conformer ou s'en échapper au fil de ses rencontres et de ses aventures, m'a vraiment plu. Je me suis laissée emporter par l'histoire et j'ai appris beaucoup de choses, tant culturelles qu'historiques.
Pourtant, le livre s'ouvre sur une liste de personnages de trois pages, ce qui m'avait un peu refroidie. Et effectivement, je me suis pas mal perdue dans tous ces guerriers et autres samouraïs. Mais ce qui m'a le plus gênée, c'est que le texte est plombé par une documentation excessive. Si le mode de vie, les paysages et même les odeurs aident à se plonger dans l'ambiance, j'ai parfois eu le sentiment que Lian Hearn (qui est anglaise) cherchait à justifier les bourses reçues en m'abreuvant d'informations. À tel point qu'elle est obligée de changer de point de vue pour certains chapitres (14 contre 36 quand même) pour nous communiquer des éléments auxquels Tsuru n'a pas assisté, ce qui ralentit considérablement le récit.
Je ne me souviens pas avoir eu le même sentiment à la lecture du "Clan des Otori", mais peut être que le contexte historique était moins fort et/ou que ma lecture remonte à trop longtemps !
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N'ayant pas lu la série précédente de l'auteure, le Clan des Otori, je ne peux pas comparer sa qualité avec celle de ce roman-ci. Il ressort de ma lecture de la maison de l'Arbre joueur qu'elle était sans doute trop complexe pour moi qui suis novice dans tout ce qui concerne l'histoire du Japon, surtout à l'heure des changements amorcés par l'arrivée des étrangers dans le pays et par la division que cela suscite au sein même de ce peuple.

La plume de l'auteure est élégante et poétique dans les descriptions, elle nous immerge parfaitement dans ce cadre qu'on découvre tantôt apaisant avec les paysages délicats et maisons parfumées au thé ainsi qu'aux fleurs typiques, tantôt plus rude avec les batailles et la vie qui devient logiquement plus rude.

Côté personnages, on apprécie la voix principale du roman, Tsuru, la jeune femme possédant un bel esprit, de l'humour et une sagesse inhérente à sa position de fille de médecin. Malheureusement, concernant les autres, hormis ceux qui l'entourent au quotidien, notamment ses parents, son oncle et son mari, on est vite submergé par l'avalanche de noms compliqués qu'on ne parvient pas à retenir, ce qui nous cause bien des soucis pour resituer qui est qui lorsqu'on les retrouve.

Plus généralement, c'est un roman qu'on lit avec plaisir pendant au moins 250 pages grâce au dépaysement qu'il suscite dans notre esprit de lecteur contemporain, puis, malheureusement, comme de plus en plus de protagonistes et de points de vue s'ajoutent, que le rythme se ralentit, on décroche progressivement. D'autant plus, en fait, que l'histoire du Japon à proprement parler s'enclenche, rendant l'ensemble très politique et vraiment complexe à suivre.

Une lecture, donc, de laquelle je ressors mitigée malgré la finesse du style et la galerie agréable de personnages rencontrés, qu'on retienne leur nom ou pas. La qualité du livre n'est finalement pas en cause, je le réalise bien, mais je pense que le roman aurait mérité d'être plus concis, ce qui aurait rendu la lecture moins laborieuse, car plus équilibrée au niveau du rythme. En outre, un récapitulatif des événements clefs de l'époque choisie, des clans induits par l'arrivée des étrangers, aurait été le bienvenu pour ne pas donner l'impression au lecteur qu'il lui manque des fragments entiers de l'histoire pour avancer sereinement dans le quotidien de Tsuru.

NB : Paradoxalement, cette lecture n'aura pas été inutile puisque l'écriture de l'auteure m'a plu au point de me donner l'envie de lire le Clan des Otori.
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La période pleine de bouleversements à laquelle se déroule ce roman est intéressante. le Japon se fissure, refuse de s'ouvrir et est en pleine guerre civile. La multiplication des personnages rend toutefois le roman difficile à suivre quand on n'est pas déjà au fait de l'histoire du 19e siècle au Japon.

