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4,15

sur 255 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Scénariste de renom outre Rhin, Annette Hess signe avec La maison allemande un premier roman original par l'angle qu'il donne au lecteur sur l'après-guerre en Allemagne. Il serait plus juste d'ailleurs de parler d' "après nazisme". Car c'est du procès de responsables nazis ayant sévi dans le camp d'Auschwitz-Birkenau dont il va être question dans ce roman. Eva, interprète en langue polonaise va se trouver sollicitée pour traduire le témoignage de rescapés du camp venus témoigner lors du procès.
Fille cadette d'un couple de restaurateurs allemands ordinaires, plutôt sympathiques, généreux et appréciés, exerçant leurs talents dans un restaurant populaire «deutsches haus », elle va par son activité d'interprète pendant le procès remonter le fil de sa propre mémoire.
De témoignage en témoignage, Eva va sortir de la léthargie et de l'indifférence ambiantes, se confronter aux réalités d'un passé tout proche, celui de sa propre famille et de tout un peuple…
Plusieurs personnages gravitent autour de l'héroïne qui chacun par touches juxtaposées incarnent un aspect de cette période post apocalyptique si complexe. le texte n'est pas exempt de défauts comme par exemple l'aspect inabouti de certaines relations ébauchées, qu'on aurait aimé voir davantage fouillées, ou encore la froideur du récit qui aurait souvent gagné à être plus investi émotionnellement…(Peut-être un style un peu trop scénaristique.)

Mais c'est un roman très intéressant et courageux qui offre au lecteur un point de vue sur le nazisme du quotidien ayant investi chaque strate de la société au point de la gangrener dans sa totalité.
*"Jamais ce “Reich” n'aurait pu fonctionner comme il l'a fait si la plupart des gens n'y avaient pas adhéré", dit un des personnages.
C'est aussi un regard acéré sur le déni de réalité, l'absence de culpabilité, la déshumanisation d'exécutants qui refusent d'assumer une once de responsabilité, quitte à nier le crime, et la lâcheté, la soumission par la terreur, donnant à voir sans fard l'infinie laideur humaine .
J'y ai vu une très bouleversante métaphore de l'actualité qui n'est pas sans rappeler certains aspects de cette sombre période. En tout cas, l'ambiguïté, la complicité du monde médical sous couvert de sciences pose question. Et la disparition des principes moraux en quelques injonctions autoritaires aussi!

Dans la quatrième partie du roman, la meilleure à mon avis, le travail d'investigation et d'enquête que font une partie des protagonistes de cette histoire sur les lieux du crime, c'est-à-dire à l'intérieur du camp d'extermination donne lieu à des passages poignants qui m'ont beaucoup touchée et dont j'ai trouvé le ton juste.
La fin du roman est particulièrement réussie. Les tensions sont à leur comble, les liens se distendent, les émotions se cristallisent jusqu'au dénouement.
Une très belle découverte.
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Annette Hess, la romancière, est née en 1967 à Hanovre est une scénariste pour des séries historiques. 

La Maison Allemande se déroule à Francfort en 1963 au moment du "second procès d'Auschwitz". A sa parution en Allemand en 2018, il a connu un grand succès et fut traduit dans de nombreuses langues. Dans une interview Annette Hess reconnait que la thématique d'Auschwitz est très populaire actuellement et qu'elle a fait bien  attention à ne pas tomber dans cette littérature d'Auschwitz faisant appel à un certain voyeurisme qu'elle qualifie de "kitsch". 

La Maison allemande est le nom du restaurant des parents de l'héroïne. Eva Bruhns est traductrice polonais-allemand, elle est amoureuse d'un riche commerçant qu'elle doit présenter à ses parent. C'est aussi une jeune fille naïve qui ignore tout du passé de sa famille quand elle est appelée comme interprète au procès qui va s'ouvrir. 

Son fiancé et sa famille ne sont pas favorables à l'engagement d'Eva comme interprète pour des raisons diverses : Jürgen, le fiancé, ne veut pas que sa femme travaille, même avant le mariage, il lui ordonne de renoncer à ce projet. Ses parents savent qu'elle risque de découvrir l'histoire sombre de la famille qui  a participé à l'Holocauste et n'en a rien raconté. D'ailleurs, selon l'auteure, en 1963, 70 % des Allemands s'opposaient à la tenue du Procès d'Auschwitz; préférant faire silence sur ce passé gênant.

Traduisant les témoignages, Eva prend conscience de l'horreur, des images lui reviennent, elle se trouvait, petite fille aux portes du camp.

Ce roman, tout en délicatesse, montre comment elle prend connaissance des faits que les accusés nient avec vigueur. Eva s'implique de plus en plus dans le procès et découvre ainsi une nouvelle volonté, une personnalité qui lui permet de s'affranchir de son avenir de femme au foyer soumise à son riche mari. de même, elle s'affirme en quittant la maison familiale pour mener une existence indépendante.

