Elle me confia, en pleurnichant, que sa vie n'avait été que misère et souffrance et que le mauvais sort ne l'avait pas épargnée. Avec un ton dégoulinant, elle usa de formules toutes faites, creuses et stupides, de celles que l'on trouve dans les romans à l'eau de rose qu'elle lisait avec tant de plaisir certains après-midi.
Nous les vieux, les inutiles, les ruines, les vains, les finis, les usés, les démodés, les poussiéreux, les oisifs et pleure-misère. Nous, pleure-misère ? Pour la majorité d'entre nous, nous avons juste de quoi subsister en attendant notre fin prochaine. Nous les périmés, nous agrippant, pitoyables que nous sommes, à nos idées réactionnaires. Nous les vioques, les croulants décrépits, les fossiles délabrés, les usagés obsolètes. A vos yeux nous sommes pénibles et encombrants, râleurs, radoteurs, menteurs, orgueilleux, hâbleurs, nous octroyant des médailles, pleurnicheurs inconsolables, plaintifs, suintants et dégoulinants, semeurs sans complexe de puanteurs nauséabondes annonciatrices de la mort imminente. Car comble de tout, nous avons l'outrecuidance de vous jeter en pleine figure, de vous rabâcher, en espérant bien vous le mettre en tête, qu'un jour, vous aussi les jeunes, vous aussi vous serez vieux, ridés, malades, accablés, seuls, abandonnés et malheureux. Que vous aussi, vous y passerez !
L'imagination et le rêve m'ont toujours permis de continuer d'avancer sur ce champ de bataille qu'est le monde.
Littérature, musique, chat. Voilà un triptyque essentiel au bon entretien de nos neurones.
Il faut avoir vécu pour se rendre compte que la vie et son éphémère beauté ne sont que ce qu’eles représentent dans l’immedia tête de notre conscience. si tant est qu’elle soit réveillée notre conscience..
Nous avions franchi une autre dimension. L'humain s'avérait parfaitement inhumain, nous étions réduites à l'état de bêtes par des hommes et des femmes rendus totalement insensibles à nos souffrances : le mal devenait banal, comme l'explique très bien Hannah Arendt. Nous allions vivre un cauchemar sans issue, chaque jour recommencé. C'est à cette époque que je sus ce qu'était véritablement la peur.
Il faut l'avoir vécu pour se rendre compte que la vie et son éphémère beauté ne sont que ce qu'elles représentent dans l'immédiateté de notre conscience.
Bien sûr, la raison pour laquelle on aime un livre reste subjective. C'est une histoire de sensibilité, on est touché ou pas. Je n 'ai jamais compris ce qui faisait le succès de certains livres.
Je suis sûre que vous avez déjà caressé le rêve d'écrire. Vous êtes dans l'édition. À force de lire vient le moment où l'on a envie de s'y essayer. C'est comme un cuisinier qui passerait sa vie à confectionner des plats sans jamais y goûter. Avez-vous peur d'y succomber ? Sarah, rappelez-vous bien une chose, rien ni personne ne pourra vous empêcher d'y aller si l'écriture vous appelle. Quand ce jour viendra, laissez-vous prendre par elle. Laissez-vous faire, laissez-la faire. Ce n'est qu'en faisant que vous saurez si c'est votre voie. Je pourrai même vous aider. La littérature a toujours fait partie de ma vie. Elle m'a permis de croire encore en l'humanité, lorsque ce mot n'était devenu pour moi qu'une idée dénuée de sens, une coque vide. Elle m'a indiqué le chemin, m'a aidée à distinguer ce qui a du prix de ce qui n'en a pas. Elle m'a donné la force de continuer à garder la tête haute, à sourire, à ressentir, à rêver. Elle m'a appris à supporter la douleur, le froid, à contenir ma colère, à adoucir mes peines, à grandir, à aimer et aimer encore. Elle m'a sauvé la vie.
Nous nous vidons tous de ce temps qui nous est imparti. Eh oui, une belle supercherie ! qui maintient dans l'illusion que l'incessant mouvement du balancier ne cessera jamais jusqu'au jour où, sans crier gare, il s'immobilisera à jamais. Alors nous disparaîtrons, car tout doit disparaître. Même les souvenirs s'éteignent, comme les étoiles.