L'auberge de Ravenmoor était assez peu représentative des habituelles tavernes proches des gares. Son plafond bas, ses poutre apparentes et sa grande cheminée à l'ancienne, avec son manteau orné de médaillons de cuivre bien astiqués, donnaient à l'endroit un cachet indubitablement rustique.
Assis dans un coin, un homme maigre portant une casquette plate, son rude visage buriné par le vent, l'observait d'un regard fixe et froid. Trois hommes d'affaires, penchés sur le repas qu'ils engloutissaient autour d'une table ronde, riaient discrètement d'une plaisanterie murmurée par l'un d'eux. Près de la porte, un couple d'un certain âge était assis et paraissait totalement oublieux de ce qui l'entourait. Ils étaient visiblement mariés, mais pas entre eux : de là leur curiosité. Un groupe où dominaient tweed et cachez-nez était installé près de la cheminée. Tandis que leurs compagnes babillaient entre elles, les hommes sirotaient avec une satisfaction silencieuse leurs gin tonics, sans doute en méditant sur les agréments ou l'ennui que leur procurait leur retraite paisible. La salle baignait dans une atmosphère ouatée de discussions à mi-voix, dans un léger brouillard causé par la fumée des cigarettes et des pipes et l'odeur à peine perceptible de la levure émanent des fûts de bière. Une atmosphère rassurante et douillette pour les habitués, mais assez peu accueillante pour l'étranger qu'était Ash.
Il s’arrête devant la porte, comme devant une menace tangible....Il pousse le battant et l’obscurité au-delà lui semble plus dense, aspirée par son geste à l’intérieur de la chambre telle une ombre qui s’étale. Ce n’est qu’une illusion, mais l’enfant est encore trop jeune pour la considérer ainsi et il recule, répugnant à entrer en contact avec cette nouvelle épreuve.
Sa vision s’accoutume peu à pau et la noirceur diminue, par sa propre expansion.
Maintenant, tu sens quelque chose. Un vide affreux dont la cause est ancrée dans le passé d’Edbrook.
Chapitre 25
À quelque cent cinquante kilomètres de lui, le téléphone sonna dans un des bureaux de l’Institut de Recherches Métapsychiques. Les étagères croulaient sous les livres traitant de paranormal et de parapsychologie ainsi que sous les dossiers contenant les cas répertoriés de phénomènes inexpliqués.
Chapitre 1
— C’est à cause de cette tragédie que vous vous êtes orienté vers le métier que vous faites maintenant, pour nier les phénomènes surnaturels et la vie après la mort. Ne le comprenez-vous pas ? (Elle pressa sa main avec insistance.) Votre scepticisme se nourrit de votre propre sentiment de culpabilité. Vous avez toujours voulu que les fantômes n’existent pas. Vous aviez peur de ce cauchemar, peur que ce ne soit pas un rêve, que Juliet vous ait vraiment parlé, qu’elle ait vraiment bougé dans son cercueil. Vous avez toujours eu peur que cela se soit réellement passé, et que votre sœur vienne un jour réclamer vengeance. David, ne voyez-vous pas que vous avez vécu avec cette peur depuis votre enfance ?
Chapitre 20
Vous êtes-vous jamais rendu compte que David avait le don ? Pour lui, c’est d’ailleurs peut-être une malédiction… (Elle secoua brièvement la tête, l’air désolé.) Oh, son pouvoir psychique est bridé, enterré, mais son existence est indéniable. Le problème de David est qu’il refuse d’admettre cette évidence, et je ne sais pas pourquoi il s’obstine.
Chapitre 2
Mais en qualité de directrice de cet institut, je me dois de garder mon esprit aussi ouvert au rationnel qu’à l’irrationnel.
Chapitre 2
— L’Institut se doit de conserver un équilibre dans son équipe. Nous avons besoin de personnalités comme David pour apporter le crédit d’un scepticisme inattaquable à nos découvertes dans le domaine du paranormal.
Chapitre 2
À ce propos, je crois que le cas dont s’occupe David pourrait bien se révéler très intéressant ; peut-être une hantise véritable. J’espère simplement qu’il le traitera correctement.
Chapitre 2
Un grand calme régnait à Edbrook. On eût dit que la vieille demeure attendait