Difficile pour elle d'admettre que ses parents ont participé au "système" nazi, comme beaucoup de leur génération.
Lien : https://netsdevoyages.car.bl..
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Club de lecture thème Allemagne #3
Très bonne découverte que ce roman avalé en 48h. le lecteur suit le parcours d'Eva, jeune allemande, la vingtaine, traductrice allemande / polonaise qui est embauchée pour traduire les témoignages de Polonais lors du second procès d'Auschwitz en 1963.
Issue d'un milieu modeste mais confortable (parents restaurateurs, une grande soeur infirmière, un petit frère attachant), vivant au sein d'une famille aimante, la jeune femme est écartelée entre la modernité et l'envie d'une société d'aller de l'avant, et les faits historiques passés à régler. Face à l'incompréhension et la gêne de son entourage et notamment celle de son fiancé Jürgen, qui aspire à une vie tranquille (et une épouse docile), Eva s'émancipe progressivement en renouant avec le passé de son pays, marchant, sans le savoir, vers les zones troubles de sa famille.
Secrets de famille, faits historiques, syndrome de Munchausen par procuration, émancipation féminine dans les années 60 sont autant de sujets passionnants évoqués dans ce roman mené tambour battant.
Un très bon moment de lecture.
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Francfort 1963. l'ouverture du second procès d'Auschwitz va impacter de manière profonde la vie d'Eva et de sa famille.
Au travers des personnages finement décryptés, l auteure nous livre un roman puissant sur notre capacité au bien et au mal , ainsi que sur le pouvoir du pardon. Je l ai lu d'une traite .
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Un petit bijou littéraire. L'auteure raconte le procès des bourreaux d'Auschwitz, de ceux qui étaient passé entre les gouttes, qui pendant près de vingt ans avaient retrouvé leur vie, comme si rien ne s‘était passé, comme si rien n'était grave, comme si le déni national était la seule voie possible lorsque l'horreur a été conduite à son paroxysme. Annette Hess est une formidable conteuse. Avec son héroïne, Eva, elle prend le lecteur par la main dans cette progressive prise de conscience de ce que fut la barbarie. Elle raconte les plaies indélébiles qu'elle a laissée chez certains, la culpabilité de ceux qui en ont réchappé et même la souffrance intolérable ressentie par ceux qui n'y ont pas été confrontés mais qui auraient pu l'être. Elle raconte la ténacité de ces procureurs qui ont compris que le peuple allemand devait être confronté à son passé et qu'il ne pouvait être question d'abolir la notion même de responsabilité. Tout le roman est peuplé par l'intimité douloureuse et muette portée en eux par chacun des personnages. Ce poids muet et paralysant qui interdit d'accéder au bonheur, qui compromet la rédemption, qui annihile la résilience. Ouvrir les yeux, sur soi-même et sur les autres. Ouvrir les yeux sur le passé, sur l'histoire, sur les mensonges silencieux de tout un peuple et de ceux qui sans être acteurs savaient et se sont tus. C'est cela que découvre Eva. Finalement, elle condamne autant la barbarie que le silence qu'elle a engendré. le procès et son parcours singulier se confondent dans un cheminement identique : demain n'est possible que si hier est connu. Voilà le beau parcours d'Eva, voilà le beau propos du roman. le chemin tortueux vers la lucidité, la rupture des amarres avec l'innocence de l'enfance, avec l'évidence de l'amour pour les siens. Ouvrir les yeux pour pouvoir aimer vraiment. Enfin.
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Francfort, 1963. Eva Bruhns a 25 ans. Elle habite chez ses parents, propriétaires du restaurant Deutsches Haus -la Maison allemande- et travaille comme traductrice du polonais pour des entreprises (traduction de contrats, de modes d'emploi...) en attendant que son petit ami, Jürgen, se décide à la demander en mariage. Jürgen est le fils et l'héritier d'un chef d'entreprise prospère et il est bien entendu avec lui que sa femme ne doit pas travailler. Eva se satisfait de l'idée d'être bientôt "dirigée" par son mari quand on lui demande d'assurer la traduction des dépositions des témoins polonais au "second procès d'Auschwitz" qui va s'ouvrir à Francfort. A ce procès ont été jugé des Allemands qui avaient participé au fonctionnement du camp d'Auschwitz. Cette expérience va être un bouleversement complet pour Eva. D'abord elle s'oppose à ses parents et à son fiancé qui pensent soit qu'il ne faut pas remuer le passé soit que ce n'est pas sa place. Ensuite elle découvre le crime de génocide dont elle n'avait aucune idée et commence à se poser des questions sur ce qu'ont fait ses parents pendant la guerre.

