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Critique de andman


Lorsqu'il commence l'écriture de “Demian” en 1917, Hermann Hesse est un quarantenaire perturbé.

Résident suisse depuis une décennie, ses positions modérées voire pacifiques l'entraînent au début de la guerre dans des polémiques traumatisantes avec les intellectuels allemands jusqu'au-boutistes. Dans le même temps, de lourds problèmes familiaux achèvent de le déstabiliser au point de l'obliger à suivre une psychothérapie au cours de laquelle il fait la connaissance de Carl Gustav Jung.
Il y a tout lieu de croire que les échanges avec ce psychiatre de renom passionné de psychologie analytique (*) ont été, pour Hermann Hesse, source d'inspiration quant au thème de ce court roman finalement publié en 1919.

Le lecteur fait la connaissance d'un jeune garçon, Émile Sinclair, qui au sortir de l'enfance prend pleinement conscience de la dualité du monde qui l'entoure : d'un côté le cocon rassurant d'une famille aimante et attentionnée, de l'autre une société bigarrée, faite de choses monstrueuses, attirantes et énigmatiques.

Par craintes de réprimandes parentales, Émile subit la tyrannie de Kromer, un vaurien qui exerce sur lui un affreux chantage et l'oblige à commettre de menus larcins.
Sa rencontre avec Max Demian, un nouveau camarade de classe à la personnalité mystérieuse, le délivre du joug de Kromer et sert de catalyseur à l'émergence de ses doutes, de son esprit critique, de son besoins de connaissances des choses de la vie.
S'il est un message que le jeune Sinclair retient de ses longues conversations avec son ami Max Demian c'est bien la nécessité de se forger au plus vite un caractère différent de la multitude moutonnière, dût-il pour cela passer par une phase de mépris à l'égard de lui-même et du monde.

Un changement d'établissement scolaire, loin du domicile familial, va bientôt le priver de son confident. C'est une vie de solitaire mélancolique que s'impose alors Émile, une vie parsemée de beuveries, une vie où l'absence de conquêtes amoureuses ne laisse pas de surprendre...
Ses lectures passionnées de Novalis et de Nietzche ainsi que d'étonnantes rencontres nocturnes lui permettent néanmoins d'avancer lentement sur le chemin qui le conduit à lui-même, de laisser peu à peu son propre monde intérieur s'exprimer.

Devenu jeune adulte, Émile retrouve avec bonheur Max Demian ainsi que la mère de celui-ci, une femme sans âge dont la beauté le fascine.
Au contact de ces deux êtres d'exception, Emile Sinclair parviendra-t-il enfin à assumer ses choix de vie particuliers, à affirmer sans détour sa vraie personnalité ?

Tel un grand vin que l'on sirote à petites gorgées, la prose limpide d'Hermann Hesse, à la ponctuation particulièrement soignée, se déguste sans précipitation.
On aimerait bien sûr recommander “Demian” aux plus jeunes d'entre nous, il y a tant d'idées fortes à découvrir au sein de ce roman initiatique.
Les moins jeunes se consoleront de cette découverte tardive en lisant les nombreux passages où magie, onirisme et spiritualité se chevauchent et se réjouiront au final d'avoir passé un moment passionnant avec ce Nobel de littérature si controversé de son vivant.





(*) Voir la critique “Ma vie” de C. G. Jung (ISBN 978-2-07-038407-5)
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