Certaines luttes ne servent à rien, sinon à nous épuiser. Il est des combats déjà vains. Quand tout devient sombre, quand on ne saisit plus réellement le sens de l'existence, il est bon de savoir s'arrêter. Ne plus penser à rien d'autre qu'à l'instant présent. Respirer lentement et se dire qu'une seule chose importe, le souffle qui se propage jusque dans chaque extrémité de notre corps, la présence à nous-même, maintenant, à cet instant précis. Et vous vous rendrez compte alors que votre respiration absorbe le passé et l'avenir, les regrets et les peurs, et qu'elle vous fait goûter l'éternité, parce que, justement, elle est hors du temps!
Je suis amoureuse, Hectorine. J'ai dans la poitrine comme un lâcher de chevaux au galop qui auraient pris mon coeur pour les steppes de Mongolie. Ma cage thoracique est sur le point de céder, d'exploser. J'ai comme un phare planté dans le plexus qui irradie sa lumière au-delà des océans.
Nous portons en nous la mort autant que la vie, et ce , avec plus ou moins de talent, de courage, et d'inconscience aussi.
Nous étions hors du monde. Ces instants étaient pareils à un trait d'union, séparant et rassemblant ce qui fut et ce qui sera, sans que nous puissions rien y faire, sans même éprouver le désir qu'il en soit autrement.
A ce moment même où je vous écris, un nuage passe devant la lune et lui dessine un sourire.
A force de rien, on se contente de peu.
Chaque seconde m'est précieuse. Je m'applique à ce que chacune d'elles soit empreinte de joie, de quiétude, d'étonnement de vivre. Que chacune d'elles soit porteuse de couleurs chatoyantes. L'imagination et le rêve m'ont toujours permis de continuer d'avancer sur ce champ de bataille qu'est le monde.
Comment était la mer? Portait-elle sa robe d’automne, étincelant d’éclats vert et gris? Vous a-t-elle raconté ce qu’elle charriait au plus profond de ses abimes? Qu’a-t-elle déposé sur le sable? A vos pieds? Vous a-t-elle fait don de ses murmures enchantés qu’elle brasse la nuit au clair de lune?
La vie s'épuisait telle la flamme fragile d'une chandelle, mais l'espace de quelques instants, cette naissance avait été comme un point de lumière dans les ténèbres.
La vie devint rapidement pénible. Un voile ténébreux avait recouvert Berlin, tout le pays, l'humanité entière. Nous marchions sur une route pavée de bonnes intentions, sans savoir qu'elle avait été tracée par le Diable en personne.