En s'appuyant sur les archives de ce procès historique Annette Hess présente les très grandes violences qui se sont déroulées dans le camp d'Auschwitz. Son sujet est aussi le retour de la mémoire. Si beaucoup, avant le procès, disent comme les parents d'Eva qu'il ne sert à rien de remuer le passé, l'affluence aux audiences (on dut refuser du monde) montre l'intérêt du public pour la question. Dans les années 1960 toute une génération née juste avant ou pendant la seconde guerre mondiale s'est interrogée sur la façon dont ses parents avaient pu tremper dans les crimes du régime nazi.

Je suis choquée par ce que je découvre du comportement des accusés durant le procès. Non seulement ils nient tout mais ils se moquent ouvertement des témoins : ils ricanent entre eux, un prévenu lit le journal durant une déposition. Annette Hess salue en fin d'ouvrage le grand courage qu'il a fallu aux survivants pour déposer dans ces conditions.

J'ai apprécié la lecture de ce roman qui décrit aussi l'affirmation d'une jeune femme. L'écriture est très vivante avec de nombreux personnages secondaires qui ont eux-mêmes leurs histoires. Annette Hess est scénariste de séries télévisées. J'avais apprécié sur Arte Berlin 56 et Berlin 59 où est aussi abordée la question de la complicité des Allemands à la shoah.
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
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Roman paru l'an dernier chez Actes Sud, « La Maison allemande » nous emmène à Francfort au début des années 60. La jeune Eva est traductrice et vit simplement avec sa soeur infirmière, son jeune frère et ses parents, propriétaires et restaurateurs de la « Deutsches Haus ». Elle s'apprête à se fiancer à un riche héritier de la ville quand on lui demande de travailler à un procès en tant que traductrice : elle devra retranscrire du polonais les témoignages de survivants d'Auschwitz à ce procès où vont comparaitre des dignitaires nazis. Ce procès va changer sa vie : partagée entre une société qui n'aspire qu'à oublier et à laisser le passé là où il est et sa conscience et des souvenirs flous qui la poussent à chercher la vérité, c'est une Eva métamorphosée qui va se révéler.

C'est un très beau roman qui nous montre à travers le cheminement d'Eva le travail que le peuple allemand, entre autres, a été amené à faire. Les parents et le fiancé d'Eva par exemple s'opposent fortement à son implication dans le procès. Mais une partie de la société, qui est symbolisée par Eva, a eu besoin de se confronter aux témoignages des rescapés, aux preuves de la barbarie, aux barbares eux-mêmes. Ce sera un parcours douloureux, à l'instar de celui de la jeune héroïne, qui verra des souvenirs profondément enfouis ressurgir brutalement. Ce sera un parcours nécessaire, pour devenir adulte.

Vous l'aurez deviné, j'ai apprécié énormément cette lecture, conseillée par mes bibliothécaires préférés (maman et papa 😉), le personnage d'Eva est vraiment très riche, courageux malgré ses failles. le seul bémol peut être pour deux personnages que je ne suis pas arrivée à comprendre : celui de la soeur d'Eva et celui de David, l'assistant canadien, mais cela n'a pas terni ma lecture. Je ne peux en dire plus sans risquer d'en dire trop, donc bonne lecture !
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Le parcours captivant d'une jeune Allemande qui, par le biais de son métier d'interprète, va découvrir les horreurs de la Seconde guerre mondiale et l'implication à divers degrés de son propre entourage. Et aussi être confrontée au déni et au silence honteux des acteurs de l'époque.
J'ai trouvé la fin décevante car en contradiction avec l'image de la femme qui revendique son indépendance.
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Intéressante émancipation sociale, politique et humaine d'une femme par le travail (interprète polonais-allemand au « 2e procès d'Auschwitz » en 1963), contre l'avis de ses proches parents et fiancé. Personnages crédibles, sauf peut-être la soeur, dont les excès représentent peut-être cette période, une histoire bien construite qui documente le refus de mémoire de l'Allemagne d'après-guerre.
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« La maison allemande » s'attache par la voie romanesque à traiter le traumatisme de la Seconde guerre et ses conséquences dans la population allemande.
Eva, fille d'un patron de restaurant de Francfort-sur-le Main, est recrutée comme traductrice au « second procès d'Auschwitz » alors qu'elle se fiance à l'héritier d'une fortune locale.
Dans un balancier constant entre l'intime et l'actualité du siècle, l'autrice glisse insensiblement de la bluette à une oeuvre plus ambitieuse qui embrasse la difficulté d'un peuple à accepter son passé encore trop brûlant, les aspirations d'émancipation d'une toute jeune femme et la plaie béante des victimes de Shoah qu'aucun procès ne saurait panser.
La complexité du propos se met en place touche par touche, pour finir par composer une oeuvre profonde et marquante.
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