La vie quitta le corps de Jacob, comme une vielle connaissance lassée d'une trop longue amitié.
À part la fatigue physique qu'ils causaient, les sports le rebutaient par-dessus tout parce qu'ils le forçaient à exposer dans toute sa nudité son obésité. Les autres garçons le poussaient et s'amusaient de voir leur doigts disparaître dans les monceaux de graisse. Ils lui pinçaient douloureusement les seins en lui disant qu'ils pendaient comme des seins de femme (quelques-uns d'entre eux le touchaient avec des intentions encore plus douteuses que la simple méchanceté). Quand aux douches, elles représentaient une véritable chambre de torture.
Vous. Moi. Tout le monde détruit quelque chose, au moins une fois dans sa vie. Pas vous ?
Finalement, un cri s'échappa, se libéra de ses poumons, s'enfonça dans l'air glacé, et cela lui rendit la faculté de bouger, de fuir
les mots font autant de mal que les coups. Et peut être même plus.
Il chercha à se concentrer, mais les visions imprécises lui échappèrent en se riant de lui. La seule chose dont il se souvenait, c'est qu'il y avait eu des voix. Des chuchotements.