Je ne suis ni top model ni miss Monde, je n’ai jamais fait la une des magazines et ce n’est pas demain la veille ! Surtout depuis que j’avais posé les pieds dans ce pays froid, humide et si… triste !
Changer de vie, plonger à corps perdu dans un nouveau quotidien loin, bien loin de mes petites habitudes parisiennes, pour reprendre pied. En acceptant cette invitation tant de fois refusée, mon seul et unique but était – si cela était possible – d’oublier,
d’oublier et de tenter de me reconstruire. Lentement, mais sûrement. Et seule.
J’avais l’impression qu’avec son physique de petite poupée fragile, tout le monde voulait la protéger.
C’est atroce comme on peut disparaître de la vie d’un être cher en un claquement de doigts.
– Ce qui doit être sera, dis-tu ? Pas la peine de précipiter les choses ? Laisser la vie faire son travail ?
Cet homme me procurait une sensation étrange que je ne pouvais m’expliquer. Entre l’agacement et l’attirance…
Je me souviens du premier jour où j’avais pris conscience du pouvoir de cette anatomie privilégiée sur les hommes – et les femmes ! J’avais à peine 12 ans et mon corps était passé de celui de petite fille sage à femme fatale en quelques semaines à peine. Le seul problème, c’était que ma tête, elle, était restée coincée au stade juvénile… J’ai vécu cette partie de ma vie comme un choc, un traumatisme certain. Et ce n’est pas ma mère – stricte, sèche, allergique à la communication et qui ne m’a jamais transmis aucun conseil, uniquement des reproches – qui allait m’aider à affronter cela.
Il avait rencontré quelqu’un, j’en étais sûre. Il avait rencontré LA femme. Celle qui allait nous séparer. Celle que j’attendais avec crainte, mais prémonition aussi.
Il avait cru m’aimer. Mais ce qu’il recherchait en moi était superficiel. Ce n’était pas moi qu’il aimait, mais cette enveloppe qui me sert de corps et qui le rendait fou de désir. Quant à moi, j’étais tout simplement incapable de l’aider à combattre ses fantômes.
J’avais oublié la sensation de chaleur et de bien-être que cela pouvait procurer. Cet homme était tout simplement impayable ! Au moins, il avait le mérite d’être franc et d’oser dire tout haut ce que trop de monde pensait hypocritement tout bas.