De plus, l'héroïne prend une décision qui peut choquer en ayant une relation incestueuse avec un membre de sa famille. Certains lecteurs, comme moi, peuvent se détacher de l'héroïne jusque là attachante et qui menait un combat pour sa reconnaissance professionnelle à une époque où les femmes en avait peu.

Pour finir, le roman traîne un peu en longueur sur la fin et laisse un sentiment mitigé malgré les talents incontestées de l'auteur pour l'écriture et la narration.
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Le récit se passe vers la moitié du XIXième siècle au Japon, lors de l'ère Meïji. le Japon se retrouve bouleversé et menacé par la mondialisation naissante, et se retrouve entre traditions et modernités. de plus, ce pays connait guerres et batailles. C'est dans ce contexte qu'une jeune femme va tenter de gagner sa place dans un monde encore exclusivement dominé par les hommes. Ce récit est très bien écrit, et permet de mieux comprendre le Japon dans ces instants de bouleversements. de plus, à-travers la vie de l'héroïne, on apprend beaucoup sur la difficile condition des femmes au Japon. Cependant, ce livre est trop long : certaines scènes descriptives de la guerre ou des politiques sont inutiles et gâchent la dynamique du récit. Cela empêche de vraiment aller à l'essentiel. C'est dommage car ce roman aurait pu être vraiment passionnant !!!
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L'Histoire du Japon est au moins aussi compliquée que notre Histoire de France. Donc, afin de bien comprendre ce roman il faut quelques rudiments d'histoire japonaise sinon on se laisse vite dépasser.
Pour ma part heureusement que j'avais lu il y a quelques temps son Histoire au moment du shogunat et d'avant l'ouverture du pays au monde.
Mis à part ça on suit avec plaisir la vie de cette jeune japonaise qui a envie de s'émanciper et qui se laisse emporter par tout ce changement tant au niveau politique que culturel.

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Au tournant du XIX siècle, dans un Japon encore féodal sous l'emprise du shogun et de son bakufu, une jeune femme se rêve médecin et inscrit son destin dans celui d'un Japon en route pour l'ère Meiji et son ouverture au monde. Tout cela prend bien 600 pages où se succèdent les batailles, les rencontres, les amours etc …. En filigrane, différents thèmes sont évoqués comme le statut de la femme dans la structure familiale japonaise traditionnelle, la société très hiérarchisée du Japon féodal, la médecine et la pharmacie …
Lian Hearn, auteur à succès du cycle du clan des Otori, lâche cette fois ses héros et leur époque (mais pas le Pays du Soleil Levant) pour se lancer apparemment dans une littérature plus à l'intention d'un public plus adulte. Je ne peux nier que la lecture est agréable : Lian Hearn connaît les ficelles du métier et sait parfaitement bien évoquer le Japon (pour des lecteurs occidentaux en tout cas … avec sûrement les idées reçues inhérentes à ce genre de lecture). Donc agréable mais je reste chiffonné par l'intention de l'auteur de choisir une femme qui se bat comme par hasard contre la rigidité de la société patriarcale de l'époque et est témoin des événements majeurs qui sont répertoriés dans les livres d'histoire. En fait, j'ai cru retrouvé Dr Quinn en d'autres lieux : Jane Seymour aurait troqué sa tenue de cow-girl pour un kimono … Les passages « bluette un peu transgressive » ne m'ont pas non plus complètement convaincu et m'ont semblé correspondre à un quota imposé de sexe. Autre souci récurrent dans les livres de Lian Hearn : j'en arrive rapidement à confondre les personnages malgré une liste en introduction.
En conclusion, je garde tout de même le souvenir d'une lecture agréable, pour les amateurs du genre, et qui aurait gagné à être raccourci d'au moins 200 pages. Peut-être un peu moins bien réussi que les livres précédents.
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