Le logarithme jaune

Je viens de terminer la lecture du "Logarithme jaune" de Rémi Hélénéa. Comme en compagnie de son précédent roman, « Animal vindict », j'ai passé un excellent moment !
Dans les deux livres, j'ai admiré l'usage agile d'une langue aux registres variés (de l'humanité tendre et élégante à l'humour le plus corrosif), recherchée et fluide, tout comme la construction très « serrée » : dès les premières pages, quelque chose s'enclenche, qui mène le lecteur au dénouement par une sorte de logique implacable (je pense aux oeuvres musicales dont la résolution est potentiellement contenue dans les premières mesures, sans que jamais le fil ne se rompe).
Mais comme dans « Animal vindict », le caractère divertissant de l'histoire recèle un message autrement grave. Bref, il y a ici des « niveaux de lecture ». Et comme rien n'est plus bête et angoissant que les délires conspirationnistes, puisse le message être entendu !!!

En commençant le livre je ne savais où cela aller m'entrainer. J'ai de suite été happé par cette histoire à la fois simple et étrange. L'auteur à le pouvoir de nous mener en bateau en nous laissant entrevoir des directions qui se révèlent des culs de sac ou pas.
A aucun moment on ne s'y ennuie et on reste sans cesse en haleine en découvrant cette histoire imprévisible.
SI j'avais deux références à donner je citerais :
- "le pendule ce Foucault" pour l'analyse sans concession des raisonnements conspirationnistes (même quand il n'y a rien à voir on voit quand même un complot)
- "Les bijoux de la Castafiore" pour la capacité de l'auteur à maintenir une tension avec des faux semblants et des illusions.
On y découvre aussi un monde universitaire décrit avec un crayon trempé dans le vinaigre. Réjouissant.

L'auteur, amoureux de la langue française, nous offre un thriller remarquablement bien écrit. Il nous conduit dans l'univers universitaire en nous plongeant dans ce monde qui fonctionne avec ses codes particuliers. Didier, enseignant-chercheur, est du sérail, mais est déstabilisé depuis la mort de sa femme, retrouvée noyée. Il nous conduit dans son délire, dans le monde ésotérique, en insistant sur le "logarithme jaune", où il pense arriver à démasquer le meurtrier. Mais, bientôt, la vérité le conduira à découvrir le coupable, bien loin de ce qu'il avait pu imaginer.

Outre le cheminement complotiste et solidement documenté que Rémi Hélénea nous offre dans son second roman, le logarithme jaune est aussi une plongée à la fois caustique et réaliste dans les coulisses du monde universitaire, avec ses conflits théoriques, ses rivalités intellectuelles et ses guerres d'égo.
L'intrigue rebondit avec chaque nouvelle piste levée par Didier ou par Vincent, qui nous tient de bout en bout sur la ligne de crête entre délire complotiste et plongée savante dans la littérature marxiste.

Une mort suspecte : crime, suicide ou accident ? À élucider... L'auteur situe ses personnages dans le milieu universitaire où les relations ne sont pas toujours sereines... Il y a du mystère, de l'ésotérisme et ce roman très bien écrit, mais quelquefois un peu déroutant, n'en est pas moins très captivant, car le lecteur veut absolument connaître ce mystérieux "logarithme jaune".