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Critique de GeorgesSmiley


Le premier vrai Tintin ? Sans mésestimer les devanciers, disons que la galaxie s'enrichit considérablement. Côté méchants, voici Allan Thompson, futur tourmenteur du capitaine H et voilà, avançant masqué en businessman producteur de cinéma, Rastapopoulos, méchant entre les méchants, trafiquant et chef de gang, ennemi de la vérité et de la probité, donc de Tintin.
Dans les seconds rôles voici Oliveira da Figueira, jovial bonimenteur (page13, vignette du bas « heureusement que je ne me suis pas laissé prendre à son boniment… on finirait par acheter des tas de choses inutiles. ») et le chic sheik Patrash Pasha, redoutable fils du désert qui, pour se distraire, lit avec gourmandise les aventures de Tintin. Et du premier cercle, les premiers à apparaître sont les Dupont, lâchant ici à Port Saïd, pour la toute première fois, leur célébrissime « je dirais même plus ». Les plus maladroits limiers d'Interpol, chargés de mettre Tintin sous les verrous, se révèlent finalement et à plusieurs reprises les meilleurs anges gardiens de nos deux héros, ce qui ne les empêche nullement de réussir en duo leur toute première chute d'escalier. La saga prend tournure, les nouveaux ont bien rempli leurs rôles, ils reviendront. Je dirai même plus, ils reviendront.
Dix ans après la découverte de la tombe de ToutAnkhAmon par Howard Carter et son sponsor Lord Carnarvon (dans la vignette de la page 8 où Tintin, abasourdi, découvre l'emplacement qui lui a été réservé pour être momifié, se trouve juste à côté l'emplacement où repose pour l'éternité un certain égyptologue du nom de Carnawal), Tintin embarque pour l'Orient mystérieux, son histoire millénaire, ses légendes et son exotisme d'époque, dans une fantaisie de couleurs à dominante brun-ocre, pour toutes les variations de la tombe de Khi Oskh aux cigares en passant par le désert, et vert, pour la forêt équatoriale de l'Inde des maharadjahs.
Fantaisie car Tintin, qui n'a jamais eu de problème avec les langues étrangères, se met à parler l'éléphant, tandis que Milou est à nouveau condamné à mort, cette fois pour avoir mordu une vache sacrée un peu trop imbue de sa personne. Les méchants sont toujours hauts en couleur. Hormis le fourbe Rastapopoulos, on peut reconnaître, dans le personnage du trafiquant d'armes et capitaine du boutre, Henri de Monfreid l'auteur des Secrets de la Mer rouge. Une société secrète supprime ses opposants en leur inoculant le poison qui rend fou tandis que le fakir grimpe avec une corde magique et hypnotise ses victimes. Parmi elles, le malheureux Philémon Siclone, égyptologue dont la distraction appuyée laisse deviner un autre futur savant emblématique.
Le fond géopolitique est toujours solide, résumé qu'il est dans la bouche du gentil maharadjah « la région où nous sommes produit du pavot. En terrorisant les paysans, les trafiquants en ont rendu la culture obligatoire. Ils achètent la récolte à vil prix et vendent très cher aux paysans le blé et le riz dont ces malheureux ont besoin. »
On a là, la trame réelle du commerce avec la Chine organisé par les négociants anglais au XIXème siècle et dont la trilogie d'Amitav Ghosh (débutant avec Un Océan de pavots) est une éblouissante illustration que je recommande aux lecteurs férus de romans historiques et d'aventures exotiques.
Un Tintin exotique et facétieux, mais ils le sont tous. Celui-ci est fondateur car la famille vient de s'agrandir. Et, à ce propos, peut-être saurez-vous me dire lequel est Dupont et lequel est Dupond ou m'indiquer si on doit écrire Dupont et Dupond, comme dans le journal, ou bien Dupond et Dupont.
Cela me fait songer à la question posée plus tard par Allan au capitaine que vous savez (« la barbe au-dessus ou en-dessous des couvertures ? »). N'allons pas trop vite, ceci est une autre histoire.
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